Cave d'Azé
La petite récolte n’a pas gelé le chiffre d’affaires

Clara Desmottes
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Le 20 janvier se sont réunis à la Cave d’Azé vingt-neuf des cinquante associés coopérateurs pour l’assemblée générale de la coopérative, afin de clôturer l’exercice 2021-2022. Avec une demi-récolte en 2021, la cave a néanmoins su commercialiser et valoriser ses ventes, se dégageant un chiffre d’affaires supérieur à celui de l’exercice précédent. Une performance fruit des investissements passés.

La petite récolte n’a pas gelé le chiffre d’affaires
L'AG se tenait dans la nouvelle salle de la cave qui peut également accueillir des groupes pour des dégustations à côté du nouveau caveau.

Julie Jeanmeme, experte-comptable associée du cabinet BR Audit, a commenté l’évolution de l’activité et du chiffre d’affaires de l’exercice. Celui-ci s’élève à 8.378.041 € pour 15.846 hectolitres commercialisés, contre 7.761.021 € pour 18.499 hectolitres vendus sur l’exercice 2020-2021, démontrant une variation remarquable à la hausse de +7,95 % entre les deux exercices.
Ces chiffres peuvent paraître étonnants lorsque l’on se rappelle que la récolte ne s’élevait qu’à 10.217 hectolitres sur 264,8 hectares en 2021. Frappé par le gel début avril, l’avenir était incertain pour la production et la vente des vins avec la pandémie de Covid-19 menaçant certains marchés. Cependant, cette petite récolte sur les marchés vracs et conditionnés a conduit à une augmentation importante des cours, et donc, des valorisations côté commerces et stocks.
« Ce qu’on peut retenir, c’est que malgré nos 10.000 et quelques hectolitres, on s’en sort plutôt bien sur cet exercice 2021, commentait soulagé Dany Grandjean, président de la cave. On a réussi à maintenir le chiffre d’affaires, voir le consolider ».
En effet, le chiffre d’affaires est en progression à l’image des ventes directes au magasin de la cave, sur le marché traditionnel des cafés, hôtels, restaurants, cavistes, sur les circuits des grandes distributions ou encore à l’export, grâce à l’important travail avec l’Alliance des Vignerons Bourgogne Beaujolais (AVBB). La part des ventes vrac au négoce est en revanche logiquement en repli de -2.500 hl en volume (5.000 hl, 32 % du total vendu) mais pour une valorisation équivalente (2,6 M€).

Plus de stocks écoulés

Reste que l’exercice 2021-2022 se traduit par un phénomène de déstockage avec donc 15.846 hectolitres commercialisés pour seulement 10.217 hectolitres récoltés. Ce ne sont pas les 674 hl en de VCI (Volume Complémentaire Individuel) qui viennent remplir les cuves pour l’an prochain. Tous les coopérateurs espèrent désormais refaire le plein pour la récolte 2023, à hauteur au moins des 16.000 hl de la récolte 2020. L’objectif est double et sera de conserver ces niveaux de valorisation, ce que les cours actuels du vrac semblent pour l’heure indiquer.
Car les belles performances de vente se sont accompagnées par une hausse des charges, notamment du fait des frais de matières sèches (bouteilles, cartons, …), naviguant entre pénurie et inflation. Et ce avant même les hausses des coûts de l’énergie début 2022… « Ce bilan 2021 n’est pas si vilain que ça. Le matin du 7 avril, on ne l’aurait pas pensé », veut néanmoins conclure Dany Grandjean. Ces chiffres représentent un soulagement pour les associés coopérateurs aussi de la cave : ils témoignent de son bon fonctionnement et de la bonne gestion de cette dernière. Même si les volumes en stocks ont maintenant diminué, la généreuse récolte de 2022 va pouvoir sécuriser un temps la cave. Tout le monde croise les doigts pour que la récolte 2023 soit aussi bonne !

Rénovation, certification et consommation : quel avenir ?

Cet exercice a également enregistré 464.800 € d’investissements avec notamment la belle rénovation générale. Les travaux aboutis, ce sont le magasin, la cave, les aménagements extérieurs et la signalétique qui ont fait peau neuve !
En parallèle, la cave a avancé sur sa certification « Vignerons engagés », un label s’inscrivant dans une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et durable, qui permet de conquérir des marchés, notamment en grande distribution et à l’export.
Adrien Grandjean, fils du président de la cave, présenta ensuite l’activité du magasin sur cet exercice.
L’ouverture de ce nouveau magasin s’est faite dans un contexte particulier, toujours en période covid, et sans inauguration officielle. Malgré cela, l’effet « nouveau magasin » a joué au début sur les ventes avec un « petit boom » (+21 % sur références Jules Richard ou sur les rouges « prestige »). Les blancs ont également connu une bonne passe (+11 % de chiffre d’affaires) avec des clients « achetant les bouteilles les plus chères ». Côtés crémants de Bourgogne aussi, malgré une hausse des tarifs client, les ventes se sont maintenues à l’identique. « Ce qui doit nous amener à réfléchir à notre politique tarifaire. On a toujours eu peur de faire les bouteilles chères, pour notre clientèle locale notamment, mais nous vivons un changement de génération avec moins de gros consommateurs et de nouveaux clients qui achètent moins, mais plus haut de gamme ». Néanmoins, avec l’inflation de fin 2022, début 2023, une baisse du panier moyen est observée, rendant urgent de patienter.