Dans le cadre de l’assemblée générale du BIVB, le 16 décembre dernier dans les murs du château du Clos de Vougeot, l’importance grandissante des ventes de vins par Internet (web, mail, réseaux sociaux, etc.) - rassemblées sous le terme e-commerce - a été mise en avant.

De belles promesses

Directeur du développement au sein du groupe Xerfi, Jérémy Robiolle était invité à faire le point sur le e-commerce en général et sur le marché du vin en particulier. L’occasion non seulement d’analyser le marché et d’évoquer les perspectives mais aussi d’évaluer l’impact de la crise liée au Covid-19, de présenter le paysage concurrentiel et d’envisager les principaux mouvements stratégiques.

Parmi les principaux circuits de distribution off-trade du vin, la grande distribution demeure en position de tête avec 85 % des parts de marché. Quant au e-commerce, au niveau du vin, ce marché pesait 400 millions d'€ en 2019, soit 5,5 % du marché total en valeur estimé à 8,7 milliards d'€. Avec, côté parts de marché numériques, 38 % en grande distribution (drive, livraisons), 30 % pour les pure-player du e-commerce du vin, 14 % via les ventes privées, 9 % sur les sites généralistes, 6 % par l’intermédiaire des box et autres acteurs atypiques ou encore 3 % chez les cavistes, à la peine donc.

L’économie souffre mais pas le e-commerce

L’actuelle crise a et aura un impact sur l’ensemble de l’économie. Xerfi prévoit une baisse du PIB (produit intérieur brut) de 10 % en 2020 suivie, au mieux, d’une hausse de 7 % en 2021. Une économie qui souffre du phénomène "stop and go" (arrêt-reprise) lié à l'épidémie et les confinements ou couvre-feux. En conséquence, le pouvoir d’achat va être amputé de plus de 2 % en 2020. Seul le ralentissement de l’inflation donnera un peu d’oxygène aux ménages. En corollaire, la consommation des ménages en vins aura chuté d’environ 4 % en valeur en 2020 pour tomber à 8,3 Md€. Par contre, le e-commerce BtoC (professionnels vers particuliers) a continué de progresser à un rythme soutenu en 2020, pour atteindre les 110 Md€ de chiffre d’affaires.

Néanmoins, il faut avoir conscience que le poids du e-commerce est très variable d’un secteur économique à l’autre : 26 % pour les produits high Tech, 20 % pour l’électroménager, pour les jeux et les jouets, 19 % pour les produits culturels physiques neufs, 18 % pour les meubles et la décoration, 16 % pour les articles de mode ou encore 12 % pour les articles de sport et les chaussures. Le confinement a eu un effet "booster" (amplificateur) pour le e-commerce. Ainsi, les ventes de vin par Internet ont approché les 600 M€ en 2020 (contre 481 M€ en 2019), soit un marché multiplié par six par rapport à 2012 ! En outre, il y a une croissance plus rapide du e-commerce de vin par rapport au e-commerce en général. Ce marché est estimé à plus de 760 M€ d’ici trois ans. Grâce à leur trafic, les sites généralistes trustent les premières places du marché à l’image de Veepee, Leclercdrive et Cdiscount. Par contre, c'est bien le site spécialisé de Lidl qui a affiché la plus forte progression parmi les sites cavistes, ventes privées et GMS. Preuve peut-être que le e-commerce ne concerne plus uniquement que les bouteilles à forte valeur...