EXCLU WEB / Le Varenne de l’eau n’affectera pas les nouveaux Sdage

Contrairement à ce que les chambres d’agriculture espéraient, le Varenne de l’eau n’aura pas d’effet sur les Sdage 2022-2027, résultats de deux ans de négociations à l’issue des Assises de l’eau. Le ministère de la Transition écologique a rejeté un changement de calendrier qui aurait permis d’intégrer les nouvelles règles concernant les volumes hors étiage.

EXCLU WEB / Le Varenne de l’eau n’affectera pas les nouveaux Sdage

Depuis le début du Varenne de l’eau, la profession l’espérait au moins autant que les associations de protection de l’environnement le redoutaient. Pourtant, la réouverture des schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) n’a pas été abordée frontalement durant le Varenne. Et en fin du processus, la position du secrétariat d’État à la biodiversité devrait rassurer France Nature Environnement : « Les conclusions du Varenne n’impactent pas le calendrier des Sdage ».

Chacun des douze bassins hydrographiques du territoire français se doit d’élaborer ce document de planification, issu de la loi sur l’eau de 1992, qui fixe les objectifs de qualité et quantité des nappes, ainsi que les mesures pour prévenir leur détérioration. Dès 2017, la plupart des bassins ont commencé à préparer la révision des Sdage 2016-2021, en élaborant des états des lieux. Mais les travaux se sont accélérés au cours des dix-huit derniers mois, dans la suite des Assises de l’eau et du décret sur la gestion quantitative publié le 23 juin 2021.

Après avoir été négociés âprement entre profession agricole et associations dans chacun des comités de bassin, puis soumis à consultation, les Sdage 2022-2027 sont désormais prêts à être votés, et la plupart des bassins devraient les valider d’ici début mars. Mais pour les chambres, les acquis du Varenne auraient dû remettre ce processus en cause. « J’en appelle à l’État pour qu’il suspende le vote des Sdage, afin qu’ils soient alignés sur les nouvelles politiques », a ainsi lancé Sébastien Windsor, président de l’APCA, à l’occasion d’un échange avec la presse le 2 février.

La question des volumes hors étiage

Principal point d’attention des chambres : le volume prélevable en période de hautes-eaux. Le gouvernement, rappelle Sébastien Windsor, a annoncé en conclusion du Varenne un complément au décret 2021, qui devrait donner la possibilité au préfet coordinateur de bassin de définir un volume prélevable « hors étiage ». Mais cette disposition est absente pour l’heure de la plupart des Sdage, et les chambres auraient souhaité voir les votes suspendus jusqu’à publication des nouveaux textes réglementaires. « Nous avons besoin de preuves concrètes et rapides », défend Sébastien Windsor.

Une ligne rouge pour FNE, déjà passablement agacée de constater plusieurs retours en arrière par rapport aux Assises de l’eau, dans le cadre d’un Varenne piloté par le ministère de l’Agriculture. « Techniquement, les préfets coordonnateurs peuvent déjà prévoir des volumes hors-étiage sur la base du décret de 2021 », souligne Florence Denier-Pasquier, évoquant des exemples dans le bassin Adour-Garonne. Elle rappelle également qu’une note publiée en décembre 2021 dans le cadre du Varenne prévoyait d’attendre les résultats d’une étude nationale commandée par l’OFB avant de publier les textes sur les volumes hors-étiage. Or, les conclusions de cette étude, indique la note, ne seront pas dévoilées avant fin 2022.

Dans ce contexte, la réouverture des Sdage n’aurait pas manqué selon elle de susciter « la colère de l’ensemble du monde de l’eau, et notamment du Comité national de l’eau ». Le cabinet de Bérangère Abba semble lui aussi souhaiter éviter les remous. Le Varenne n’entraînera donc pas de suspension du processus d’élaboration des Sdage, dont le vote se poursuivra comme prévu. Le décret attendu « sous deux ou trois mois » prévoira en revanche des évaluations des volumes hors-étiage par bassin, en autorisant les préfets coordonnateurs à définir par arrêté des volumes prélevable sur la base de ces résultats préliminaires.