EXCLU WEB / Les entrepreneurs inquiets de la hausse du carburant

Christophe Soulard
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Dans une conférence de presse, le 9 mars, la Fédération nationale entrepreneurs du territoire (FNEDT) s’est inquiétée de l’augmentation du GNR. Elle mettrait en péril nombre d’entreprises agricoles et forestières.

EXCLU WEB / Les entrepreneurs inquiets de la hausse du carburant

« Aujourd’hui, on est dans le trou complet », souffle Gérard Napias, président de la FNEDT. Il s’inquiète de la hausse du prix des énergies fossiles, notamment du gazole non routier qui a pris « 200 % en un an ». Vendu à 0,60 euro le litre en mars 2021, il atteint maintenant 1,55 euro en moyenne. « Même 1,785 € en Isère », complète-t-il soulignant que le GNR a « augmenté de 10 centimes la seule journée du 7 mars en l’espace de quatre heures ! ». La dynamique était déjà engagée avant le conflit ukrainien mais ce dernier a aggravé la situation, selon Guillaume Le Gonidec, chargé de mission Travaux agricoles à la FNEDT.

« Rationnement »

En plus de cette hausse qui met à mal les trésoreries des entreprises, s’ajoutent des problèmes d’approvisionnement. Les entreprises sont en effet très gourmandes en GNR. Selon la nature des travaux agricoles ou forestiers, la facture peut vite grimper : « Pour de simples travaux forestiers, il faut tabler sur environ à 30 litres/ha. Mais on monte à 60/100 litres/ha pour un broyeur. Dans le dernier cas, le surcoût représente 400 euros par jour », explique Patric Durand, directeur de la FNEDT. « Un tracteur consomme 200 litres de GNR par jour, ce qui fait donc 200 € de plus. Pour nous l’important n’est pas de facturer quand le GNR est le plus élevé, mais d’absorber ce coût supplémentaire du GNR », renchérit Gérard Napias. Au cours actuel du GNR, la Fédération estime qu’une journée d’ensilage d’herbe fait perdre à l’entrepreneur 500 à 800 euros par jour si on ne répercute pas l’augmentation des prix. Surtout, les distributeurs commencent à calibrer les commandes : « On demande 15 000 litres. On n’est livré que de 4 000 » se plaint Gérard Napias citant des « rationnement » en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, en Normandie « où les livraisons se font en quatre fois », dans le Grand-Est, en Occitanie, en Dordogne… « Or le rationnement est une législation d’exception et la France n’est pas en guerre », martèle le président de la FNEDT.

« Ça crie de tous les côtés »

C’est là le nœud du problème. Faire accepter aux clients une nécessaire revalorisation des tarifs pour passer le cap. L’idée d’une indexation fait son chemin surtout dans le cas d’une contractualisation réalisée sur deux ou trois ans. Mais à quel taux ? « Il y aurait bien la solution d’un remboursement anticipé de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (Ticpe) », expose Gérard Napias. « Mais l’Etat refuse d’avancer le remboursement de cette taxe. Or ça nous permettrait d’avoir une trésorerie pour remplir nos cuves », explique-t-il. La Ticpe est calculée selon les volumes vendus ou utilisés et non sur le prix de vente du carburant. Elle est généralement remboursée à la fin du printemps de l’année N+1 (juin 2022 pour les volumes consommés en 2021) Cela peut représenter pour les agriculteurs environ 500 euros par an. « Selon la taille des entreprises du territoire, le Ticpe peut peser de 5 000 euros par an pour les plus petites à 40-50 000 € par an pour les plus importantes ». En attendant que le Gouvernement prenne une décision, « ça crie de tous les côtés dans nos assemblées générales », confirme Gérard Napias. La FNEDT peu encline à manifester voit poindre la gronde des campagnes. « On ne pourra pas les tenir longtemps. Même les entreprises de travaux publics commencent à réagir », justifie-t-il.