Commission des agricultrices
Témoigner des actions et des difficultés

Françoise Thomas
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C’est la première fois qu’un préfet venait ainsi à la rencontre des agricultrices du département. Les membres de la commission des Agricultrices 71 et la présidente des JA 71 ne peuvent ainsi que se féliciter de cet après-midi passée avec le préfet de Saône-et-Loire, Julien Charles en cette Journée internationale des Droits des Femmes. Une occasion unique de parler des difficultés du métier et de la place des femmes en agriculture, mais aussi de témoigner de leur dynamisme et de leur passion pour leur métier.

Témoigner des actions et des difficultés
Les représentants de l'Etat et du Département, à la rencontre des agricultrices et à l'écoute de leur quotidien et de leurs difficultés.

Communiquer, partager, expliquer, c’est la mission que s’est donnée depuis plus de 50 ans maintenant la commission des agricultrices de Saône-et-Loire, et l’accueil du préfet sur l’exploitation de l’une de ses membres, le lundi 8 mars, en a été une belle illustration.

Julien Charles a consacré son après-midi sur la ferme de Justine Petiot, membre de la commission, en Gaec avec son cousin à Ouroux-sur-Sâone.
Le beau temps étant de la partie, le moment a été agréable entre présentation de la commission, de ses membres et de ses actions. Mais c’était aussi l’occasion de rappeler quel fut le parcours des agricultrices depuis toujours jusqu’à aujourd’hui pour faire reconnaître ne serait-ce que leur travail.

« Lorsque la section a été créée, les femmes n’avaient aucun statut, rappelle Hélène Sassot-Doussot. Il a fallu attendre les années 1990 pour obtenir le statut de conjoint collaborateur ».
Et la présidente de la commission de rappeler qu’elle fut l’une des premières agricultrices a bénéficié d’un congé maternité… « c’était en 2008 ». Hier !

De l’humour

Si les choses évoluent, elles essuient encore régulièrement des remarques désobligeantes lorsqu’un commercial, par exemple, demande « à parler au vrai patron », après qu’elles leur aient répondu que c’était elle le patron. Témoignage aussi de cette viticultrice désormais à la retraite auquel le beau-père avait rétorqué, lorsqu’elle avait fait savoir son envie de tailler la vigne, « mais voyons, pour cela il faut avoir une vue d’ensemble ! ».

Des anecdotes comme celles-ci, il est certain que toutes celles présentes en avaient « des brouettes » à relater. Et si l’ambiance était plutôt « à l’humour et à la prise de recul », comme l’a souligné le préfet en fin de visite, il était important aussi pour toutes ces femmes d’en témoigner, de montrer à quel point rien n’est encore totalement acquis.
Désormais, c’est au sein des organisations professionnelles agricoles, les OPA, que les femmes doivent s’imposer, même si la mise en place de quota est souvent sujet à discussion…

De l’investissement

L’organisation de cette rencontre préfecture / agricultrices, on la doit à Nathalie Bonnot, la déléguée départementale aux droits des femmes. Sensibilisée depuis des années à la cause des femmes en général et à celle des agricultrices en particulier, elle souhaite « que toutes celles qui souhaitent être agricultrice puissent l’être pleinement », d’où son souhait de rééditer prochainement Son guide de l’agricultrice, recensant leurs droits et les contacts utiles dans le département.
« Chaque année, un repas est organisé entre le préfet et des femmes cheffes d’entreprise, élues, etc. Cette année, c’était impossible, relate-t-elle. Je n’ai donc fait qu’une seule proposition, celle d’aller à la rencontre d’agricultrices, ce qu’il a immédiatement accepté ! », tient-elle à souligner.

Et il est vrai que Julien Charles s’est montré intéressé sur la situation économique des exploitations, sur la gestion des fourrages après les étés de sécheresse, sur le parcours de Justine, qui accueillait la délégation, ou d’Angélique Babout, autre jeune femme agricultrice, par ailleurs élue municipale et pompier volontaire...

L’intérêt était le même de la part du nouveau sous-préfet de Louhans, Philippe Delorme, très au fait du quotidien relaté, étant lui-même fils d’agriculteurs, éleveurs laitier en Vendée.

Des sacrifices

« Depuis trois ans et avec trois sécheresses, je n’ai pas pris de vacances », témoignait enfin Hélène Sassot-Doussot. « Nous aimons notre métier, mais la comparaison avec nos amis travaillant dans le privé est encore plus dur maintenant que nous avons des enfants et que nous ne pouvons pas du tout leur consacrer le même temps qu’eux. On se rend compte de tous ces moments que l’on perd », expliquait pour sa part Marine Seckler, présidente des JA71.

Au-delà de tout impact économique, c’est une réalité aussi très importante à rappeler.