Luzerne
La luzerne cherche à valoriser ses excellents résultats environnementaux

Après avoir divisé ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par plus de deux en dix ans, la filière de la luzerne cherche à valoriser ses résultats environnementaux exemplaires auprès des filières d’élevage, des coopératives, des pouvoirs publics et des centres de gestion. 

La luzerne cherche à valoriser ses excellents résultats environnementaux

La luzerne, plante à protéine fixatrice d’azote, qui permet de réduire la dépendance aux engrais azotés de synthèse et au tourteau de soja importé, a réalisé des progrès significatifs ces vingt dernières années par une réduction drastique de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) à travers sa filière de la déshydration.

Entre les périodes 2006-2009 et 2016-2019, les émissions de GES de la production de luzerne déshydratée en France ont été divisées par 2,3, ont indiqué deux chercheurs de l’Inrae, Pascal Thiébeau et Julie Auberger, lors d’une conférence de presse organisée par La Coopération Agricole - Luzerne de France fin 2023. Ces résultats, mis en évidence par l’Inrae et l’université de Reims Champagne-Ardenne, ont été publiés dans le Journal of Cleaner Production et diffusés dans un communiqué de l’Inrae, plein de reconnaissance pour les avantages de la luzerne, en septembre dernier. Ce secteur en avance, qui a bénéficié de la première génération des crédits de carbone (entre 2008 et 2012) en en vendant pour 5 M€, a réduit ses émissions de gaz à effet de serre, qui sont passés de 1,150 à 0,494 tonne d’équivalent CO2 par tonne de matière sèche de luzerne déshydratée entre les deux périodes, a souligné Pascal Thiébeau.

Pour atteindre ces résultats, la filière a réduit la teneur en eau du fourrage de 72,9 à 59,7 % grâce au préséchage au champ, diminué la température des fours qui était de 750 °C en 2006-2007 à 250 °C et remplacé le lignite et le charbon par du bois, du miscanthus et de la chaleur d’incinérateurs. « Avec la hausse du prix de l’énergie (le prix moyen du mégawattheure est passé de 12-15 € à 20-25 € en quelques années), si nous étions restés à l’énergie fossile depuis les années 2010, nous aurions eu une explosion des coûts et aurions fermé des usines », a commenté Yann Martinet, directeur de LCA - Luzerne.

En attendant les crédits de carbone

Maintenant, la filière s’emploie à faire valoir ses acquis. « Nous cherchons à valoriser l’absence de fertilisation minérale azotée, fortement émettrice, et la restitution d’azote aux cultures suivantes, ainsi que le stockage de carbone dans les racines de cette plante triennale », a ajouté Honoré Labanca, responsable agronomie LCA - Luzerne. Valoriser ces aménités (agrément ou avantage économique qui présente un caractère marchand ou non directement marchand, NDLR), reconnues par les scientifiques, oui mais sous quelle forme ? La filière étudie plusieurs pistes comme la vente de crédits carbone, des primes de filière, tout en cherchant à percer davantage sur les marchés de la nutrition animale. « Nous travaillons à la production de références et collaborons avec les centres de gestion pour quantifier des avantages de la luzerne tel le bas niveau d’intrants (phytos et engrais) utilisés. Parallèlement, nous créons des produits mieux segmentés, qui répondent à des marchés spécifiques : cheptel équin, aspect santé et bien-être des vaches et chèvres laitières ». Prochainement, la filière sortira des références concernant l’intérêt de la luzerne pour la santé gastrique des porcins, animal jusque-là peu concerné par la luzerne.