Cap protéines
Une myriade de solutions pour tendre vers la souveraineté protéique

Le programme de recherche Cap Protéines, mené dans le cadre du plan France Relance, s’est achevé le 31 décembre 2022. Terres Inovia et l’Institut de l’élevage ont restitué un panel des résultats obtenus pour rendre notre pays moins dépendant des importations de soja. 

Une myriade de solutions pour tendre vers la souveraineté protéique

En Alsace, la chambre d’agriculture a lancé une série d’expérimentations dans plusieurs exploitations agricoles pour définir l’itinéraire cultural le plus approprié afin de rendre la culture irriguée de soja rentable. Elle a répondu à une demande d’agriculteurs soucieux de développer la production de cette légumineuse aux dépens du maïs, onéreux à produire.

François Lannuzel, conseiller agricole en Alsace, a présenté les résultats des essais en parcelles lors du colloque Cap Protéines, organisé par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage (Idele) le 31 mai dernier à Paris. Il participait à la table ronde « Intensification du déploiement et du transfert de connaissance ». Lors des trois autres tables rondes du colloque, une pléiade d’intervenants ont exposé, à leur tour, une partie des résultats de leurs recherches.

Cap Protéines a été lancé par le gouvernement au mois de janvier 2021 dans le cadre du plan de France Relance. Il vise à rendre l’agriculture française moins dépendante des importations d’oléo-protéagineux et de soja en particulier. Ces douze derniers mois, les échanges commerciaux de graines, de tourteaux et d’huiles ont été déficitaires de 2,9 Mrds d’€ (+21 % sur un an). Piloté par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage, le programme de recherche pluridisciplinaire s’est achevé le 31 décembre 2022 alors que les prix des oléoprotéagineux flambaient.

Une forte mobilisation

Pour réaliser le programme Cap Protéines, 200 partenaires techniques, 100.000 producteurs d’oléo-protéagineux et plus de 100.000 éleveurs de ruminants ont été mobilisés. 330 fermes expérimentales ont aussi été associées.

Dans les établissements scolaires engagés dans le programme de recherche, les étudiants ont acquis les compétences nécessaires pour conduire des systèmes d’exploitation autonomes en protéines. Leurs supports pédagogiques étaient les fermes de ces établissements.

En grandes cultures, des recherches ont été menées pour pérenniser les productions d’oléoprotéagineux dans les régions où ils sont habituellement cultivés, malgré les aléas climatiques et les restrictions à l’accès aux produits phytosanitaires.

Les sujets du programme de recherche portaient aussi sur la diversification des assolements (introduction de légumineuses dans les systèmes de cultures) et, au nord de la Loire, sur l’extension de l’aire de culture du tournesol.

Une suite à donner

Par ailleurs, Cap Protéines tente de resserrer les liens entre les grandes cultures et l’élevage et de remettre au goût du jour des pratiques abandonnées pour des raisons agronomiques et économiques. Il s’agit par exemple de relancer la culture des pois pour réintroduire les protéagineux dans les rations alimentaires des porcs, ou d’inciter les éleveurs laitiers à préférer le tourteau de colza français au tourteau de soja importé. « Mais rendre l’agriculture circulaire et réorganiser la chaîne de valeurs demande du temps », a déclaré Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint en charge de l’Agriculture à l’Inrae. C’est pourquoi la majorité des intervenants du colloque souhaite donner une suite à Cap Protéines. Des recherches doivent d’ores et déjà se poursuivre pour sélectionner des variétés de colza plus riches en protéines etc.

En attendant, Cap Protéines s’est donné les moyens pour faire connaître les résultats obtenus auprès d’un maximum d’agriculteurs, d’éleveurs et de conseillers techniques afin d’aller vers l’autonomie protéique des élevages. Votre journal agricole départemental était d’ailleurs partenaire gracieux de ce programme, en diffusant régulièrement des contenus concernant notre département ou région.

Sur le site cap-protéines-élevage.fr, plus de 300 témoignages d’éleveurs autonomes en protéines dans toute la France sont en ligne. Des fiches techniques et des comptes rendus d’essai sont aussi publiés. Des outils d’aide à la décision sont disponibles. Mais compte tenu de la diversité des situations, les agriculteurs ont besoin de conseils personnalisés.