Stratégie européenne Farm to Fork
Les éleveurs veulent une étude globale

Les débats se poursuivent à Bruxelles, notamment au Parlement européen, sur les conséquences de la stratégie "Farm to Fork" (F2F).

Les éleveurs veulent une étude globale

Pour réduire les gaz à effet de serre et protéger l’environnement, la stratégie Farm to Fork préconise de réduire les intrants chimiques, de développer la Bio et de consacrer une partie des terres cultivées à la biodiversité. Le rassemblement européen des filières de l’élevage et de la viande, European Livestock Voice, organisait récemment une table ronde sur les instruments à mettre en place pour atteindre ces objectifs. L’enjeu étant de trouver un équilibre entre une agriculture durable et le maintien d’une production agricole suffisante.

Plaisir et traditions

Pour le parlementaire européen Herbert Dorfmann (Italie), « la stratégie F2F se préoccupe de la durabilité mais ne prend pas assez en compte la sécurité alimentaire. Il ne faut pas réduire la production et renoncer aux exportations. Nous avons besoin de plus de technologies, de formation et d’investissements ». Une déclaration qui s’appuie sur des études portant sur les conséquences de la stratégie F2F sur l’agriculture européenne : baisses des rendements, augmentation des prix, chute des revenus, dégradation de la balance commerciale… Son collègue Thomas Waitz (Autriche-Verts) ne partage pas cette analyse. Pour lui, les conséquences sur le long terme seront bénéfiques. « L’abandon des engrais et des pesticides chimiques permettra de restaurer les sols et aussi de protéger la santé des agriculteurs », a-t-il déclaré. Surtout, il mise sur un changement des habitudes alimentaires, une baisse de la consommation de viande « qui permettrait de produire des plantes pour les humains, et non pour le bétail ». La réponse d’Herbert Dorfmann a été cinglante : « On ne nourrit pas les gens comme des animaux, avec seulement des calories. Il y a aussi le plaisir et les traditions ».

Sol ou biodiversité ?

Diana Lenzi, présidente du Conseil européen des jeunes agriculteurs (Ceja), a rappelé que les paysans sont en première ligne du changement climatique et qu’ils attendent des solutions concrètes pour mettre en œuvre de nouvelles pratiques. « Comment améliorer la santé des plantes quand on attend encore une nouvelle législation concernant les techniques génomiques ? », a-t-elle interrogé avant d’appeler à une étude d’impact globale de la stratégie F2F. Alors que les associations environnementales estiment qu’une étude sur les différents objectifs de la stratégie F2F est suffisante, la profession agricole réclame, elle, une étude d’impact globale, arguant du fait que tous ces éléments ont des effets cumulatifs. Les cinq études réalisées à ce jour ne prennent en compte que des aspects restreints de F2F. C’est ce qu’a précisé le bourguignon Jean-Pierre Fleury, président du groupe travail élevage bovin au Copa-Cogeca. Dans une lettre ouverte, il explique pourquoi une étude globale est nécessaire : « Des objectifs politiques ont été fixés, sans que l’on en explique les fondements ni que l’on en envisage les conséquences. Certains députés (du Parlement européen) ont souligné à juste titre que la question des changements de régime alimentaire ou de la lutte contre le gaspillage devait être prise en compte… J’aimerais que cet argument soit appliqué à tous les objectifs qui s’accumulent dans le Green Deal, qu’il s’agisse des stratégies méthane, sol ou biodiversité ».