Mouton Charollais
L’OS maintient le cap

Marc Labille
-

En 2020, l’OS Mouton Charollais a maintenu ses effectifs et ses évènements phares tout en lançant un certain nombre de projets novateurs. Une prouesse dans une année marquée par la crise du Covid et l’apparition soudaine du loup dans le Charolais.

L’OS maintient le cap
Le prochain rendez-vous sera le concours national du Mouton Charollais à Charolles avec la sortie de station et la vente d’agnelles les 5 et 6 août 2021.

En 2020, le nombre d’adhérents à l’OS Mouton Charollais était stable avec 104 élevages (106 en 2021) pour un nombre de brebis contrôlées de 6.625 animaux. Présente dans 29 départements, la race se stabilise après plusieurs années d’érosion. L’Organisme de sélection a inscrit 4.664 agneaux en 2020. Cette hausse des inscriptions et des marquages vaut à l’OS de voir son chiffre d’affaires revenir à son niveau de 2018.

Moins d’animaux exportés

En 2020, le commerce de génétique ovine charollaise était moins bon qu’en 2019. Les ventes de femelles ont été moins nombreuses. Une seule vente d’agnelles a été organisée au mois d’août contre deux l’année d’avant. La crise du Covid a eu un impact sur les exportations avec des étrangers moins présents. Au total, 450 animaux ont été commercialisés via l’OS contre 657 en 2019. Seulement 181 animaux ont été exportés en 2020 contre 266 en 2019. Plus diversifiés, les pays acheteurs étaient le Portugal, la Belgique, la Suisse, la Hongrie, le Pays de Galle, l’Irlande, l’Espagne, l’Angleterre et l’Italie. Les responsables de l’OS signalaient une demande actuelle de la part des pays de l’Est, à l’instar de la République tchèque. 

Un soutien à la génétique qui manque

Malgré une année commerciale moins bonne, la situation économique de l’OS est meilleure qu’en 2019. Le Covid a même fait baisser certaines charges liées aux manifestations annulées. Pour le budget 2021, l’OS s’inquiétait du devenir des aides génétiques régionales. En effet, les responsables faisaient part d’un désengagement de la Région Bourgogne Franche-Comté des filières génétiques ovine et bovine. Un ressenti d’autant plus mal vécu que d’autres régions françaises consentent à attribuer une aide à l’achat de génétique, déplorait-on. Un désengagement qui fragilise l’investissement en génétique au moment de l’installation, regrettait le président Pascal Chaponneau.

L’essentiel préservé

Outre le Covid - dont l’impact sur la vie de l’OS est somme toute limité - et le loup qui a fait irruption violemment dans le Charolais, 2020 a été marquée par des changements dans l’équipe. La directrice Aline Bonnot est désormais secondée par Claire Debrut, technicienne, Angélique Barthélémy, secrétaire comptable et Louis Genevois, apprenti. La présidence est assurée par Pascal Chaponneau, secondé de deux vice-présidents Jérôme Dubouis (23) et Thierry Maréchal (21). 

Au rang des salons et foires, l’essentiel a été sauvé avec le Salon de l’agriculture à Paris qui s’est tenu juste avant le premier confinement. Le concours national de Charolles a pu profiter de l’entre-deux vagues estival. Présent à Agrimax, le Mouton Charollais a même pu profiter du Festival du Bœuf, délocalisé à Saint-Christophe-en-Brionnais. 

Lancement de la marque « L’agneau charollais »

Sur le plan technique, l’OS s’est attaché à mettre en place un projet expérimental sur la vigueur des agneaux soutenu par le Conseil régional. Vingt éleveurs sont engagés pour deux campagnes de collecte de données en 2021 et 2022.

2021 verra le lancement de la marque « L’agneau charollais, goûtez l’excellence ». Voulue par un groupe d’éleveurs-sélectionneurs de Moutons Charollais, cette marque répond au besoin d’une viande d’agneau charollais pure race. La marque a été déposée le 1er mars dernier. Son lancement officiel devrait intervenir dans le courant de l’année. 

Plusieurs études génétiques vont être conduites par l’OS en 2021. L’une porte sur le gène culard. Une autre concerne la fertilité des béliers d’insémination. Enfin, l’OS sera partie prenante de recherches pour une revalorisation de la laine. 

Au coeur du schéma génétique

Lors de son assemblée générale, l’organisme de sélection du Mouton charollais s’est arrêté longuement sur le schéma de sélection de la race. Sur les 5.000 agneaux mâles qui naissent chaque année dans les élevages inscrits, 130 entrent en station de contrôle individuel (à Palinges) dont 80 % ressortent qualifiés recommandés. 14 sont retenus pour le testage boucher ; les meilleurs d’entre eux obtiennent la qualification supérieure AMBO.
En 2020, la station de contrôle individuel de Palinges a connu un millésime dans la moyenne avec 75 jeunes béliers mis en vente, dont 64 % ont trouvé preneurs à un prix moyen de 717 €. Si 62,5 % des élevages adhérents de l’OS sont représentés en SCI, seulement 23 % des sélectionneurs ont acheté un bélier de station. Un pourcentage que les responsables de l’OS entendent consolider. Ils souhaitent par ailleurs attirer davantage d’utilisateurs (hors base de sélection) à la vente.

Réservé aux tout meilleurs jeunes reproducteurs de la station, le testage boucher permet de sélectionner les meilleurs reproducteurs sur leurs qualités bouchères. Le testage consiste à leur faire produire 60 agneaux (par insémination et sur deux campagnes). Ces agneaux sont engraissés puis abattus et leurs carcasses sont évaluées en abattoir. Cette évaluation de la production de viande des béliers de testage permet d’attribuer la qualification AMBO (améliorateur boucherie) aux meilleurs d’entre eux. Ces béliers AMBO sont diffusés par insémination artificielle. Les sélectionneurs les utilisent pour améliorer les qualités bouchères de leurs reproducteurs. Les éleveurs utilisateurs recourent également aux semences de béliers AMBO pour améliorer la conformation de leurs agneaux de boucherie (croisement). L’OS note une tendance à la baisse des inséminations et donc de la diffusion de ces béliers AMBO. Une érosion qu’elle entend bien enrayer. 

L’ombre du loup

En 2020, les éleveurs de moutons charollais ont été lourdement impactés par le loup. Une quinzaine d’adhérents à l’OS ont été victimes du prédateur qui a sévi dans le Charolais jusqu’en novembre, tuant 148 moutons et en blessant 44. Un préjudice évalué à environ 200.000 € avec la perte d’une partie de la génétique charollaise, déplorait-on à l’OS. Le sujet a beaucoup mobilisé les responsables du Mouton charollais qui n’ont cessé d’alerter sur la spécificité de leur élevage (conduite en petits lots, valeur génétique, etc.) face à un plan loup mal perçu. À l’écoute de leur désarroi légitime, la députée Josiane Corneloup a redit tout l’enjeu de la révision du plan loup en 2022. « Nous sommes dans un front de colonisation par le loup. La présence du loup ne cesse de gagner les départements. À l’origine, ce plan loup avait été conçu pour l’arc alpin. Or il n’est pas compatible avec l’élevage de nos régions ». La députée annonçait avoir « saisi le préfet coordonnateur loup pour qu’il engage une étude en vue d’un classement du département en zone difficilement protégeable ».