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Des hommes, des territoires, des brebis

Jusqu’au XIXe siècle, les ovins étaient présents sur tout le territoire et élevés d’abord pour leur laine, leur peau et leur fumier. L’ouvrage Des hommes, des territoires, des brebis raconte comment une première mondialisation du commerce initiée par le traité de libre-échange entre la France et le Royaume-Uni en 1860 fut à l’origine du déclin de l’élevage dans les plaines labourables du nord de la France...

Des hommes, des territoires, des brebis

Jusqu’au XIXe siècle, les ovins étaient présents sur tout le territoire et élevés d’abord pour leur laine, leur peau et leur fumier. L’ouvrage Des hommes, des territoires, des brebis raconte comment une première mondialisation du commerce initiée par le traité de libre-échange entre la France et le Royaume-Uni en 1860 fut à l’origine du déclin de l’élevage dans les plaines labourables du nord de la France. L’arrivée massive des engrais et des produits phytosanitaires qui ont remplacé le fumier porta un nouveau coup dur au mouton, jusqu’à ce que la politique agricole des années 1960 et la mise en place d’un régime protecteur aux frontières redonne une nouvelle impulsion à l’élevage ovin. Hélas de courte durée.

En 1980, l’entrée en vigueur du règlement communautaire favorable aux Britanniques et l’ouverture du marché signa un nouveau déclin et de graves conflits avec nos homologues d’Outre-Manche. C’est ce que l’on a appelé la "guerre du mouton" qui opposa dans de violents affrontements et pendant une dizaine années, de 1980 à 1990, Français et Britanniques.
Ces actions syndicales couplées à des campagnes de sensibilisation de l’opinion publique et de lobbying auprès des autorités européennes ont permis à la Fédération nationale ovine (FN0) d’obtenir plusieurs modifications du règlement communautaire. Le dernier, négocié en 2008, par le ministre de l’Agriculture Michel Barnier, a abouti à un rééquilibrage des aides au profit de l’élevage ovin.     

Pendant toute la période d’après-guerre, et jusqu’à aujourd’hui, tous les dirigeants syndicaux, quels qu’ils soient, n’ont cessé de se mobiliser pour favoriser l’introduction du progrès technique dans les élevages, d’encourager l’organisation des producteurs et le développement des relations interprofessionnelles pour accroître le pouvoir économique des éleveurs.

Aujourd’hui, le combat syndical s’est quelque peu déplacé vers la gestion de l’espace, le mouton étant reconnu comme le dernier rempart contre les incendies. Sans que cette vision soit partagée par tout le monde. Le conflit oppose désormais les éleveurs et les environnementalistes fondamentaux favorables au réensauvagement de la nature, et donc à la réintroduction et au développement du loup, de l’ours et autres prédateurs. Le pastoralisme survivra-t-il ? C’est l’enjeu des prochaines années.   

En parcourant ces pages, le lecteur pourra mesurer tous les efforts entrepris par les éleveurs et les éleveuses qui prennent une part de plus en plus importante au combat syndical, toutes les batailles engagées, souvent gagnées après de longues luttes, parfois perdues.

Ainsi que le souligne Michèle Boudoin, la présidente de la FNO dans sa préface, « ce livre a pour but de transmettre une histoire syndicale et humaine, comme nous éleveurs cherchons à transmettre notre exploitation, notre troupeau, notre métier, notre passion ». Une invitation à découvrir comment les combats d’aujourd’hui s’inscrivent dans la continuité du passé.

Des hommes, des territoires des brebis, aux Éditions Vendredi Conseils, 216 pages, 20 €. Disponible à la Fédération nationale ovine, 149 rue de Bercy 75595 Paris Cedex 12.