Phytopharmacie
Le chantier Écophyto 2030 est lancé

Quelques semaines après les annonces de la fin des néonicotinoïdes en betterave, et d’interdictions à venir pour le S-métalochlore, la Première ministre a lancé, en plein Salon de l’agriculture, le chantier d’Écophyto 2030.

Le chantier Écophyto 2030 est lancé
Le gouvernement espère établir une liste de 250 molécules candidates au réexamen pour identifier celles risquant d’être supprimées, les éventuelles impasses et évaluer les alternatives. ©Pixabay

Au Salon de l’agriculture, le 27 février, la Première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé le lancement d’ici l’été d’« un plan de développement d’alternatives pour les produits phytosanitaires les plus importants, appelés à être retirés du marché lors des prochaines années ». L’objectif est d’identifier au plus tôt les produits susceptibles d’être interdits, notamment ceux pour lesquels il n’existe pas d’alternative viable économiquement, afin d’y flécher des efforts de recherche publique supplémentaires. Ce nouveau plan inclura notamment les instituts techniques et les fabricants, appelés à prendre des « engagements sur leurs plans de travail des prochaines années ».

Annonce plutôt bienvenue

Ce plan dédié « à la recherche et à l’innovation » doit, au passage, « renforcer nos moyens pour l’agriculture biologique ». Une annonce globalement bien vue par la FNSEA qui avait poussé pour « une planification pluriannuelle des alternatives »

Dans le détail, le gouvernement espère établir une liste de 250 molécules candidates au réexamen pour identifier celles risquant d’être supprimées, les éventuelles impasses et évaluer les alternatives. Charlotte Grastilleur, directrice déléguée de l’Anses en charge du pôle produits réglementés, salue une bonne initiative, tout en soulignant le besoin d’implication des fabricants. « On le voit déjà sur les usages mineurs : en cas d’interdiction de substances, rien n’indique que les entreprises voudront déposer des dossiers sur ces marchés », craint-elle.

Plus largement, Élisabeth Borne appelle son gouvernement à présenter une nouvelle version d’Écophyto d’ici l’été, intitulée Écophyto 2030. Une « offre de conseil individuel et stratégique adaptée » devrait également être développée dans le cadre de la concertation autour du Pacte et de la future Loi d’orientation et d’avenir agricoles (LOA). Cette demande avait été portée, notamment, par les chambres d’agriculture, qui souhaitent un renforcement et une « adaptation territoriale » de l’offre de conseil. « Les agriculteurs doivent avoir accès à une approche plus personnalisée », défend Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France.

« Rien que la réglementation européenne »

Enfin, la Première ministre est également revenue sur les rapports qu’entretiennent les réglementations européenne et française, après les récentes décisions concernant les néonicotinoïdes et le S-Métolachlore. « En matière de produits phytosanitaires, nous respecterons désormais le cadre européen, et rien que le cadre européen », a promis Élisabeth Borne. Et de préciser : « Nous ne créerons aucune distorsion de réglementation pour nos producteurs sauf en cas de force majeure, quand la santé publique est menacée ».

S’arrêtant plus en détail sur le cas des autorisations de mise sur le marché (AMM) des pesticides, la Première ministre a simplement annoncé que son gouvernement « travaille aux problèmes qui subsistent dans le processus d’autorisation de mise sur le marché ». Et de citer « la mauvaise synchronisation entre les calendriers français et européen de réexamen des substances » et le « renforcement nécessaire des moyens de l’Efsa ».

La présidente de la FNSEA Christiane Lambert – qui plaidait pour une reprise en main du sujet par les pouvoirs publics – estime pour sa part avoir « été entendue sur la nécessité d’un changement de méthode dans les décisions ». Selon elle, la Première ministre envisagerait « une modification par la loi » afin de redonner « au politique » du pouvoir sur les autorisations de produits. « Le ministère de l’Agriculture devrait avoir un droit de regard sur les décisions de l’Anses », prévoit Christiane Lambert, alors que l’agence sanitaire assume la compétence exclusive des AMM depuis une réforme de Stéphane Le Foll en 2015.

M. R. et I. L.