Fédération nationale bovine
La nécessité de pérenniser l’élevage français

« Maintenir notre système d’élevage, à l’herbe et familial ». Tel a été, en substance, le fil rouge qui a guidé les nombreux échanges lors du congrès de la Fédération nationale bovine (FNB) qui s’est déroulé les 1er et 2 février à Metz. Un objectif qui nécessite selon les intervenants de la « cohérence » dans les politiques publiques.

Conserver le système allaitant français est l’un des grands défis de l’agriculture. En effet, les éleveurs de plus de 55 ans détiennent actuellement près de la moitié (46 %) du troupeau allaitant. La profession a perdu près de 500 000 vaches en six ans, 300 000 de plus si l’on tient compte des vaches laitières. Le maintien des élevages devra nécessairement passer par l’enrayement de la décapitalisation, le renouvellement des générations, un élargissement de la contractualisation, une meilleure rémunération, le respect de la loi Égalim 2 et la fixation du prix en marche avant, ont plaidé les différents intervenants du congrès de la Fédération nationale bovine (FNB).

« Amalgame insoutenable »

L’avenir de l’élevage français et européen passe aussi par la mise en œuvre d’une « plus grande cohérence dans les politiques publiques » qu’elles soient élaborées à Paris ou à Bruxelles, a notamment expliqué le président de la FNB, Bruno Dufayet. À ce titre, il a fustigé la directive relative aux émissions industrielles (directive IED) qui prévoit un permis d’exploiter pour toutes les exploitations agricoles détenant plus de 150 unités de gros bovins (UGB) au motif qu’elles s’apparentaient à des sites industriels. « Mais dans le même temps, l’Europe n’a aucun scrupule à importer des animaux issus des feed-lots », a remarqué Bruno Dufayet. Pour Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, il faut mettre un terme à « cet amalgame idéologique insoutenable ». Un avis partagé par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui a affirmé que cette directive « est un non-sens » et qu’elle peut « générer des effets pervers comme pousser au gigantisme des exploitations ». Patrice Faucon, vice-président de la FNB, a demandé pour sa part une plus grande cohérence dans la définition de la durabilité « car elle diffère selon les ministères ».

Accord avec le Mercosur

Cependant cette mise en cohérence est aussi tributaire des accords de libre-échange (ALE) « qui sont préjudiciables à l’élevage français », a déclaré la présidente de la FNSEA, très remontée contre les déclarations du Chancelier allemand, Olaf Scholz. En visite en Amérique du Sud, il a poussé l’Union européenne à signer « rapidement » l’ALE avec le Mercosur. « Il faut poursuivre le chantier des mesures et des clauses miroirs et mettre le tout en cohérence avec Farm to Fork », a-t-elle plaidé. Sur ce sujet, le ministère de l’Agriculture a réaffirmé qu’il « n’est pas question de signer cet accord en l’état », précisant que « ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’accord un jour avec le Mercosur ». Pour la FNB, il n’est bien sûr pas question de s’opposer aux accords commerciaux internationaux. « Cependant, les échanges doivent être loyaux (…) La France doit continuer à porter la réciprocité des normes, c’est cette condition qui rendra un accord acceptable par notre profession », a soutenu Bruno Dufayet.

Christophe Soulard

Observation indicielle : encore du chemin à faire

L’observation indicielle (par satellite) reste une pierre d’achoppement entre la FNB et le ministère de l’Agriculture. « Il existe une trop grande distorsion entre ce que les indices relevés par le satellite et la réalité du terrain », a expliqué Bruno Dufayet, président de la FNB. Patrick Bénézit, vice-président de la FNB, avait cité peu avant l’exemple de cet agriculteur dans la Nièvre qui avait accusé 45 % de pertes de fourrages quand l’indice lui donnait une croissance d’herbe de +10 %. Les éleveurs « qui ont perdu confiance dans ce système », selon les termes de Bruno Dufayet, demandent de revoir le paramétrage des satellites et de pouvoir former un recours avec des fermes de référence. « On y travaille », a répondu le ministre de l’Agriculture qui a affirmé que « la base restera l’indiciel ».