La commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat a auditionné fin janvier, la présidente de l’Association nationale des élus de la montagne (ANEM) et le directeur de l’Office français de la biodiversité (OFB). Le loup était sur toutes les lèvres.

EXCLU WEB / Montagne : le loup fait toujours débat

Les sénateurs auraient dû débattre des enjeux économiques et environnementaux des territoires de montagne. Il a surtout été question de prédation, en particulier du loup « que l’on voit apparaître dans les Pyrénées, à côté de l’ours », s’est émue Jeannine Dubié, présidente de l’ANEM. Comme nombre de sénateurs présents, elle a défendu le pastoralisme et le traumatisme vécu par nombre d’éleveurs qui « voient dix ans de génétique finir au fond du ravin. Ça, les indemnisations n’en tiennent pas compte », a-t-elle lancé. Elle demande que l’État s’investisse dans la prise en charge du volet psychologique « car on mesure mal l’impact sur la santé et sur la famille », a-t-elle insisté. Le sénateur Jean Bacci (LR, Var) a d’autant plus acquiescé qu’il est venu en aide à une éleveuse « dont le troupeau a été attaqué 19 fois pendant l’été. Elle était au bord du gouffre. Elle ne savait plus comment faire », a-t-il témoigné.

La peur a changé de camp

Les débats se sont également concentrés sur le système de comptage des loups. « Le terme de comptage est un malentendu », a soutenu Loïc Obled, directeur général de l’OFB. Il préfère parler « d’études de probabilité » sur la fois des indices recueillis sur le terrain : photos, crottes, poils, etc. Il a toutefois reconnu qu’il y avait « 107 meutes en France et environ 620 loups… au dernier comptage », a-t-il précisé. « C’est largement plus que l’objectif des 500 loups prévus dans le Plan national d’action 2018-2023 », a rétorqué le sénateur Cyril Pellevat (LR, Haute-Savoie) qui s’est emporté contre les associations « qui effacent sciemment les traces du loup ». Ce que n’a pas nié le directeur de l’OFB, avouant avoir connaissance de tels agissements.

À l’instar de la présidente de l’ANEM, Cyril Pellevat souhaite changer le statut du loup dans la directive habitats faune flore qui date de 1992 et le rétrograder dans la catégorie des espèces non plus menacées mais simplement protégées. Ce qui sous-entend une augmentation de la régulation et des prélèvements mais aussi l’autorisation des tirs de défense, comme la Corrèze l’a récemment acté (25 janvier). Car les meutes se multiplient « et pas seulement dans le couple Alpha », a souligné Jean Bacci. « À ce rythme, dans 10-15 ans, il y aura des meutes sur l’ensemble du territoire », a prédit la sénatrice Kristina Pluchet (LR, Eure).

De l’avis de nombreux sénateurs, la peur semble aujourd’hui avoir changé de camp : « le loup n’est plus chassé. Il n’a donc plus peur de l’homme. Lors d’une randonnée en VTT, j’ai croisé un loup. C’est moi qui ai rebroussé chemin », a témoigné Jean Bacci.