GDS Saône-et-Loire
Il faut savoir tirer les leçons de la crise

Marc Labille
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En dépit du Covid, de la sécheresse et d’une conjoncture dégradée, le GDS 71 poursuit ses missions et ses projets d’assainissement sanitaire. La résurgence d’un foyer d’IBR confirme la nécessité d’appliquer les règles de biosécurité. Et l’éradication de l’IBR et de la BVD sont plus que jamais des priorités absolues.

Il faut savoir tirer les leçons de la crise
Pour le président du GDS Julien Chardeau, cette crise d’IBR incite les éleveurs « à se séparer des derniers animaux positifs et ainsi aller vers une qualification de leurs cheptels ».

L’année 2020 aura été éprouvante à plus d’un titre pour le GDS de Saône-et-Loire. Comme toutes les entreprises, le GDS a dû s’adapter à la crise du Covid. Contraintes au confinement, les équipes se sont mises au télétravail. Mais « la continuité des services aux élevages a été assurée grâce au professionnalisme du personnel du GDS et de sa filiale Farago Bourgogne », se félicite le président Julien Chardeau. Un certain nombre de journées techniques ont toutefois dû être annulées, regrettait le président, de même que l’assemblée générale d’automne, transformée en visioconférence reportée au 29 janvier dernier. 

C’est dans ce contexte particulier que le nouveau président du GDS 71 a pris ses fonctions l’été dernier. Face à une actualité encore riche en péripéties, Julien Chardeau exprime « sa chance » d’avoir à ses côtés une équipe d’administrateurs soudés ainsi qu’une équipe technique efficace.

Foyer d’IBR

Car en plus d’une conjoncture défavorable, une recrudescence d’IBR est soudain apparue à l’automne dans le sud-ouest du département, renvoyant à nouveau le GDS 71 sur le front des crises sanitaires. Cette résurgence d’une maladie que la profession tentait d’éradiquer depuis des années était à craindre. En effet, « elle résulte d’une difficulté propre à notre département : les nombreux mouvements d’animaux accentuent les risques de contamination virale. Spécificités locales, l’embouche et le commerce de bestiaux sont certes une chance économique et culturelle pour le territoire, mais les flux permanents d’animaux ralentissent forcément l’assainissement des cheptels », constate Julien Chardeau.

Mesures fortes

« Dans l’urgence, le GDS 71 a été contraint de prendre des mesures fortes. Nous avons fait le choix de suspendre l’utilisation de la dérogation IBR », confie Julien Chardeau. « Une décision nécessaire pour protéger les élevages dans l’attente d’avoir un état des lieux précis de la situation en fin de campagne de prophylaxie. Des mesures de surveillance complémentaires, prises en charge par le GDS, sont mises en œuvre dans la zone à risque et dans les cheptels détenant des nouveaux positifs », complète le président. Pour tous les mouvements d’animaux, c’est donc le contrôle d’introduction entre 15 et 30 jours qui s’applique, et les règles en vigueur ont également été modifiées pour les mises en pension d’animaux, informe-t-il. 

Toutes ces décisions n’ont pas manqué de susciter des mécontentements, reconnait Julien Chardeau. Les uns reprochant au GDS de ne pas en avoir fait assez ; les autres d’en avoir fait trop ! Toute la difficulté résidant en Saône-et-Loire à composer avec une grande diversité de filières et de métiers. Pour le président, le GDS n’a pas le choix. Il lui faut imposer une règle qui s’applique à tout le monde, quitte à être impopulaire.

Règles durcies pour les non qualifiés

« Cette crise peut nous servir de leçon », veut positiver Julien Chardeau. Elle incite à continuer la marche vers l’éradication de l’IBR, en faisant en sorte « qu’il y ait de moins en moins de positifs dans la nature ». Elle rappelle aussi aux acteurs de tous les mouvements d’animaux que le respect des règles de biosécurité est une nécessité. Enfin, cette crise d’IBR incite à nouveau les éleveurs à éradiquer et donc « à se séparer des derniers animaux positifs et ainsi aller vers une qualification de leurs cheptels », encourage le président. Car l’entrée en vigueur de la Loi de Santé Animale à compter de ce mois d’avril entraînera des règles plus strictes pour les cheptels non qualifiés, et un coût de prophylaxie plus élevé, met en garde Julien Chardeau. 

Une plus-value serait la bienvenue…

Pendant ce temps, le GDS 71 poursuit avec succès le plan d’éradication de la BVD. Après une phase pilote en 2019-2020, le dépistage précoce de la BVD est généralisé à l’ensemble des troupeaux depuis le 1er août 2020. Un peu plus de 100.000 veaux de la campagne 2020-2021 avaient été dépistés au 31 janvier 2021 et 99,8 % étaient non IPI. « Un résultat très satisfaisant qui découle du fait que le département vaccine beaucoup », commente Julien Chardeau. Le dépistage des veaux permettant de qualifier les mères, 52 % des bovins du département ont déjà un statut « non IPI ».  Les futures générations seront qualifiées selon le même principe lorsqu’elles vêleront. 

Heureux de l’implication des éleveurs dans ce dépistage de masse, le président du GDS 71 regrette cependant que ces efforts ne soient pas récompensés par une plus-value sur le prix des animaux. L’assainissement de la BVD est en effet « un plus sanitaire pour le commerce », fait valoir Julien Chardeau qui déplore qu’aucun opérateur commercial ne fasse un geste pour rémunérer ce statut garanti non IPI. Pourtant, cette information est connue de tous via le site du GDS et pourrait prochainement figurer sur les Asda, informe-t-il.

Et le président de reconnaitre que si les éleveurs « jouent le jeu », le fait de devoir éliminer des veaux IPI n’est pas forcément bien vécu – véritables bombes à virus, les IPI ne montrent pas forcément de signes de maladie. « Nous faisons en sorte que cela se passe le mieux possible, et que cela ne dure pas trop longtemps, en accompagnant techniquement et financièrement les éleveurs » reprend le président. Au-delà de l’obligation règlementaire, il rappelle que le risque sanitaire et économique encouru en conservant un animal IPI justifie largement leur élimination rapide.

La lutte collective porte ses fruits

La qualification sanitaire des cheptels est un enjeu qui engage le GDS 71 tant elle est indispensable à la santé des animaux et à l’accès aux marchés. Le GDS a fait de l’éradication de l’IBR et de la BVD sa priorité et pour cela, il a choisi « d’accompagner financièrement l’ensemble de ses adhérents, sans augmenter le niveau de ses cotisations, mais avec une équipe technique renforcée et un programme d’aides élargi », confie Julien Chardeau. « Le GDS est là pour que ça coûte le moins cher possible aux éleveurs », ajoute-t-il. C’est d’ailleurs l’un des messages que le président entend porter sur le terrain. En cette année élective qui verra un nouveau bureau élu le 23 avril prochain, Julien Chardeau estime que le GDS a plus que jamais besoin de ses délégués. Ils sont indispensables pour faire remonter au GDS les difficultés du terrain, mais aussi pour rappeler aux éleveurs l’importance du collectif et du mutualisme sanitaire.