Sécurité routière
Action… sensibilisation

Le mercredi 29 mars, le nouveau Document général d’orientations pour la sécurité routière a été signé par le préfet et sa directrice de cabinet, le président du Département, ainsi que le procureur de la République de Saint-Étienne. L’occasion de déterminer, avec l’ensemble des acteurs du secteur, les enjeux majeurs dans la Loire. 

Action… sensibilisation
La mortalité routière a été divisée par 6,1 depuis 1972. La délégation à la sécurité routière a pour ambition de la supprimer totalement des routes françaises à l’horizon 2050.

C’est à la préfecture, en ce 29 mars, que le préfet et l’ensemble des acteurs de la sécurité routière ligérienne se sont réunis. À l’occasion de la signature du prochain Document général d’orientations (DGO) effectif jusqu’en 2027, les différents intervenants ont réaffirmé au représentant de l’État leur volonté d’agir.

Ce DGO s’appuie sur l’analyse de l’accidentalité en France et dans le département à travers l’ancien document et permet d’identifier les enjeux majeurs sur les deux échelons. Parmi eux, quatre sont obligatoires et communs à tous les départements : les deux-roues motorisés, les conduites à risques, les nouveaux modes de mobilité douces et le risque routier professionnel. Dans la Loire, le contexte a laissé apparaître deux axes supplémentaires : les jeunes et les seniors.

Le document constitue une base à l’élaboration annuelle d’un Plan départemental d’actions de sécurité routière (PDASR) et les différentes orientations pourront êtres revues ou adaptées selon l’évolution de l’accidentalité.

Les deux-roues motorisés

Chaque axe identifié dans le DGO implique des actions vouées à diminuer l’insécurité sur la route. D’abord, les deux-roues : représentant 19 % des tués sur la période de 2017 à 2021 dont 52 % âgés entre 25 et 44 ans, ils sont en première ligne du plan d’actions. Ainsi, une vaste campagne de sensibilisation sur les facteurs aggravants est organisée, notamment sur le respect du port des équipements de sécurité et la sensibilisation auprès des jeunes (ASSR 1 et 2 en collèges) mais aussi des autres usagers de la route (automobilistes, cyclistes, piétons, etc.).

Un renforcement des contrôles est aussi envisagé avec une attention particulière portée aux « petits délits » et à la conformité des véhicules. Enfin les infrastructures devraient elles aussi poursuivre leur développement avec le maintien de la publication du calendrier des chantiers de gravillonnage, l’installation de double glissières, l’aménagement d’obstacles latéraux de séparation de la chaussée et des trottoirs, la mise en cohérence de la signalisation routière ainsi que le dégagement de l’espace aux croisements par l’interdiction du stationnement en amont et en aval de ceux-ci.

Les conduites à risques

Les conduites à risques sont également un enjeu national dont le préfet de la Loire Alexandre Rochatte affirme se soucier particulièrement. Ce terme comprend différents types d’infractions dont la conduite à une vitesse excessive/inadaptée, sous emprise d’alcool ou de stupéfiants ou encore l’inattention, le refus de priorité et l’utilisation de distracteurs. Ils représentent les principales causes d’accidents mortels entre 2017 et 2021, particulièrement chez les 18-24 ans. Le DGO prévoit donc de multiples actions pour favoriser une meilleure responsabilisation des usagers. Parmi elles : l’enseignement des réglementations et des conséquences de tels comportements, les effets des stupéfiants et de l’alcool sur la conduite ou encore la sensibilisation auprès d’organisateurs d’évènements et des employeurs et l’incitation à l’utilisation d’une vitesse adaptée.

Pour cela, plusieurs campagnes seront lancées dès cette année. D’abord pour la prévention, en milieu scolaire (lycéens et étudiants) mais aussi en entreprises. Une seconde sera destinée aux établissements de nuits et aux débits de boissons avec d’avantage de rappels de réglementation par des visuels et la mise en place ou la communication sur d’autres moyens de déplacement comme les navettes, transports en commun et covoiturages. Enfin, la dernière sera adressée aux usagers de la route pour les sensibiliser à l’impact de la diffusion des lieux de contrôles, des refus d’obtempérer, de l’utilisation de substance psychoactives ou de distracteurs. L’accent sera par ailleurs porté sur l’information du temps d’élimination des drogues dans le corps, trop souvent minimisé.

Tout comme pour les deux-roues motorisés, les contrôles continueront d’être renforcés, notamment à la sortie des établissements de nuit et des évènements susceptibles de favoriser la consommation d’alcool ou de drogues. Les sanctions devraient, elles, être alourdies, en particulier pour les récidives.

Les mobilités douces

Piétons, cyclistes et autres utilisateurs d’engins de déplacement personnel avec ou sans moteur sont souvent les usagers délaissés du réseau routier. L’association Place aux piétons s’adresse d’ailleurs ainsi au préfet : « Des aménagements doivent être faits pour favoriser la tranquillité et la visibilité des piétons aux abords des passages cloutés. » Avant d’être rejoint par l’association Ocivelo, qui déplore l’arrivée tardive de ce moyen de déplacement sur un réseau qui n’y est pas adapté. Ainsi, le DGO souhaite orienter sa stratégie sur la responsabilisation des utilisateurs en rappelant l’importance des équipements de protection mais aussi du respect des signalisations et encore une fois à l’utilisation des distracteurs.

À nouveau, des campagnes seront donc menées auprès des plus jeunes au sein des collèges, mais aussi auprès des clubs de marche ou de cyclisme et des magasins vendant des engins de déplacement personnel. Pour les forces de police, la priorité des contrôles sera accordée aux débridages et au non respect du code de la route. Pour répondre aux demandes des usages et des associations, des aménagements tels que la création d’infrastructures réservées sont en projet.

Les risques routiers professionnels

Dernier point d’orientation obligatoire à l’échelle nationale, les risques routiers professionnels concernent autant les trajets domicile-travail que les déplacements professionnels. Pour tenter de diminuer les risques d’accident, le DGO applique une stratégie de responsabilisation des employeurs et des employés, souvent mal équipés (véhicules légers ou en mauvais état) ou mal organisés (téléphone, fatigue).

Quatre plans d’action en partenariat avec les entreprises, les employés, les collectivités locales et les professionnels de santé seront donc menés durant les cinq prochaines années.

Les jeunes et les seniors

Alors que la population est vieillissante dans le département, les populations de moins de 25 ans et de plus de 65 ans sont largement surreprésentées dans l’accidentalité sur les routes. Bien que leur part d’implication soit moins élevée qu’à l’échelle régionale et nationale, la Loire a choisi de leur porter une attention particulière avec, chez les jeunes, une stratégie de renforcement de l’éducation et de la sensibilisation à la sécurité routière, une meilleure éducation des parents et un enseignement plus approfondi des règles du code de la route pour tous les modes de déplacement.

Chez les seniors, c’est un développement des prises de conscience sur leur vulnérabilité, un renforcement de la maîtrise de la conduite d’un véhicule dans un environnement où les règles ont évolué rapidement ainsi qu’une meilleure communication des forces de l’ordre et des médecins pour un meilleur signalement des incapacités à la conduite.

En somme, l’ensemble des partenaires et signataires de ce Document général d’orientations prévoit de vastes campagnes de sensibilisation destinées à l’ensemble des utilisateurs et dans l’objectif de diminuer drastiquement le nombre d’accidents sur les routes ligériennes. Le préfet de la Loire, lui, affiche l’ambition de le réduire à zéro à l’horizon 2050.

Clara Serrano

Bilan 2022

Une année meurtrière

Traversée par un réseau d’axes autoroutiers et de routes nationales et départementales de plus de 4 000 km, la Loire affichait en 2022 une accidentalité en hausse. En effet, on dénombre pour cette année-là, 482 accidents pour 42 tués et 660 blessés. Soit une hausse respective d’environ 16, 27 et 19 % par rapport aux chiffres de 2021, pourtant eux aussi déjà plus élevés qu’en 2020. Un bilan inquiétant qui dénote de « l’avant-Covid ».

En effet, depuis 2015, l’accidentologie routière du département laissait apparaître une diminution notable du nombre de tués. 2018 étant la plus clémente avec 21 personnes concernées. Le préfet de la Loire, Alexandre Rochatte s’interroge alors sur un éventuel relâchement des comportements depuis la fin des différents confinements. Il remarque cependant l’absence de zone noire (lieu où la concentration d’accidents est importante). Cela s’explique par le bon état général du réseau routier ligérien. Un élément positif mais qui « complique la tâche » car la zone d’intervention s’étend à l’ensemble du territoire.

Les enjeux définis par le précédent Document général d’orientations (DGO) pour la sécurité routière étaient les substances psychoactives, les distracteurs, les jeunes, les seniors et les risques routiers professionnels. Ceux-ci correspondent évidemment aux principales cibles de la prévention et de la sensibilisation du Plan départemental d’action pour la sécurité routière (PDASR) : les jeunes (à hauteur de 31,10 % du budget 2022) et le partage de la voirie avec 30,80 % arrivent en tête. Viennent ensuite les substances psychoactives, les seniors, les distracteurs et les risques routiers professionnels.

Un début d’année de mauvaise augure

Depuis le 1er janvier, la mortalité sur les routes de la Loire est déjà plus élevé que celui de l’année dernière à la même date (7 contre 4). Pour palier à une recrudescence des accidents et des comportements à risque, la préfecture a choisi de mettre les bouchées doubles, à commencer par ses moyens de prévention et de sensibilisation.

Pour cela, de courtes vidéos thématiques sont réalisées avec le volontariat des ligériens et diffusées chaque mois sur les réseaux sociaux de l’institution. Leur objectif : mettre en lumière les grandes causes d’insécurité sur les routes. La première, mettant en scène une famille, aborde le thème des distracteurs avec un slogan choc : « l’inattention tue. » Aborder le sujet est crucial puisque selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Virginia Tech Transportation Institute, téléphoner au volant multiplie par quatre les risques d’accident et envoyer un SMS par 23.

De nombreuses autres campagnes sont déjà évoquées dans le nouveau DGO.