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EARL Gautheron à Rully

« 1.000 €/ha de marge en plus qu'en maïs conso »

Installé depuis ce 13 mai à Rully dans l’EARL familiale du même nom,
Cédric Gautheron a repris le flambeau de son père, Michel, à la tête de
l’exploitation céréalière. Les 177 ha de cultures sont divisés entre
Rully et Saint-Marcel. Avant la fermeture de D’Aucy, la moitié des
surfaces étaient consacrées à la production légumière.
Par Publié par Cédric Michelin
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Désormais, l’assolement se répartit ainsi : 61 ha de maïs consommation, 50 ha de blé, 18,5 ha de soja, 12 ha d’orge, 12 ha de moutarde, 5 ha de jachères et depuis cette campagne, 12 ha de maïs semences hybrides. Livrant tout à la coopérative Bourgogne du Sud, cette dernière production a « permis de remplacer les légumes et rentabiliser les parcelles avec irrigation ». Mais cette "reconversion" n’a pas été de tout repos. En effet, la production de semences hybrides est « compliquée » sur certains points. Pas tant en terme de matériel (achat de deux semoirs pour 24.000 € ; bineuse mutualisé avec le Gaec des Presles à Givry), d’autant que Val Union fournit la castreuse mécanique, ni en terme technique (semer à 80 cm de large ; 200 mètres d’éloignement d’autres maïs…).
Avec des semis sur Rully (indice 200 à 220) des femelles le 24 avril, des mâles en mai et une année difficile sur Saint-Marcel (excès d’eau et resemis), ces travaux peuvent coïncider avec d’autres (maïs, soja). Ensuite, Cédric Gautheron a observé qu’avec ces « lignée pures, plus sensibles, au charbon notamment », les traitements se font néanmoins à des doses réduites, avec les mêmes produits. Désherbage, binage, fongicide (+antipyrale)… vient alors le temps de la castration mécanique. « J’ai été en Limagne pour apprendre et j’ai compris là-bas qu’il ne faut pas "taper" trop dans la végétation sinon on perd du rendement ». Compter deux passages avec des couteaux (débit de 2,5 à 3 ha/h) et un passage avec l’enjambeur équipé de pneux qui viennent enlever les panicules (1 ha/h). « Mieux vaut le soir quand la tige est cassante », conseille Cédric. Un fongicide permet à la plante de "bien" cicatriser après. 5 % restait à castrer à la main. Compter une personne par ha. En "rodage", Cédric a employé au total 16 personnes pendant quatre semaines (7h x 5j). Parmi eux, se retrouvaient les 6 épurateurs (arrachent hors ligné, petits et grands plants) et du personnel mis à disposition avec le Gaec des Presles, qui sur ses 15 ha de maïs stérile n’avait alors pas besoin de castreurs. « Pour l’épuration, il faut du personnel formé et sensible à l’agriculture ; moins pour la castration ».
Avec les 250 €/ha de semences achetées, les charges grimpent à 2.450 €/ha. « C’est la première année, on va réduire ». Cédric compte poursuivre l’an prochain et prévoit d’en semer 19 ha. « Economiquement parlant, on fait 800 à 1.000 € de marge en plus qu’en maïs conso soit 1.500 à 2.000 €/ha selon les années. Pour pouvoir embaucher une personne sur l’exploitation, soit je m’agrandit, soit je fait des cultures de niche en cherchant de la valeur ajoutée (déjà moutarde, soja semences…) ».
Principaux bémols avec les semences hybrides : la gestion des saisonniers et les charges donc. « J’avais 15-20 feuilles de paperasse par salarié. J’ai passé 17 heures au téléphone pour caler les dates et m’assurer que les saisonniers viendraient bien. Je suis tout informatisé mais il manquait toujours quelque chose pour les TESA. En plus, notre centre de gestion nous a dit de faire de la mise à disposition de personnels avec l’EARL des Presles, avec accord du salarié écrit dans un contrat ». Cédric compte faire appel à un groupement d’employeur l’an prochain.
Avec une castration débutant en juillet et des semis finissant fin juin, la période n’a donc pas été de tout repos. « C’est dur nerveusement. Contrairement aux exploitations de Limagne plus petite (75 ha) tournées à 90 % en production de semences, nous ici, ce n’est pas notre culture principale. Peut-être que cela le deviendra. Les semenciers semblent taper à la porte des coopératives françaises après les mauvaises qualités produites dans les pays de l’Est ». Après avoir été ramassé en épis avec un corn picker, les grains ont été amenées à Pierre-de-Bresse pour être effeuillés, égrainés, séchés, pesés et envoyés aux clients (Limagrain et RWA). En cours d’analyse pour voir si les graines germent bien, les objectifs de rendement étaient fixés à 3,7 t brut égrainés. Cédric Gautheron aimerait bien que les « prix de revient de l’agriculteur soit pris en compte dans le calcul » car si les prix s’effondrent, ses charges de production, elles, resteront sensiblement toujours les mêmes.
Contacté après interview, le directeur de la coopérative précise les éléments de rémunération du producteur. Le calcul se décompose en trois points :
- un rendement mais consommation paye comme les mais conventionnels(125 qx en 2013) ;
- l'indemnisation des charges spécifiques à la production (semences de base, castration, épuration, frais de semis...) ;
- une prime de multiplication (650 €/ha avec des femelles fertiles) ;
" Ce mécanisme national prend donc bien en compte l'impact des couts de production ", conclut Michel Duvernois.