Cinéma
Clermont-Ferrand, capitale du court métrage du 27 janvier au 4 février

Le festival international du court-métrage revient en force en 2023 après deux années bousculées par la Covid-19. Avec environ 400 films par édition, il s’agit du plus important rendez-vous consacré au court métrage dans le monde.

Clermont-Ferrand, capitale du court métrage du 27 janvier au 4 février
Taïwan est le pays à l’honneur de l’édition 2023. © Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand.

Chefs-d’œuvre de l’animation, comédies, réalités contemporaines, films de genre, travaux de fin d’études des meilleures écoles du monde, documentaires vrais ou faux : la sélection qui compose les soixante-dix programmes du festival de Clermont-Ferrand rapproche et confronte les univers de cinéastes de tous les horizons. Si le Festival de Cannes est sans aucun doute l’événement cinématographique le plus connu dans le monde, la ville de Clermont-Ferrand accueille tous les ans le plus grand festival mondial consacré au court métrage : le Festival International du court métrage. Durant une semaine, du 27 janvier au 4 février cette année, des dizaines de courts métrages français et étrangers sont en lice pour remporter l’un des prix du festival. Les films sont répartis en trois catégories : compétition nationale ; compétition internationale et compétition labo. Entre compétitions et rétrospectives, les 400 films en provenance d’une cinquantaine de pays offrent une formidable plongée dans le bain rafraîchissant de la jeune création cinématographique. Née en 1979 au sein d’un ciné-club étudiant, la manifestation a su très rapidement prendre son essor. En 2020, le festival a accueilli plus de 3 600 professionnels du monde entier et enregistré plus de 172 000 entrées.

Une production féconde

En 2023, le festival braquera ses projecteurs sur Taïwan. « À travers les films de cette rétrospective, il s’agit de comprendre comment prend forme une identité non pas unique mais plurielle et en évolution constante, avec un mélange d’influences du confucianisme, des Hans mais aussi des cultures japonaise, européenne, américaine et aborigènes de Taïwan », expliquent les organisateurs. Dans le cadre de la compétition internationale, lumière sera faire sur cet entre-deux post pandémie. Alors que nous pensions que l’année qui vient de s’écouler serait synonyme de retour à la « normale », force est de constater que 2022 n’a pas été de tout repos sur le plan international. Pourtant, les cinéastes du monde entier n’ont cessé de porter un regard amusé, original et parfois critique sur ce qui nous entoure…En témoignent, les soixante-dix films qui composent cette compétition internationale dont huit animations, neuf documentaires et une soixantaine de fictions qui feront voyager dans pas moins de cinq-deux pays, bien loin de nos préoccupations du quotidien. Du côté de la compétition nationale, bien que la fréquentation des salles obscures soit en baisse, une chose est sûre :  la production française n’a jamais faibli.

Sensibiliser à l’image

Avec 1 972 films inscrits cette année, le festival retrouve un niveau proche de celui du « monde d’avant ». L’occasion de se laisser séduire par des personnages hauts en couleurs et des paysages lointains ou intérieurs : 56 destinations seront proposées dans le cadre de cette 45e compétition nationale. En marge des compétitions, le Festival accueille le rendez-vous annuel des Pôles d’éducation aux images avec la Rencontre nationale des Pôles organisée en collaboration avec le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Implantés aujourd’hui dans neuf régions, les pôles poursuivent des actions de sensibilisation et d’éducation artistique au cinéma et à l’audiovisuel, autour de trois axes principaux : l’animation du réseau régional, les ressources et la formation. Enfin du 13 au 18 mars, dans le cadre de la 11e édition du festival « La Criée tout court » organisé par et au Théâtre National de Marseille, une carte blanche sera donnée au festival de Clermont-Ferrand qui présentera des programmes jeunes et tous publics.

Sophie Chatenet

En pratique

Pour réserver votre place, vous pouvez vous rendre sur la billetterie officielle du festival en ligne : billetterie.clermont-filmfest.org . Le prix du billet pour une personne est de 4 euros. Le tarif du billet pour la cérémonie de clôture est fixé à 10 euros. Il est également possible d’acheter un carnet de 15 billets afin de bénéficier d’entrées à un prix réduit (35 € les 15 billets non nominatifs). À noter que les projections de films pour enfants sont gratuites.

Aux origines : Du cinéma tout court

S’il est vrai que le 28 décembre 1895 le cinéma est né court - les plans Lumière sont invariablement des plans uniques de 50 sec - il serait plus juste de dire qu’il est né tout court. On peut malgré tout se poser la question des raisons de la brièveté des premières bandes. La première est d’ordre technique. Pendant les premières années, l’état d’avancement de certaines technologies (notamment la fabrication du celluloïd) rend objectivement impossible le tournage de plans dépassant la minute. La seconde raison est liée au mode de diffusion des films. Jusqu’en 1908 la durée des films est déterminée par une diffusion majoritairement foraine (théâtres à l’entracte, magasins, cafés, circuits itinérants) avec un public très volatile qui vient découvrir une invention technologique plus qu’un véritable spectacle. Le mot « court-métrage » apparaît en 1922 dans les dictionnaires, devant l’allongement progressif des films. La séance de cinéma accomplit une mue progressive dans laquelle le court métrage devient un format d’exception : quelques bandes avant l'entracte qui précède le « grand film », à l’esthétique fortement influencée par le théâtre. Plus tard, le manifeste du 20 décembre 1953 formalise ce qui devint bientôt une des pierres angulaires de la pensée du court métrage : « À côté du roman ou des œuvres les plus vastes, existent le poème, la nouvelle ou l'essai, qui jouent le plus souvent le rôle de ferment, remplissent une fonction de renouvellement, apportent un sang nouveau. C'est le rôle que le court métrage n'a cessé de jouer. Sa mort serait finalement celle du cinéma, car un art qui ne bouge pas est un art qui meurt ».