Levée du tournesol
Technique : Ruser face aux oiseaux voraces lors de la levée du tournesol

Berty Robert
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Lors de ses dernières Rencontres techniques, organisées à Dijon, Terres Inovia a notamment abordé la question de la prévention des dégâts d’oiseaux à la levée en culture de tournesol et les maladies des pois d’hiver.

Technique : Ruser face aux oiseaux voraces lors de la levée du tournesol
Les Rencontres techniques Terres Inovia accueillaient cette année leur public dans un amphithéâtre de l'Institut Agro Dijon.

Terres Inovia avait décidé de changer de décor pour l’édition 2023 de ses Rencontres techniques. Après plusieurs années à Beaune, c’est l’Institut Agro de Dijon qui leur a servi de cadre, le 23 novembre dernier. Au programme, de nombreux aspects abordés et même une sortie aux champs. Deux sujets ont particulièrement retenu notre attention : les dégâts d’oiseaux à la levée du tournesol et les maladies sur pois d’hiver (voir encadré). La question des dégâts d’oiseaux à la levée du tournesol est un véritable défi à relever qui ne doit pas être pris à la légère. Les « suspects » sont relativement simples à identifier : il s’agit des corbeaux et des pigeons. Si leur action est source d’angoisse légitime pour les cultivateurs, leur pouvoir de nuisance est toutefois à relativiser. Comme le précisait le technicien de Terres Inovia qui intervenait sur la question, « à l’échelle nationale, 5 % des plants sont détruits de cette manière et on ne compte que 10 % des parcelles avec ces nuisibles ». 2023, néanmoins, s’est caractérisée par une recrudescence des attaques d’oiseaux ayant entraîné de véritables difficultés d’implantation. La raison est peut-être à chercher du côté d’une période de semis et levée qui a été très longue (de 15 à 20 jours pour les semis d’avril). « Le défi, expliquait le technicien, c’est de positionner les périodes de semis là où les besoins alimentaires de l’animal sont les plus faibles, d’où l’importance d’une meilleure connaissance de l’animal ». C’est d’autant plus important qu’il n’existe aucun répulsif pour le tournesol.

Mieux connaître les comportements des oiseaux

Il faut donc se tourner vers la recherche dans ce domaine. On peut notamment citer le projet de Limitation des dégâts d’oiseaux (Lido) dans lequel les Chambres d’agriculture sont impliquées, avec d’autres. « On y travaille à une amélioration des connaissances sur les comportements des ravageurs, avec la pose de balises GPS sur certains spécimens afin de connaître et analyser leurs déplacements ». L’objectif, d’ici deux à trois ans, du projet Lido, c’est de mettre au point un modèle de prévision du risque d’attaque. D’ici là, il importe vraiment de poursuivre les déclarations de dégâts pour alimenter les classements d’espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod) qui permettent de justifier la régulation des populations. Par ailleurs, à Terres Inovia, on confirme procéder à des tests destinés à repousser, perturber, cantonner les nuisibles ou les esquiver, sans, pour l’heure, obtenir de résultats satisfaisants. En conclusion, face à ces dégâts d’oiseaux sur le tournesol, il n’existe pas aujourd’hui de solution clé en main opérationnelle et suffisamment efficace. Le travail se poursuit pour identifier des leviers pertinents mais, en attendant, priorité doit être donnée à la qualité d’implantation, avec une fermeture des rangs et une levée rapide. Des solutions qui peuvent être utilement renforcées par de l’effarouchement en début de cycle.

Terres Inovia vient de publier un guide dédié à la phase d’implantation du tournesol : « Réussir son implantation pour obtenir un tournesol robuste ». Disponible au prix de 20 euros.

Pois d'hiver : des maladies à anticiper

Pour cette culture, 2023 aura été synonyme de forte pression maladie, avec la présence d’un complexe bactériose, ascochytose et colletotrichum. Les impacts ont été variables sur les rendements. Des observatoires ont été lancés pour tenter de mieux comprendre ces maladies et constituer une collection des souches de colletotrichum et de bactériose. Les premières analyses ont montré une présence du colletotrichum (responsable de l’anthracnose) dans tous les échantillons positifs à la bactériose. Si les premiers signalements de colletotrichum à l’international remontent aux années 1980, en 2023, la maladie s’est généralisée à tout le nord de la France. Pour diagnostiquer ses parcelles de pois, Terres Inovia propose un tableau avec trois indicateurs :

- la répartition des symptômes ;

- la surface de la plante touchée ;

- l’état du bas des tiges (qui conditionne l’alimentation de la plante).

L’incidence de l’implantation a son importance dans les leviers de prévention des maladies envisageables. Ainsi, la profondeur du semis à 4, voire 5 ou 6 cm sécurise face à la phytotoxicité. Il faut aussi capitaliser sur les comportements des différentes variétés de pois, dont certaines résistent mieux au froid. Les leviers de prévention peuvent donc être des dates de semis tardives, après le 10 ou le 15 novembre, une bonne profondeur de semis et les choix variétaux. Il importe d’observer régulièrement sa parcelle dès la sortie d’hiver et de bien diagnostiquer son pois en cas de symptômes précoces. Enfin, il faut protéger sa parcelle et appliquer une stratégie de protection en deux temps : une première précoce et une seconde en début de floraison.