LOA
LOA : plusieurs dispositions dans le viseur du Conseil d’État

Le Conseil d’État ne voit pas d'« utilité juridique » à définir la « souveraineté alimentaire » dans la LOA. Il propose aussi de rejeter des dispositions sur les haies ou l’accélération de recours.

Le Conseil d’État propose de retirer plusieurs mesures phares du projet de loi d’orientation agricole (LOA). Dans un avis publié le 4 avril, la juridiction suprême de l’ordre administratif propose de « ne pas retenir » les mesures d’accélération des recours contre les projets d’ouvrage hydraulique agricole et d’installation d’élevage. En cause : des « risques de constitutionnalité ». « L’étude d’impact ne fait pas apparaître de difficultés particulières (quant aux) contentieux de ces projets […] et se borne à anticiper une hausse du nombre des recours », souligne également l’avis. Concernant la gestion des haies, si le Conseil d’État admet le principe de compenser leur destruction, « une mise en œuvre mesurée » s’impose, d’après lui. Il propose en revanche de ne pas retenir les dispositions pénales du texte sur l’arrachage de haie qui, à ses yeux, « méconnaissent le principe de proportionnalité des peines ». Même sort pour les mesures visant à faciliter par voie réglementaire le recours aux chiens de troupeau, lesquelles sont jugées « dépourvues d’utilité ».

Souveraineté alimentaire et agricole

Le conseil d’État propose aussi de retirer les définitions « très générales » de la « souveraineté alimentaire » et de la « souveraineté agricole » que le gouvernement souhaitait inscrire en préambule du code rural, n’en voyant pas « l’utilité sur le plan juridique ». De surcroît, la plus haute juridiction administrative suggère de supprimer l’idée que l’agriculture « contribue à la défense des intérêts fondamentaux de la Nation », considérant que la portée d’une telle mention n’est « pas claire » et son utilité « douteuse ». Elle préconise de se limiter à écrire que l’agriculture est « d’intérêt général majeur ».

Dans un communiqué paru le 3 avril, le ministère de l’Agriculture a par ailleurs fait paraître une série d’indicateurs de « souveraineté alimentaire », que le Premier ministre s’était engagé, début février, à faire publier et suivre dans le temps. Une dizaine d’indicateurs sont mis en avant sous forme graphique : capacité d’exportation des principales filières (grandes cultures, fruits & légumes ; viandes & poissons ; produits laitiers) ; taux d’auto-approvisionnement de ces filières ; solde commercial agroalimentaire ; part des exportations vers le premier pays client, par produit ; échanges extérieurs de protéines ; cheptels bovin et porcin ; précipitations ; capacités de stockage d’eau ; nombre de substances pesticides autorisées ; charge d’engrais de synthèse par hectare ; distribution du revenu d’exploitation (RCAI) par actif, et part des charges dans le chiffre d’affaires, par filière.