J’veux du local !
Un lien entre producteurs et consommateurs

Les producteurs de Saône-et-Loire assurent plus que jamais dans cette période inédite. Et si leur engagement à produire et servir des produits de qualité ne date pas du 17 mars, le confinement a au moins le mérite de les faire connaître auprès du plus grand nombre. Souvent même à leurs propres voisins qui n’avaient pas voulu, ou pu, prendre le temps jusque-là d’aller à leur rencontre. Dans tous les secteurs, et dans tous les coins du département, les producteurs locaux répondent présents.

 

Un lien entre producteurs et consommateurs
Les règles de la vente directe ont changé, mais les producteurs ont une nouvelle fois su répondre présents en s'adaptant rapidement.

L’un des mérites du confinement aura au moins été de booster le développement de la plateforme des producteurs de Saône-et-Loire J’veux du local. « Lancée officiellement en septembre dernier par la chambre d’agriculture avec le soutien du Conseil départemental, la plateforme comptait 110 inscriptions avant la crise », relate la productrice Christelle Bonnot. Sur les deux premières semaines de confinement, le site a enregistré une cinquantaine de nouvelles inscriptions et autant la semaine dernière, permettant de référencer aujourd'hui plus de 200 professionnels.
Il faut dire que cette plateforme est pratique et a été pensée pour mettre en relation consommateurs et producteurs locaux. Classés par types de production, par zones géographiques ou par lieux de ventes, les producteurs du département pratiquant la vente directe sont facilement identifiables.
« En temps normal, cela permet aussi par exemple aux professionnels de la restauration de trouver un producteur chez qui se fournir ».

Inscription rapide

Si tout un pan de l’activité économique est à l’arrêt, la plateforme a su faire preuve de réactivité car il fallait s’adapter à de nouveaux besoins, tant des consommateurs que des producteurs locaux. La règle veut que ce soit normalement au producteur de faire la démarche de s’inscrire (gratuitement). « Seulement en  cette période, nous avons décidé de faciliter leur démarche », explique la représentante de la chambre d’agriculture. Aux producteurs en vente directe de remplir une fiche succincte. À Solène Roux et Clothilde Lacoste, toutes deux en charge de la plateforme au sein de la chambre d’agriculture, de compléter les éléments manquants et de finaliser l’inscription.
La plateforme correspond en parallèle à une attente des consommateurs puisque le nombre de consultations a explosé en cette période de confinement, pour atteindre désormais les 600 utilisateurs quotidiens.

Tout réorganiser

Un onglet Covid-19 a même été mis en place et recense « tous les points de vente créés en urgence et mutualisant les commandes ou servant de point de livraison ». Il permet également de retrouver les drive fermiers et les producteurs qui proposent un service de livraison. « Il est clair que la situation a contraint beaucoup de monde à une réorganisation complète de leurs ventes et de leur système de livraison, en plus de la production », poursuit Christelle Bonnot.
Bien qu’en circuit court, les producteurs et les clients ne sont pas les deux seuls maillons de la chaîne : « pour toutes les questions d’emballage et de fournitures annexes, les producteurs sont là aussi obligés de s’adapter en anticipant beaucoup plus les réapprovisionnements ». Soit encore un élément supplémentaire auquel pensé…
Ainsi, la situation conduit les producteurs et leurs voisins à (enfin !) faire connaissance. « Tout le monde ne va pas rester fidèle, prévoit déjà Christelle Bonnot, mais quelques-uns de ces nouveaux consommateurs vont rester, et beaucoup vont se rendre compte de ce que représente la production agricole ».

Car il est vrai que la situation exceptionnelle facilite les échanges et devrait conduire à replacer les agriculteurs dans leur rôle : « d’ordinaire, les gens courent tout le temps, ils ne prennent pas le temps. Espérons qu’il y aura enfin une prise de conscience de la part des consommateurs que chaque agriculteur permet, par son travail, d’arriver au bout de la chaine alimentaire. »