GIE Synergie Charolais
La station de Jalogny se projette dans le futur

Marc Labille
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A la veille de la prochaine vente de la station de Jalogny, le GIE Synergie Charolais se projette d’ores et déjà dans le futur.  Ce bel outil au service de la génétique et des éleveurs devra se trouver un nouveau modèle économique. L’innovation en sera une des clés avec toujours cette vertu de mieux diffuser le progrès génétique. 

La station de Jalogny se projette dans le futur
86 veaux sont entrés à la station de Jalogny le 27 septembre pour subir un protocole de 84 jours venant de s’achever par une pelvimétrie, un parage, une spermatogenèse.

Alors que la prochaine vente aux enchères des veaux de la station de Jalogny aura lieu le vendredi 17 février prochain à Charolles, le GIE Synergie Charolais a procédé à ses derniers réglages dans les locaux de la station charolaise. Cette réunion a aussi donné lieu à l’assemblée générale du GIE qui réunit tous les partenaires de la génétique en Saône-et-Loire. Ce fut l’occasion de revenir sur la saison passée qui s’est achevée par une très belle vente avec plus de 80 % de veaux commercialisés et un prix moyen de 3.581 €. 22 animaux avaient été exportés à l’étranger (Slovénie, République Tchèque, Hongrie). « Après une saison 2020-2021 fortement perturbée par le Covid-19, le public était de retour et nos clients étrangers aussi. Cela a eu un effet sur la moyenne des prix avec 7 ou 8 veaux à plus de 5.000 € », commentait le président Didier Giraud qui citait aussi la montée en puissance de la vente en ligne, adaptation héritée de la crise du Covid et qui « permet aujourd’hui de vendre partout en Europe ». La vente de 2022 avait aussi été marquée par une revalorisation de la mise à prix de + 200 € soit 2.700 €. Cette hausse justifiée s’est retrouvée sur la moyenne des prix, observe Didier Giraud.

Ces bons résultats de vente n’empêchent le GIE de questionner l’avenir. « Les subventions ont une importance capitale pour le GIE », rappelait le président. « Le modèle station dans sa globalité est coûteux. Toutes les stations charolaises y sont confrontées du fait de la lourdeur du protocole national d’évaluation », ajoutait Benoit Lamarre, vice-président du GIE. La question est en débat à la fédération nationale des stations charolaises. Avec parfois des interrogations techniques, comme sur la pelvimétrie dont la fiabilité annoncée se révèle finalement bien décevante…

Vers un nouveau modèle économique

« Il nous faut re-créer un autre modèle pour ré-équilibrer les comptes », estime Didier Giraud qui rappelle que la station de Jalogny tient pour l’heure à la générosité de ses financeurs et à la bonne volonté de ses bénévoles. L’avenir de la station d’évaluation est clairement posé alors que « le GIE avait été créé pour faire rayonner la génétique du territoire ; que la station est un outil de promotion raciale qui fait partie intégrante du programme de l’Organisme de Sélection Charolais France », remémorait Benoit Lamarre. Parlant au nom du partenaire le plus ancien et le plus impliqué de la station, le président Bernard Lacour confirmait que la Chambre d’agriculture avait voulu « que les comptes du GIE soient présentés tels qu’ils sont ». Sans remettre en cause du tout « le bel outil qu’est la station », Bernard Lacour estimait qu’il était « nécessaire de réfléchir à un nouveau modèle économique. Pour en avoir échangé avec l’Institut de l’Élevage, la station les intéresse. Il faut aller chercher des fonds dans une nouvelle approche globale, en lien avec l’innovation. Cela peut être, par exemple, le persillé ou la voie femelle… », suggérait le président de la Chambre d’agriculture.

Les garanties ont un prix

Dans ces conditions, les responsables du GIE ont redoublé de vigilance pour l’exercice en cours. Le budget prévisionnel s’annonce en effet serré avec d’ores et déjà la flambée attendue des frais d’aliment et de fourrage. Pour faire face, les frais de pension demandés aux apporteurs ont été augmentés de + 100 € par veau, d’où une recette supplémentaire de 8.500 €. Profitant d’une conjoncture inédite dans laquelle les taureaux de réforme se négocient près de 2.500 €, le GIE a décidé en assemblée générale de revaloriser à nouveau la mise à prix de la prochaine vente qui passera cette fois à 2.900 €. Il a aussi été acté la mise en place d’un prélèvement de 3 % sur le prix d’achat, s’ajoutant aux prélèvements déjà supportés par les naisseurs (4 % de la mise à prix jusqu’à 5.000 € et 5 % au-delà de 5.000).

 

 

GMQ 1.581 grammes par jour

GMQ 1.581 grammes par jour

Pour la campagne 2022-2023, 225 veaux ont été visités dans 95 exploitations de 17 départements. La moitié de ces élevages sont de Bourgogne Franche-Comté et presqu’un tiers de la région Auvergne Rhône-Alpes. Cette année, la part des veaux issus de Saône-et-Loire est en hausse. 86 veaux sont entrés en station le 27 septembre pour subir un protocole de 84 jours venant de s’achever par une pelvimétrie, un parage, une spermatogenèse. Au final, 85 veaux ont été évalués pour un GMQ moyen de 1.581 grammes par jour. 58 sont qualifiés « RJR » tandis que 6 n’ont pas été qualifiés.

Sans corne, Mh Beef, vêlage facile…

72 veaux ont été retenus au tri final pour la vente aux enchères. La particularité de ce millésime est sa richesse en gènes d’intérêts, font valoir les responsables du GIE. Il y aura 26 veaux porteurs hétérozygotes et 6 porteurs homozygotes du gène sans corne. 24 jeunes mâles sont porteurs hétérozygote du gène culard classique ; 18 sont porteurs hétérozygotes du gène culard Mh Beef et 4 sont homozygotes pour ce gène très prisé. « Pour ces gènes d’intérêts, nous avons d’ores et déjà des contacts pour la vente », fait valoir Didier Giraud qui ajoute que la station compte cette année 40 % de veaux sans corne et 28 % de veaux recommandés vêlage facile. « Cela nous permet de coller au plus près des attentes de la clientèle », commente le président qui ajoute que le génotypage a aussi permis d’avoir totalement éliminé l’ataxie cette année.

 

Nouveauté : des embryons aux enchères !

La principale nouveauté de la prochaine vente sera la présence de lots d’embryons. Ces embryons ont été prélevés dans cinq élevages parmi les apporteurs de la station de Jalogny. Ils proviennent de bonnes vaches en fin de carrière et de jeunes femelles porteuses du gène sans corne. Ces lots de 2 à 4 embryons seront mis à prix 300 € par embryon avec des enchères de 10 € par embryon. Cette première mise en vente d’embryons sera un authentique test pour le GIE. L’idée est de développer un véritable schéma de multiplication embryonnaire à partir de femelles génotypées en ferme.

Vente aux enchères le vendredi 17 février à Charolles

La vente aux enchères de la station de Jalogny aura lieu le vendredi 17 février à Charolles. Les animaux seront visibles dès le matin et la vente se déroulera l’après-midi à partir de 13h. Le déjeuner est à nouveau ouvert au public dès 11h15. La vente aux enchères en mode électronique sera animée par Martial Tardivon de la Sicafome. Les acheteurs pourront aussi miser en ligne. Informations, performances et vidéos des veaux sur le site stationevaluation71.com. et sur Facebook.