Gabsel
Vers une « démarche de progrès »

Françoise Thomas
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L’assemblée générale du groupement des agriculteurs bio de Saône-et-Loire, le Gabsel, s’est tenue le jeudi 3 février à Rosey. Si le retour fort apprécié à la convivialité a été souligné, cette réunion a surtout été l’occasion de présenter les évolutions à venir du label bio.

Vers une « démarche de progrès »

À l’heure de la multiplication des labels qualité, de la prise de conscience des circuits-courts et des productions locales, et en perspective de la future Pac présentée comme « plus verte », les agriculteurs bio au niveau national souhaitent réaffirmer la plus-value de leur label. Pour cela, va tout prochainement être mise en place une nouvelle labellisation « pour incarner et valoriser une bio plus exigeante, a soutenu Olivier Devêvre, et viser le maintien et le développement du patrimoine environnemental ». Mais « il n’y a rien d’imposé », a poursuivi le président du Gabsel, ce label s’adressant « aux adhérents qui veulent aller plus loin, vers des changements de pratique », ceux qui souhaitent s’engager « dans une démarche de progrès » …

Valoriser les pratiques vertueuses

Maxime Haran, conseiller filière à la Fédération régionale de l’agriculture biologique, est venu donner un maximum d’éléments sur cette « bio différenciante ». S’il reste encore des éléments à peaufiner, le principe de ce nouveau label tournera autour « de différentes briques », biodiversité, climat, bien-être animal, social, appliquées au niveau des fermes, ainsi qu’autour d’une brique équitable dont l’application des critères concerneront plus cette fois l’ensemble de la filière.

Cette partie équitable veillera par exemple à la mise en place de « relations équilibrées au sein des filières » et d’un principe de contractualisation, permettant de garantir « un prix juste fondé sur les coûts de production ».

La brique sociale va permettre la mise en place de tout un ensemble de neuf critères veillant tout autant à la recherche d’une juste rémunération qu’à l’amélioration des conditions de travail pour l’agriculteur et pour ses salariés le cas échéant.

« Il faut bien évidemment veiller à la contrôlabilité de ces critères, poursuit Maxime Haran, nous travaillons pour cela avec Écocert ».

Si ce label « est évolutif et encore en cours de construction », la mise en place va débuter dès cette année. « L’objectif est d’avoir une dizaine de fermes certifiées par région, pour atteindre 3.000 fermes d’ici cinq ans », a annoncé le conseiller bio régional.

 

 

Les installations toujours dynamiques

Au niveau national, la fédération de l’agriculture biologique regroupe environ 10.000 adhérents répartis en 90 groupements régionaux et départementaux.
Au niveau départemental, « la dynamique de conversion reste forte », puisqu’au 31 décembre 2021, il se dénombre 566 fermes bio, contre 491 un an auparavant. Cela représente 21.500 ha (ceux des fermes en conversion compris), soit 4 % de la SAU départementale. Les représentants du Gabsel ont reconnu un léger tassement au niveau des conversions en polyculture-élevage, expliqué entre autres par « l’augmentation des prix en conventionnel » gommant toujours un peu plus la différence avec ce qui est pratiqué en bio, mais aussi par les incertitudes, voire inquiétudes, suscitées par la future Pac. Mais en viticulture et en maraîchage principalement, le département reste dans la dynamique constatée ces dernières années. Dix-huit arrêts de ferme ont été enregistrés en 2021, mais essentiellement dû « à des changements de structure et de statut », a expliqué Aline Vue, l’animatrice du Gabsel, « nous en saurons plus, de toute façon, d’ici l’été, lorsque l’observatoire régional de la bio publiera ses chiffres », a-t-elle cependant précisé.

Filières par filières

Un tour d’horizon filières par filières a été proposé pour faire le point sur les actions réalisées et à venir du Gabsel. Pour la viticulture, il est intéressant de retenir les différentes journées démonstrations ou formations concernant des essais autour des alternatives au produit phytosanitaire (dont des essais avec du petit-lait ou de la prêle) ainsi que l’arrivée en mars prochain, d’une conseillère viticulture basée à Cluny.

En maraîchage, on notera le déploiement d’Orgaleg, le logiciel de pilotage de la production de légumes et de la fertilisation développé depuis 2013 en Bretagne.

En polyculture élevage, la filière se penche toujours sur la faisabilité et la mise en place du veau rosé, du porc bio, de la valorisation de la viande de chevreau.

En grandes cultures, l’étude de faisabilité s’intéressera notamment à la culture du chanvre. « Une plante bio par essence », l’a présentée Olivier Devêvre : pas de maladie donc ne requérant aucun traitement, structurant les sols, favorisant la biodiversité, représentant une tête de rotation intéressante et dont la graine et la paille sont valorisables… Si le chanvre « est agronomiquement intéressant », il nécessite cependant un équipement spécifique et surtout la mise en place de toute une filière locale. Mais le président du Gabsel ne semble pas à court d’arguments pour pousser à la réflexion sur la faisabilité et la pertinence de cette culture.