L’impressionnante mobilisation agricole de 25 départements lors de la journée du 25 mars a donné lieu mercredi 31 mars à un rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture. Les représentants d’Auvergne-Rhône-Alpes et du grand Massif central restent sur leur garde estimant « avoir été écoutés, mais pas sûrs d’avoir été entendus ».

« Restons mobilisés »
Des convois de tracteurs formant plusieurs kilomètres de ralentissement sur les autoroutes pour rejoindre Clermont-Ferrand et Lyon, comme témoins d’une mobilisation historique. © MC

Conformément aux engagements pris à la sortie de la vaste mobilisation agricole du 25 mars, les agriculteurs ont bel et bien été reçus par Julien Denormandie le mercredi suivant. Une délégation, composée de Michel Joux et David Chauve, respectivement président et secrétaire général de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Pierre Picard, Jordan Magnet, président et secrétaire général des JA Auvergne-Rhône-Alpes, Francis Flagel des JA d’Aura et du Massif central, Patrick Bénézit, président de la Copamac (grand Massif central) et Christian Bajard, coordinateur du Berceau des races à viande et président de la FDSEA de Saône-et-Loire, s’est ainsi entretenue en visio avec le ministre durant près de deux heures. Au regard de l’ampleur de la mobilisation à Clermont-Ferrand et à Lyon, impliquant pas moins de 25 départements autour des deux enjeux majeurs que sont les prix et la Pac, « le message ne pouvait être ignoré des pouvoirs publics », résume Michel Joux. À l’issue de l’entretien, les responsables professionnels considèrent unanimement : « que même si les lignes ont bougé, il est essentiel de rester extrêmement mobilisé, et donc prêt à se remobiliser rapidement et massivement, car sur les deux sujets, ce rendez-vous n’a pas permis de lever nos inquiétudes », insiste Patrick Bénézit. 

Les enjeux identifiés mais…

D’abord sur les prix, « si le ministre partage l’objectif, nous restons encore très dubitatifs quant aux moyens réels mis en œuvre pour arriver à la prise en compte des coûts de production. Nous verrons dans les prochaines semaines, si nos propositions sont reprises ou pas dans le cadre de la loi », estime David Chauve. Et de rappeler qu’un engagement présidentiel autour du prix a été formulé, et qu’il doit être respecté. « Les ordonnances prises à la suite des ÉGAlim ont généré de l’argent, les agriculteurs sont complètement légitimes pour demander que cette valeur leur revienne. Le ministre doit prendre les dispositions législatives pour que cela soit le cas le plus vite possible », rappelle Michel Joux. « Julien Denormandie a bien perçu la nécessité d’aller plus loin sur la loi ÉGAlim, mais il va falloir qu’il mouille la chemise. Nous avons compris qu’il a engagé un bras de fer avec les GMS avec notamment une augmentation des contrôles. Mais à ce stade, nous avons des craintes que l’ambition ne soit pas suffisante pour ramener du prix dans les cours de ferme », ajoute Pierre Picard. Pour les professionnels en effet, pas question de se laisser enferrer dans des obstacles juridiques, des règlementations européennes… qui pourraient avorter la révolution en marche autour des prix agricoles.

Aucune garantie sur la Pac

Enfin sur la Pac, là-aussi, le combat doit se poursuivre. « Nous avons redit au ministre que les propositions de la DGPE étaient suicidaires pour l’élevage et inquiétantes pour les autres secteurs », explique Patrick Bénézit. « Même si le ministre s’est voulu rassurant et a indiqué que ce n’était que des hypothèses, nos inquiétudes demeurent. Le ministère doit revoir sa copie. Nous avons réaffirmé la nécessité d’un soutien équivalent au secteur de la viande bovine très attaquée par le projet de la DGPE et mis l’accent sur la pertinence de l’accompagnement à la vache allaitante, quitte à la faire évoluer, car l’aide à l’UGB ne nous paraît pas adaptée », ajoute Christian Bajard. La vigilance reste donc de mise. Sur ses gardes plus que jamais, le réseau syndical n’exclut pas de se remobiliser vite et fort. Comme déjà ce 6 avril à Dijon dans un deuxième temps. 
Sophie Chatenet