Les brèves du 9 octobre 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 9 octobre 2023

Les brèves du 9 octobre 2023

Bovins : Bruno Le Maire annonce une défiscalisation de « 150 € par vache »

Dans son discours au Sommet de l’élevage le 6 octobre, le ministre de l’Économie a annoncé que le projet de loi de finances (PLF) pour 2024 comprendra une défiscalisation de « 150 euros par vache », qui vise à « réduire l’imposition des éleveurs qui résulte de l’augmentation de la valeur de leur stock ». Cette « provision » sera plafonnée à « 15 000 € par exploitation, soit 100 vaches », précise Bruno Le Maire. Annoncée par Marc Fesneau le 3 octobre, cette mesure de « neutralisation de l’inflation » était demandée par la FNSEA, qui souhaitait une défiscalisation de 250 € par animal. « Cette mesure forte et structurante est capitale pour la souveraineté alimentaire et la compétitivité de la Ferme France », se sont félicités le syndicat et ses associations spécialisées bovines (FNB et FNPL) dans un communiqué. De son côté, la Confédération paysanne a estimé que « la défiscalisation n’est […] pas la solution à la décapitalisation des troupeaux » ni au « problème de transmission des fermes ». Attendu de pied ferme par la profession agricole après plusieurs mois de relations tendues, Bruno Le Maire a indiqué « veiller personnellement » à ce que « la baisse des prix en rayons ne [se traduise pas] par un effort des producteurs, mais par un effort des distributeurs ». Tout en faisant « respecter rigoureusement et scrupuleusement » les lois Egalim 1 et 2, alors que le gouvernement veut avancer les négociations commerciales pour les plus grandes entreprises.

Bovins/MHE : progression de la maladie, 53 foyers recensés en France

Cinquante-trois foyers de la maladie hémorragique épizootique (MHE), qui affecte principalement les bovins, ont été recensés dans le sud-ouest de la France, selon le dernier bilan publié le 6 octobre par le ministère de l’Agriculture. Le 29 septembre, le ministère faisait état de 19 foyers de cette maladie, qui n’infecte pas les humains. En huit jours, le nombre de foyers a presque triplé. À la date du 5 octobre, la France dénombre des foyers de MHE dans les départements des Hautes-Pyrénées (30 foyers), Pyrénées-Atlantiques (12 foyers), Haute-Garonne (8 foyers), Gers (2 foyers) et des Landes (1 foyer), a précisé le ministère à l’AFP. Par ailleurs, « un cas d’infection de cerf à la MHE a été décelé dans les Hautes-Pyrénées. L’animal se trouvait à proximité d’élevages bovins ayant eux-mêmes déclaré la maladie », selon le communiqué. Un périmètre de sécurité, d’un rayon de 150 kilomètres autour d’un élevage infecté par le virus, a été mis en place le 25 septembre, assorti d’une interdiction de sortie pour les animaux - avec toutefois plusieurs exceptions comme un trajet vers l’abattoir. La détection des nouveaux foyers a conduit les autorités « à étendre la liste des départements touchés par la zone réglementée », étendue à une partie de trois nouveaux départements (Aveyron, Dordogne, Hérault).

Abattoirs : la chute des prix des coproduits, nouveau motif d’inquiétude (Culture Viande)

La fédération de l’abattage-découpe Culture Viande alerte, dans un communiqué du 5 octobre, sur « l’effondrement des prix des coproduits animaux », qui « vient mettre à mal notre équilibre économique ». Des baisses de prix « imposées » au troisième trimestre par « les équarisseurs et transformateurs ». « Aujourd’hui, pour plus de deux tiers des coproduits, nous devons payer pour nous les faire enlever, alors que nous les vendions auparavant », précise Paul Rouche, le directeur de Culture Viande, à Agra Presse. Et d’expliquer que « les équarrisseurs vendaient une grande partie des PAT (protéines animales transformées, N.D.L.R.) au Vietnam, qui est une plaque tournante pour l’Asie. Or, ce marché a été fermé en raison de fraudes. » Un « véritable coup de massue », selon le président de Culture Viande Yves Fantou, qui survient dans un contexte déjà dégradé pour le secteur : décapitalisation et baisse des abattages, coût de l’énergie, « pression incessante des distributeurs sur nos prix », etc. Dans son communiqué, Culture Viande demande aux pouvoirs publics « un plan adéquat et renforcé d’aide [sur les] dépenses énergétiques » (inscription dans la liste des entreprises électro-intensives pouvant bénéficier d’aides), ainsi que des « mesures fiscales adaptées » (pour les outils en difficulté notamment).

Vin : dans l’Aude, une usine d’embouteillage incendiée contre l’importation

Les locaux d’une société d’embouteillage et de négoce de l’Aude ont été incendiés dans la nuit du 4 au 5 octobre et tagués d’une revendication contre l’importation de vin, a constaté l’AFP, confirmant une information du journal l’Indépendant. « Import non », indiquait le graffiti sur le portail de CVS à Sallèles-d’Aude, signé « CAV » pour « Comité d’action viticole », une émanation locale du Comité régional d’action viticole (CRAV) qui exprime par la force depuis plusieurs décennies « la colère » du monde viticole languedocien. « Je ne cautionne pas ce genre d’actes mais ils risquent de devenir quotidiens, vu la situation actuelle », a déclaré à l’AFP Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude. Il déplore « un cocktail explosif », entre faible récolte, hausse des charges, baisse des prix du vin… « On nous dit qu’il n’y a pas de marché mais les négociants importent du vin d’ailleurs et se servent de ça pour faire baisser les prix. C’est compliqué de voir des caves pleines et des camions pleins de vin étranger », a-t-il poursuivi. Dans l’Aude, un rassemblement de plusieurs syndicats et organisations viticoles est prévu le 17 octobre pour « préparer la mobilisation » face aux difficultés de la filière.

Vin : une production 2023 record pour les eaux-de-vie (ministère)

Le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) a estimé le 6 octobre la récolte viticole à 46 Mhl (contre 45 Mhl en septembre), confirmant une année moyenne (+3 % par rapport à 2018-2022) mais avec des évolutions plus contrastées entre catégories de vins. La production 2023 des vins pour eaux-de-vie, à 12,1 Mhl (contre 10,1 Mhl en septembre), augmenterait de 17 % sur un an et de 25 % par rapport à la moyenne 2018-2022, « dépassant le record de 2020 », souligne une note d’Agreste. En revanche, celle des vins IGP, à 11,3 Mhl (contre 12,1 Mhl), baisserait respectivement de 11 % et 8 % par rapport aux mêmes périodes. La situation des différents vignobles apparaît contrastée. Dans les Charentes, la récolte s’annonce record (+18 % sur un an) et des mises en réserve sont prévues. Dans le Sud-Ouest, la sécheresse et l’échaudage en fin d’été, en plus du mildiou, de l’oïdium et de la grêle des mois précédents, conduiraient à une production en net retrait par rapport à l’an dernier (-11 %) et à la moyenne quinquennale (-22 %). En Languedoc et Roussillon, la canicule tardive déshydrate des baies déjà petites dans l’Hérault, le littoral audois et les Pyrénées-Orientales, frappés par la sécheresse. Résultat, la production afficherait -15 % sur un an et -10 % par rapport à 2018-2022.

Ecorégimes : « plus d’agriculteurs que prévu », notamment au niveau supérieur (ministère)

Dans plusieurs arrêtés parus le 5 octobre au Journal officiel, le ministère de l’Agriculture a dévoilé les montants des aides Pac qui seront utilisés comme référence pour le versement des avances de la campagne 2023, d’ici au 16 octobre. Surprise, les montants des écorégimes sont inférieurs à ceux annoncés en mars : 45,50 €/ha pour le niveau de base, au lieu de 60 annoncés, 62€/ha au lieu de 82 pour le niveau supérieur, 92€/ha au lieu 110 pour les bio - le bonus pour les haies est maintenu à 7 €. Dans un communiqué paru le lendemain, la Fnab (agriculteurs bio) dénonce une « baisse des montants » des écorégimes. Le ministère de l’Agriculture répond d’une part que « ces paramètres sont provisoires. Ils ont été déterminés courant septembre sur la base de l’état d’instruction des dossiers à cette date. Ils intègrent donc comme habituellement des marges de sécurité afin d’éviter les trop-perçus, et seront réévalués en vue du versement du solde à compter de décembre ». La Rue de Varenne concède toutefois que « plus d’agriculteurs que prévus en 2021 lors de l’élaboration du dispositif ont modifié leurs pratiques pour respecter l’écorégime, notamment au niveau supérieur. » Selon nos informations, près de neuf agriculteurs ont demandé à bénéficier de l’écorégime pour sa première année de mise en œuvre. Au printemps 2021, Julien Denormandie avait estimé que 79 % des exploitations de grandes cultures seraient éligibles.

Assurance récolte : 36 % de surfaces assurées en plus en 2023, « vigilance » en arbo et maraîchage

4,8 millions d’hectares, soit une progression de 36 %, ont été assurés en 2023, première année de la réforme de l’assurance récolte, a indiqué le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, dans une interview à la France Agricole le 5 octobre. Agra Presse avait divulgué dès le mois de juin les premières tendances de Pacifica (Crédit Agricole) et de Groupama, principaux opérateurs de l’assurance récolte. Certaines progressions sont notables. Concernant la prairie, le taux d’assurance est passé de 0,5 % à 9 % des surfaces. En viticulture, le pourcentage passe de 31 % à 43 % et en arboriculture, les surfaces assurées ont été multipliées par 10 (de 1,5 % à 11,2 %). « Il reste des points de vigilance sur l’arboriculture et en maraîchage. Dans un certain nombre de départements, pas partout, on nous remonte que les offres ne sont pas attractives. Les assureurs historiques reconnaissent qu’ils doivent encore documenter leur système et que sur certains sujets arboricoles, ils ont eu des difficultés », a noté Marc Fesneau. La progression est moins marquée en grandes cultures (de 31.6 % à 35,3 %), les niveaux de couverture étant déjà élevés dans cette filière. « C’est une réussite dès la première année. On est bien au-dessus de la trajectoire qu’on s’était fixée. On espérait ces taux-là à trois ans. Cela montre l’engagement des agriculteurs », a considéré le ministre.

Pommes : approvisionnement difficile pour la transformation, des prix qui explosent

L’Afidem, association représentant la filière des fruits à destinations multiples transformés, tire la sonnette d’alarme, dans un communiqué le 5 octobre, sur des difficultés d’approvisionnement marquées pour la pomme. Cela entraîne des niveaux de prix supérieurs aux années précédentes (+100 % vs septembre 2022, selon le RNM). « Le début de la campagne est particulièrement favorable au marché du frais avec une qualité exceptionnelle et des marchés intérieur et export dynamiques. Par ailleurs, du fait du contexte économique inflationniste, les pommes n’auront jamais coûté aussi cher à produire (énergie, intrants, main-d’œuvre », explique-t-elle. La majeure partie des fruits qui approvisionnent les usines de fruits transformés est issue de vergers français « à double fin », dont les fruits sont à la fois destinés au marché du frais et à la transformation. Ce mode de fonctionnement présente l’avantage de valoriser l’ensemble des fruits d’un verger. « La situation complique les approvisionnements des 18 sites de production, implantés dans nos territoires car elle entraîne une disponibilité beaucoup plus faible pour la filière compote, malgré un niveau de récolte française estimé supérieur aux trois années antérieures », ajoute l’Afidem.

Pommes : la coloration verte des Golden perturbe le début de campagne (ANPP)

L’Association nationale Pomme Poires (ANPP) vient de communiquer via le réseau Linkedin le 6 octobre, sur la coloration verte des premières pommes Golden de la saison, qui, même si elles sont mûres, perturbe actuellement les distributeurs et les consommateurs. La majorité des bassins de production français ont connu une météo particulière pendant l’été 2023, la canicule durant les jours qui ont précédé la récolte, a affecté la coloration des fruits : « Pour les variétés d’été comme Gala et Golden, l’intensité de la coloration a été plus difficile à obtenir à cause des manques de fraîcheur nocturne, bien que les seuils de maturité, mesurés par la teneur en sucre et le calibre, aient été atteints », explique l’ANPP. La biosynthèse des pigments présents dans la pomme - chlorophylle (vert), caroténoïdes (jaune/orange) et anthocyanes (rouge) qui s’initient soit 10 à 20 jours avant la maturité – a été perturbée. Les fortes températures limitent la production de caroténoïdes et de fait la dégradation de la chlorophylle, d’où la prédominance de pigments verts. « En ce qui concerne les variétés plus tardives, elles ne seront donc sans doute pas concernées par ce phénomène car ce sont les températures des prochaines semaines qui seront en jeu », conclut l’association.

Charcuterie : la Commission européenne abaisse les limites pour les nitrates et nitrites

Après une approbation à l’unanimité des États membres au printemps dernier, la Commission européenne a annoncé le 6 octobre la mise en place d’un nouveau règlement abaissant les limites pour l’usage des nitrites et des nitrates en tant qu’additifs alimentaires. Selon Bruxelles, la réduction de ces limites va améliorer la protection contre les bactéries pathogènes (comme la Listeria, Salmonelle, Clostridia), et réduire l’exposition aux nitrosamines. Sur ce point, le 28 mars, l’Efsa a publié un avis scientifique alertant sur la dangerosité pour la santé de la présence de nitrosamines dans des produits tels la charcuterie et les salaisons, le poisson transformé, le cacao, la bière et d’autres boissons alcoolisées. Le nouveau règlement entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel de l’UE prévue pour le 9 octobre. Fin mars, huit mois après la parution longtemps attendu d’un rapport de l’Anses, le gouvernement français a présenté un plan d’action pour réduire les additifs nitrités dans les charcuteries. Ce plan construit en trois étapes modifie progressivement les teneurs maximales de nitrites ajoutés, avec des seuils et des trajectoires différents selon les charcuteries. Des jambons cuits sans nitrites sont commercialisés en France depuis plusieurs années, par Cooperl par exemple (voir ici).

Green deal : le Copa-Cogeca salue le changement de méthode de la Bruxelles

Les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) ont salué, lors d’une conférence de presse le 6 octobre, le changement de méthode de la Commission européenne avec le lancement annoncé par Ursula von der Leyen d’un « dialogue stratégique avec le secteur agricole » synonyme de pause réglementaire. Une annonce qui marque la fin de quatre années de « harcèlement des agriculteurs » de la part de Bruxelles, et en particulier de son ancien vice-président en charge du Green deal, Frans Timmermans, se félicite la présidente du Copa Christiane Lambert. Elle espère plus de pragmatisme après l’avalanche de texte issue de la stratégie De la ferme à la table : directive sur les émissions industrielles (encore en négociation), règlement sur l’utilisation durable des pesticides (sur lequel le Parlement européen doit se prononcer fin novembre), restauration de la nature (en négociation), projet de directive européenne sur les sols (publié en juin), révision de la législation sur le bien-être animal (dont l’adoption est pour l’instant reportée)… La présidente de la Commission européenne a donné des consignes pour que le dispositif du dialogue stratégique se mette rapidement en place. Le Copa-Cogeca attend que des détails lui soient communiqués dès la fin du mois d’octobre.

États-Unis : un projet de loi pour développer les alternatives végétales au lait à l’école

Des sénateurs démocrates et républicains ont récemment déposé un projet de loi visant à développer les alternatives végétales au lait de vache dans les écoles aux États-Unis, et notamment le « lait de soja », rapporte le média américain spécialisé The Hagstrom report. Actuellement, les écoles américaines doivent distribuer à chaque enfant du lait au moment du déjeuner, sauf si un mot du médecin ou des parents indique que l’enfant est intolérant au lactose. Cette obligation crée des « inégalités » entre les enfants et un important « gaspillage » alimentaire et d’argent public, argumentent les sénateurs. Le texte prévoit que les écoles proposent à chaque élève une alternative végétale, sans que l’enfant ait à présenter une note de son médecin ou de ses parents. Les producteurs de lait américains s’opposent à cette mesure et estiment que « décourager la consommation de lait dégraderait la nutrition des élèves, augmenterait le gaspillage alimentaire et irait également à l’encontre des objectifs d’équité, étant donné que le lait sans lactose est facilement disponible », explique un porte-parole de la National Milk Producers Federation, Alan Bjerga. Les producteurs de soja (American Soybean association) sont quant à eux favorables au texte qui laisse « le choix » aux élèves.

États-Unis : l’essor des « coupe-faim » contre l’obésité pèse sur les achats alimentaires

Une analyse réalisée par le distributeur américain Walmart montre que les clients qui achètent des « coupe-faim », un type de médicament en plein essor aux États-Unis, consomment moins de produits alimentaires, rapporte l’agence de presse Bloomberg. Le géant de la grande distribution a remarqué que les paniers des consommateurs de médicaments « coupe-faim » comportaient « moins d’unités, un peu moins de calories » que ceux d’autres clients au profil similaire, rapporte le directeur général de Walmart aux États-Unis John Furner, dans une interview accordée à Bloomberg. Le phénomène interroge les distributeurs et les industriels dans un pays où plus de 40 % de la population adulte est obèse. D’autant que les ventes de médicaments « coupe-faim » ont augmenté de 300 % aux États-Unis entre 2020 et 2022, selon un rapport de l’analyste Trilliant Health, cité par Bloomberg. « Comme tout ce qui peut avoir des conséquences sur notre activité, nous allons l’examiner, l’étudier et, si nécessaire, l’atténuer », a déclaré le dirigeant du fabricant des chips Pringles, Steve Cahillane.