Le 28 avril à Baudrières, la Cuma Compost organisait une démonstration d’un séparateur de phases de lisier. Une idée qui avait été proposée à la dernière assemblée générale de décembre. La meilleure preuve que le réseau des Cuma sait se mobiliser pour ses adhérents et leurs projets.

Une organisation optimisée
Le séparateur de phase en démonstration.

Deux assemblées générales en six mois ! Le président de la Cuma Compost Thierry Lacroix était visiblement heureux de « revenir à un rythme normal », tournant la page aux réunions virtuelles imposées par le Covid. Et en ce moment, l’actualité est chargée pour les 120 Cuma de Saône-et-Loire, dont la Cuma Compost de dimension départementale, et occupant un tiers du temps, l’animatrice Camille Petit.
Fort de 422 adhérents en 2021, la Cuma Compost a vu 26 nouveaux arrivés et 32 partir « après un petit nettoyage des gens qui ne faisaient plus rien ». Avec essentiellement les membres du conseil d’administration présents ce 28 avril à Baudrières, et toujours des résultats constants, « la bonne organisation du travail » semble donc convenir aux absents. Le conducteur, Ludovic, remerciait aussi les agriculteurs qui « préparent bien leurs chantiers », améliorant de fait le « bon ratio », minute de tracteur sur minute de rotor, qui continue à être scruté. Un ratio de 4,32 dû aussi à l’augmentation de la taille des tas, précisait Laurent, le responsable des tournées. Il cherche constamment à optimiser ces dernières, avec l’envoi de SMS pour inscription préalable, surtout au vu des hausses du carburant. « On a parfois du mal à en trouver dans certaines zones » du département, obligeant à s’approvisionner « et régler le jour même » chez les adhérents.
La Cuma Compost réfléchit également à équiper le chauffeur d’un smartphone permettant de géolocaliser avec précision les tas de fumier à composter, avec les coordonnées GPS envoyées par les adhérents.

Un rôle pédagogique

L’autre branche de la Cuma Compost est désormais l’abattage et le déchiquetage de bois. Réalisant de « beaux chantiers », avec une moyenne passée de 7,7 heures, les principaux chantiers se font du 1er août au 31 décembre. « Les heures totales baissent mais les mètres cubes augmentent », note Thierry Lacroix. Plaquettes bois de chauffage, piquets et évidemment paillage pour les animaux sont au menu des deux types de travaux. Pour ce dernier type de prestation, 2021 aura effacé en partie les mauvais souvenirs des sécheresses 2018-2019-2020 mais du coup, les éleveurs ont eu moins besoin d’alternatives à la paille. La Cuma accepte aussi « des chantiers que la concurrence n’a pas trop envie », remarque le président qui souligne ainsi tout l’intérêt d’être de la Cuma. Avec la Nièvre et l’Ain, « il y a du boulot dans le département et pour tous ». Reste à « se faire entendre par les syndicats de rivières et la DDT », parfois « tatillons ». La Cuma a un rôle « pédagogique » aussi, en expliquant la réglementation, avec l’aide de Fabienne Salvi, technicienne chambre d’agriculture, « pour faire le lien avec les plans bocagers ». La Cuma Compost se fait aussi entendre sur tout ce qui touche à l’entretien des bordures de cours d’eau. Des missions peu connues et pas de son ressort à la base mais qui font partie de la vie de la Cuma.

Un séparateur de phase à accélérer

La démonstration n’a failli pas avoir lieu. Deux jours avant, la Cuma du Jura qui avait accepté d’amener en démonstration son séparateur de phase de lisier, annonçait une panne bien réelle. Aussitôt, le bureau de la Cuma Compost a contacté un autre confrère de Savoie, la Cuma du Beaufortain, qui est venu présenter son séparateur. « En Savoie, nous l’utilisons notamment pour pouvoir épandre la partie solide, sans odeur, près des maisons d’habitation et de tourisme », expliquait clairement le technicien qui avait fait trois heures de route pour venir. Sur sa remorque, le séparateur de phase, un groupe électrogène et un tapis élévateur, tous trois séparés. Le séparateur seul coûte autour de 35.000 €. L’ensemble autour de 100.000 €. Au Gaec de la Verne à Baudrières, le bac à lisier de cette exploitation laitière fait 2.800 m3. « Certains étés, elle menace de déborder », expliquait Cédric Tissot, un des trois associés. C’est son collègue, Francis Fatet qui voulait voir une démonstration, espérant avec, réduire les volumes « de 20 % » environ.
Le système est simple, après aspiration du lisier, il arrive dans un bac en inox servant de réservoir. Un laser mesure le niveau pour réguler la pompe, équipée d’un variateur électrique, et éviter tout débordement. Le lisier en attendant passe à travers une vis sans fin poussant le lisier vers des filtres compactant plus ou moins la phase solide, tandis que la phase liquide repart clarifiée vers la fosse.
Le séparateur de phase peut fonctionner « jour et nuit », ou être programmé, et heureusement car les adhérents de la Cuma du Beaufortain l’utilisent en moyenne 30 heures. Le débit est en effet entre 9 et 12 m3 par heure, selon la pression du liquide et de la phase solide voulue (avec un simple système de poids). « Le débit est un peu trop bas, j’avais plutôt lu 20 m3/h », notaient différents membres du bureau de la Cuma Compost, qui va rechercher d’autres modèles de séparateurs à plusieurs « trémies ». Car le coût est de 62 €/h d’utilisation. Le groupe électrogène consomme un litre par heure. Dans le Beaufortain, certaines exploitations laitières se sont équipées « en fixe ». Les réflexions restent donc ouvertes pour l’heure…