40 ans de l’Ambassade du Charolais
Quel avenir dans 40 ans pour le Charolais ?

Cédric Michelin
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A l’occasion de ses 40 ans d’existence, l’Ambassade du Charolais invite toutes et tous, le 22 juillet à Charolles, à participer à une journée pleine de rencontre festive des acteurs de la ruralité sur le thème « Le Charolais, ses racines, son avenir ! » Interview de son président, Daniel Rizet qui aimerait que cette journée soit l’occasion de lancer une dynamique pour nos territoires.

Quel avenir dans 40 ans pour le Charolais ?

Quelles sont l’histoire et les missions de l’Ambassade ?

Daniel Rizet : C’est d’abord l’histoire de deux personnalités, en 1983, en l’occurrence Jean Lamborot, sélectionneur reconnu, et le Comte Bernard de Vogüé, ce qui explique que l’Ambassade a deux pôles, un à Charolles et un à Saulieu (Côte d’Or). En assistant à des intronisations par la Confrérie des chevaliers du Tastevin au Clos Vougeot, ils s’étaient rendu compte de l’émulation que cela créait autour du vin. D’où l’idée d’accompagner la race bovine charolaise avec une confrérie qui est devenue l’Ambassade, pour expliquer, communiquer, faire déguster… avec des animations, avec toujours de la convivialité et aussi une dose de folklore.

L’Ambassade a évolué en allant faire aussi des dégustations à la Fédération nationale de la boucherie à Paris pour essayer de faire pénétrer, entre autres, l’AOP Bœuf de Charolles auprès des bouchers parisiens. Les restaurateurs se fournissant auprès de ces mêmes bouchers bien souvent.

 

40 ans après, en 2023, quel constat posez-vous sur l’actuelle filière charolaise ?

D.R. : Malheureusement, j’ai l’impression qu’on assiste à un déménagement du territoire, personne ne s’en rend compte. Il faut faire infléchir cette tendance, bien que dans les cinq ans à venir c’est déjà trop tard, mais il nous faut avoir une prospective sur 20-30 ans. L’élevage mobilise des capitaux importants, proche du million d’€, mais avec une faible rentabilité. Il faudrait donc imaginer un autre genre de financement des installations. À l’inverse, un cédant partant avec un capital important va payer beaucoup d’impôts. Ces impôts devraient plutôt être fléchés pour aider les jeunes à s’installer.

 

Comment va donc se passer cette journée de réflexion et prospective le 22 juillet prochain ?

D.R. : Le matin, nous organisons deux ateliers pour réfléchir sur ces aspects et sur les conséquences pour toute l’économie périphérique. Si demain ne reste plus qu’un tiers de naisseur par exemple, on aura moins besoin de groupements, d’abattoirs, de coopératives… et ainsi de suite. Ce sont tous ces emplois qui vont être fortement impactés et donc aussi, les commerces locaux, la vie locale, les consommateurs…

L’exploitant de demain, qui restera, est le pilier des territoires qu’il entretient. C’est l’essentiel des territoires avec l’aspect tourisme. Demain, quel intérêt à venir dans une région en friche, sans commerce, ni vie ? Il faut donc redonner une légitimité supplémentaire à ce jeune agriculteur qui s’installe et entretient les prairies et haies, qui en plus captent du carbone, bon pour l’environnement. Ce sont des services à la société. On ne demande pas des mercis mais que la société reconnaisse leurs utilités et arrête de critiquer ses agriculteurs.

 

Avez-vous des exemples de territoire ou de personnes qui font bouger ces rapports avec la société ?

D.R. : l’après-midi, nous organisons un débat avec plusieurs personnalités comme Périco Légasse, le critique gastronomique qui n’a pas sans langue dans sa poche, Didier Giraud, éleveur à Saint-Vallier et « Grandes gueules » sur RMC, Sylvie Brunel, la géographe ou encore André Valadier qui va notamment témoigner du travail fait sur le plateau de l’Aubrac. Il y a là-bas des campings partout, un dynamisme, une vie, l’aligot… fruit de réflexions menés alors que la race allait s’éteindre.

Sans attendre, on veut fédérer les énergies pour se dire, tous ensemble, pour construire et bâtir des schémas, pas que l’affaire de l’agriculture mais bien de tout le monde, à réunir autour de la table. Préfet, sous-préfets, députés, sénateurs, euro-députés, maires… tous sont invités, ainsi que les organisations agricoles. Et surtout, les jeunes qui j’espère reprendront le flambeau, y compris de l’Ambassade demain.

Réserver votre repas AOP !

Outre les randonnées, au choix, soit de 7 ou 13 km, la partie restauration sera exceptionnelle avec un marché de producteurs, petite restauration et buvette, le tout au Parc des expositions de Charolles. Se déroulera également le 22 juillet, le concours régional des fromages fermiers. Et le soir, à partir de 18 heures, une soirée anniversaire avec un repas autour de l’AOP Bœuf de Charolles. Des intronisations auront lieu pendant le repas. Trompes de chasse et vins de Bourgogne seront également de la partie. Alors, réservez vite vos places, il n’y en aura peut-être pas pour tout le monde.