AOP Pouilly-Fuissé

Enfin une mention Premier Cru !

Il aura fallu attendre treize longues années… Le fruit d’un travail acharné initié par Frédéric-Marc Burrier. Lequel, en 2007, soumet aux membres de l’ODG son souhait de « réparer une erreur de l’Histoire. » en sollicitant la reconnaissance en Premier Cru. « Car le sud de la Bourgogne mérite son appartenance à la grande famille des vins blancs de garde ». Il ne faudra attendre que quelques mois et l’année 2008 pour voir se lancer une étude très complète des sols et des sous-sols avec plus de 700 trous réalisés dans l’ensemble de l’AOC. Et ce, afin de créer une carte extrêmement précise et détaillée des sols. Place, ensuite, à une enquête parcellaire effectuée auprès des vignerons et à diverses séances de dégustation. Sans oublier un lourd dossier administratif (histoire, économie, etc.). C’est au mois de mars 2010 qu’a lieu le dépôt officiel auprès de l’INAO de la demande de reconnaissance des Premiers Crus. Se met alors en place une commission d’enquête qui, elle-même, désigne une commission d’experts. Il faudra être particulièrement patient et attendre 2017 pour voir le projet d’aire délimitée en Premiers Crus validé par l’INAO. Loin d’être terminée, la démarche de reconnaissance suppose subséquemment la mise en place d’une enquête publique. Puis un travail d’expertise sur le terrain de la part de l’INAO. Finalement, c’est le 3 septembre dernier que le Comité national des appellations d’origine approuve la reconnaissance de 22 climats accompagnés de la mention Premier Cru qui pourront être adjoints à l’AOP Pouilly-Fuissé. Et ce, dès le millésime 2020.

Une joie intense

Présidente de la commission Premier Cru, Audrey Braccini évoque « une joie intense de voir autant d’efforts récompensés ». Le fruit d’un travail de longue haleine. « C’est un vrai moment d’émotion ». Et de souligner la synergie entre l’ODG et les différentes instances qui a permis un tel aboutissement : « nous avons travaillé de concert ! ». Avec, à la clé, 22 climats reconnus sur les 24 espérés au départ pour une surface de 194 hectares, très proche des quelque 200 initialement souhaités. « Nous sommes ravis d’arriver à ce chiffre de 194 hectares ». Prudence oblige, Audrey Braccini garde une part de réserve tant que le décret n’est pas publié. « Mais cela devrait arriver d’ici à quelques semaines ». L’occasion d’avoir des Pouilly-Fuissé en Premier Cru pour ce millésime 2020. Une vraie plus-value pour l’appellation dans son ensemble. « On ne boira plus simplement un Pouilly-Fuissé mais un Pouilly-Fuissé sur la roche, un Pouilly-Fuissé Les Crays… Cela devrait permettre une découverte plus fine de l’appellation. Le consommateur verra sans doute d’un œil différent l’appellation dans son ensemble ». L’occasion aussi de montrer qu’il n’y a pas que dans le nord de la Bourgogne que l’on trouve de "grandes" appellations en blanc. Mais sans forcément, à court terme, avoir des prix à la hausse. « Ce n’est pas une création mais une reconnaissance des climats. Ces vins étaient déjà pour partie vendus un peu plus cher. C’est peut-être à moyen terme et à long terme que les prix pourraient augmenter ».

Quant à l’image offerte par cette reconnaissance, elle va s’avérer extrêmement précieuse, notamment en terme de communication. « Cela permettra de faire davantage le lien avec certaines grandes appellations blanches de Bourgogne. En terme de communication, nous misions avant sur l’AOC et les villages. Demain, nous allons certainement axer cette communication sur les climats ». Une reconnaissance en Premier Cru qui doit aussi offrir de nouvelles opportunités. « Cela peut nous ouvrir les portes de certains marchés ».