Le plus bourguignon des crus du Beaujolais fête cette année son centième anniversaire. Une belle occasion pour (re)découvrir cette appellation emblématique, la doyenne du vignoble.
C’est officiellement le 17 avril 1924 que l’appellation moulin-à-vent a vu le jour, par une décision du tribunal de Mâcon. 1924 soit… Douze ans avant même la création des AOC ! Comment cela est possible ? Il faut se replonger dans le contexte de l’époque. Pour lutter contre les fraudes et mélanges douteux, le syndicat de défense des intérêts viticoles de Romanèche et de Chénas avait fait une demande au tribunal pour protéger l’origine géographique de la production. Par son jugement, le juge de Mâcon a ainsi donné officiellement naissance à l’appellation moulin-à-vent en définissant une aire qui depuis cette époque n’a pratiquement pas changé.
D’hier à aujourd’hui
En réalité, le vin de moulin-à-vent était réputé depuis plusieurs siècles, mais il a donc à partir de 1924 une existence légale. Notez qu’à l’époque, les vignerons pouvaient également utiliser la dénomination thorins (du nom de l’un des terroirs les plus réputés) pour nommer l’appellation, cette dernière finissant par disparaître au profit donc de moulin-à-vent.
L’appellation s’étend aujourd’hui sur 620 hectares et elle est cultivée par près de 200 vignerons, particuliers et coopérateurs, adhérents de la cave du château de Chénas et de sa mythique cave voûtée, l’un des plus spectaculaires de tout le vignoble, qui mérite bien une visite.
Bientôt des 1ers crus
Le moulin-à-vent est un cru d’altitude moyenne, plutôt précoce, dont les sols peuvent se répartir en deux zones distinctes, les coteaux granitiques et les zones de piémont, qui apportent en complémentarité élégance et puissance.
À l’instar d’autres crus du Beaujolais comme fleurie ou brouilly, moulin-à-vent a déposé une demande de reconnaissance en 1ers crus pour ses meilleurs terroirs. On parlera ici de « lieux-dits » et non de climats, ce terme étant réservé au vignoble bourguignon.
Il n’empêche, le moulin-à-vent est considéré comme le plus bourguignon des crus du Beaujolais. D’ailleurs, de nombreux négociants bourguignons sont aujourd’hui propriétaires de beaux domaines. Ce n’est pas seulement la proximité géographique qui explique cela, il existe à moulin-à-vent une longue tradition d’égrappage, d’élevage en fûts et de production de vins de longue garde.
Les temps forts de l’année
Pour marquer ce centenaire, après les événements médiatiques et professionnels qui se sont déroulés au mois d’avril, les vignerons invitent le grand public à redécouvrir leurs vins.
Première date à cocher sur le calendrier : le samedi 20 juillet. L’union des producteurs organise une balade gourmande de 7,5 km à travers vignes à partir de 17 heures (départ de la cave coopérative de Chénas). Tout au long du parcours, les marcheurs pourront profiter de pauses musicales, de panoramas à couper le souffle et d’un apéritif. Le repas débute à 21 heures avec, comme il se doit un gâteau d’anniversaire, bien arrosé de vins du cru*.
Second temps fort : la fête Raclet. Elle se tient le dernier week-end d’octobre **. Les vignerons doivent une fière chandelle à Benoit Raclet. Au milieu du XIXe siècle, le vignoble était ravagé par la pyrale (un insecte) et aucune des solutions testées ne donnait des résultats probants. Benoit Raclet avait remarqué qu’une treille qui recevait les eaux chaudes de vaisselle survivait. Il essaya donc l’échaudage des ceps qui s’avéra concluant. Si au départ ses voisins s’étaient moqués, ils se sont ravisés quelque temps plus tard. Une statue fut édifiée en son honneur au village en 1864 et depuis 1980, la place principale porte son nom.
Chaque année, les vignerons rendent hommage à ce sauveur de la vigne lors d’une fête très animée. Les vignerons du cru tiendront un stand collectif à la salle du Moulin-à-Vent à Romanèche-Thorins et proposeront des dégustations-ventes aux visiteurs.
De beaux lieux à découvrir
Si vous souhaitez visiter et déguster le cru en dehors de ces deux événements, pas de panique, vous ne trouverez jamais portes closes. La première halte recommandée est celle au caveau du cru. Il est ouvert tous les jours, week-ends et jours fériés, de 10 heures à 12 h 30 et de 14 heures à 18 h 30. Chaque semaine, une sélection de vins de deux domaines est proposée en dégustation et bien d’autres à emporter. Vous pourrez admirer (de l’extérieur) le monument historique du XVe siècle qui a donné son nom à l’appellation.
Vous pouvez aussi frapper à la porte de quelques beaux domaines : château Porthier, château du moulin à vent (organisateur du festival Jazz in moulin-à-vent), château des Jacques, château des Gimarets parmi d’autres ou encore au bar à vin culturel créé par le vigneron Richard Rottiers : La Mine.
Votre virée sera l’occasion idéale de redécouvrir le plus célèbre œnoparc hexagonal qui renouvelle régulièrement ses animations : le hameau Dubœuf, du nom de son créateur.
Tout près de là, la Maison Jacoulot (autre centenaire émérite) vous propose un voyage dans le monde des marcs et fines de Bourgogne et autres spiritueux.
L’établissement des Maritonnes, propriété de Georges Blanc, sera un « point de chute » idéal pour vous restaurer et de vous loger.
Retrouvez la liste des producteurs sur le site : https://moulin-a-vent.fr
* 45 € sur réservation, tel. : 03.85.35.58.09
** Samedi et dimanche de 10 à 18 heures, entrée gratuite