Renouvellement des générations
L’attractivité, un enjeu européen

Attirer vers l’agriculture les jeunes de tous horizons pour assurer le renouvellement des générations : une préoccupation générale en Europe, ainsi que l’ont expliqué la vice-présidente du Conseil européen des jeunes agriculteurs (CEJA),Elisabeth Hidén et le président de Sodiaal, Jean-Michel Javelle.

L’attractivité, un enjeu européen
Le Ceja définit définir « quatre priorités » de nature à séduire les candidat(e)s à l’installation : aménager le territoire en l’assortissant d’un « pacte social », créer un fonds de transition soutenu par la Banque centrale européenne (BCE), renforcer les chaînes de valeur, améliorer la gestion des crises. Copy iStock-kamisoka

Dans l’Union européenne, seuls 6,5 % des agriculteurs ont moins de 35 ans alors que la moitié des exploitations changeront de mains dans les dix ans. Deux chiffres qui donnent une idée des « défis » lancés à l’élevage, alerte Elisabeth Hidén, vice-présidente du CEJA, à la tête d’un troupeau de 460 bovins détenu à 50/50 avec son mari. La Suédoise de 29 ans témoigne des « difficultés à entreprendre », à commencer par « la faible disponibilité de la terre partout en Europe », les « incertitudes sur le long terme » associées à un « déficit de financement », ou encore « l’absence de définition commune de la durabilité ». Selon elle, l’agriculture est une « vocation » mais aussi un « mode de vie » dont l’attractivité passe, plus largement, par celle du monde rural. Ainsi en vient-elle à définir « quatre priorités » de nature à séduire les candidat(e)s à l’installation : aménager le territoire en l’assortissant d’un « pacte social », créer un fonds de transition soutenu par la Banque centrale européenne (BCE), renforcer les chaînes de valeur, améliorer la gestion des crises. L’enjeu est de rendre l’activité agricole « compétitive », y compris pour les personnes non issues du milieu. « Un des plus gros problèmes est d’avoir foi dans l’avenir », résume la jeune productrice de lait. Autrement dit, « trouver le juste équilibre entre dire ce qui marche bien et avoir le droit de se plaindre ».

Le sas du salariat 

Autre grand témoin, Jean-Michel Javelle, président de Sodiaal*, regrette que « la transmission-retraite reste un sujet très modeste en France. Si l’approche demeure seulement patrimoniale et capitaliste, on n’y arrivera pas. Il faut changer de modèle ». L’éleveur de la Loire, installé sur un groupement agricole d’exploitation en commun à quatre sans lien familial, indique avoir formé six salariés au cours de sa carrière, tous installés en production laitière désormais. « Beaucoup de jeunes ont la passion de l’élevage, et pas seulement des fils ou des filles d’agriculteurs. Il faut considérer le salariat en tant que centre de profit et le responsabiliser en vue de former de futurs chefs d’exploitation », explique-t-il. Un minimum de « reconnaissance financière et morale » ne peut pas nuire non plus à l’épanouissement personnel et professionnel dans un « métier super noble ». Le président de Sodiaal met en avant « le modèle d’avenir centré sur l’humain » incarné par son groupe. « Un modèle coopératif et collectif qui a la capacité à attirer les talents. » La promesse qui leur est faite : « une juste rémunération (deux tiers du résultat reversé aux livreurs de lait), une vie sociale acceptable pour les éleveurs comme pour les salariés, la modernisation des élevages pour réduire la pénibilité ». Sodiaal, qui installe 250 jeunes par an, « croit en l’avenir du lait en France. Non seulement la décroissance laitière n’est pas inéluctable, mais encore la transition agroécologique est possible », conclut en substance Jean-Michel Javelle.

Actuagri

(*) La première coopérative laitière française réalise 20 % de la collecte (8 523 fermes dans 72 départements) qu’elle transforme dans 53 sites industriels.