Vœux du Département et de la Préfecture

Une nouvelle année charnière

L’atrium du Département affichait complet. Il faut dire que des rumeurs annonçaient la présence de la ministre déléguée chargée des personnes handicapées. D'où un protocole réglé au cordeau. Patatras ! Remaniement ministériel ! Avec l’annonce le soir même de la démission de la première Ministre, Elisabeth Borne ! Le lendemain, elle était remplacée par Gabriel Attal, plus jeune politicien français à occuper ce poste dans la Ve République.

La cérémonie des vœux s'est donc déroulée sans ministre, mais devant de nombreuses et nombreux élus, chefs et cheffes d'administrations déconcentrées, forces de l'ordre et de sécurité, chefs d'établissements scolaires, présidents de chambres consulaires, chefs d’entreprises, etc.  Ce que l’on nomme les « corps constitués ».

Dans son discours, le président du Département, André Accary a tout d’abord rappelé le contexte général : sortie de Covid laissant encore des traces sur l’économie, guerre en Ukraine et maintenant à Gaza, sans oublier les élections occidentales, en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique. L’ensemble des élus présent sait que ce « contexte international aura indéniablement des répercussions » « pour la vie des Français » mais aussi « pour nos collectivités locales ». Il prenait l’exemple du Département qui fait face à « l’augmentation des dépenses dans de nombreux domaines altérant nos budgets et nos marges de manœuvre », ne cachait-il pas. Mais André Accary n’est pas du genre à céder au « fatalisme » et préférait au contraire se remonter les manches pour continuer ses « actions » avec « volontarisme », redonnait-il le sourire aux 800 convives du soir.

Bouclier tarifaire en Ehpad

Il fixait donc trois axes prioritaires en 2024 : la solidarité, la qualité de vie, et l'attractivité. Au titre de la solidarité, le Département a pris une mesure forte concernant les personnes âgées. Ne pouvant que constater la hausse des prix de journée des Ehpad, André Accary annonçait « instaurer un bouclier tarifaire face à l’augmentation des tarifs d’Ehpad pour l’année 2024. Ainsi, le Département prendra en charge le tiers de l’augmentation des tarifs des 6.073 places, pour lesquelles il est l’autorité de tarification », soit une enveloppe dédiée de près de 2,5 millions d’euros. « C’est un engagement fort qui, je l’espère, permettra aux familles concernées de faire face à une situation qui devient intenable ». La santé – physique ou morale, des malades comme des proches – est en effet une priorité du Département qui poursuit ses recrutements de médecins dans les Centres départementaux de santé. À ce jour, 35.000 Saône-et-Loiriens ont ainsi retrouvé un médecin traitant depuis leur création.

Deuxième grand axe pour 2024, la qualité de vie qui repose sur un cadre de vie agréable, des logements abordables, des services de proximité, des infrastructures de qualité et enfin, un environnement associatif dynamique (sportif, culturel…).  Le Département a donc décidé d’encourager les initiatives des communes, vie des appels à projets annuels simplifiés. Les maires ont déposé plus de 400 dossiers déjà. 2024 s’annonce donc comme un « bon cru » alors que le Département mobilise une enveloppe de 11 millions d’€. Les enjeux environnementaux sont également subventionnables, permettant de financer également très largement : habitat, l’eau, le vélo… la transition écologique comme l’entend le Département.

L’attractivité, une question démographique ?

Enfin, André Accary soulevait la question démographique, « essentiel pour nos services publics, pour nos écoles, collèges, pour la vie de villes et de nos villages ». Si la Bourgogne-Franche-Comté continue de perdre des habitants en moyenne, avec un vieillissement accéléré donc, André Accary rappelait qu’il faut nuancer ce constat pour la Sâone-et-Loire. Le « solde migratoire » est positif ces dernières années avec plus d’arrivées que de départs. Malheureusement, ces arrivées ne compensent pas assez vites le nombre de décès enregistrés. « L’attractivité de notre département est vitale », insistait André Accary. Il listait les événements importants de l’année 2024 (Tour de France, JO, Congrès des sapeurs pompiers, Route71…) et le budget dédié de 172 M€ (sur un budget total de 775 M€).

Le préfet de Saône-et-Loire, Yves Séguy revenait très rapidement dans son discours sur la question démographique sous un autre angle, celui de l’emploi. 19.000 demandeurs d’emploi sont recensés dans le Département, ce qui est beaucoup et peu à la fois, se rapprochant de la notion administrative du plein emploi. Reste que nombre d’employeurs et chefs d’entreprises connaissent de grosses difficultés de recrutement de personnels, pouvant même « limiter » l’activité économique. C’est le cas de longue date en agriculture et en viticulture, au fil de l’année ou des pics saisonniers, et c’est pourquoi le patronat s’est regroupé pour les Journées du patrimoine économique, dont celui agricole et viticole, pour être plus visible et attirer les candidats.

Le préalable indispensable à toute « souveraineté alimentaire, énergétique… », appelait-il de ses vœux.  Il rappelait la suite du plan France Relance qui se poursuit aujourd’hui avec le plan France 2030. Un autre paysage politique pourrait se dessiner en Europe d’ici là, lui qui appelait « à une mobilisation citoyenne » pour les élections Européennes. Sans faire de politique, il annonçait cependant un événement le 4 septembre prochain à Sennecey-le-Grand pour célébrer les 80 ans de « la libération de notre pays », envoyant une forme d’indication subliminale quelque part.