Fédération des Vignerons indépendants de Saône-et-Loire
Faire front commun

Cédric Michelin
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Le 21 février à Davayé, la Fédération des Vignerons indépendants de Saône-et-Loire tenait ses assemblées générales. L’occasion de revenir sur l’année écoulée, mais aussi sur la nécessité de « faire front commun », tous vignerons et agriculteurs ensemble. C’est aussi le message porté par Eric Palthey qui laisse sa place de président après dix ans à ce poste.

Faire front commun

Le président de la Fédération, Éric Palthey débutait par l’assemblée extraordinaire visant à modifier quelques points des statuts, notamment la nouvelle adresse des bureaux (210 Boulevard Henri Dunand à Mâcon), la possibilité pour un vigneron retraité d’adhérer avec un domaine adhérent… des « toilettages » des statuts rapidement acceptés à l’unanimité et rentrant en application à la suite pour l’assemblée ordinaire, cette fois, pour faire le bilan habituel de l’année écoulée.

Avant cela, le député du Mâconnais, Benjamin Dirx – allant aussi à l’AG des crus du Beaujolais – rappelait le vote du maintien du dispositif TO-DE, dispositif d’exonération des cotisations patronales pour les travailleurs occasionnels, qui a été prolongé pendant trois ans jusqu’à fin 2025. Toujours dans la dernière loi de Finances, l’épargne de précaution a été reconduite également. Enfin, le député de la majorité redisait être conscient de l’importance des « transmissions » viticoles, avec deux amendements permettant d’augmenter le plafond d’exonération à 75 % de la transmission à titre gratuit de biens ruraux loués, plafond rehaussé à 500 000 euros (contre 300.000 auparavant) dans le cadre d’un engagement à conserver le bien 10 ans (au lieu de 5 ans actuellement). Au-delà de ce plafond, l’abattement est de 50 %. « Cela commence à être intéressant et j’aimerais aller plus loin, toujours pour éviter de voir parfois vendu à des investisseurs étrangers » des vignes de Bourgogne, alimentant la « spéculation » foncière, dénonçait-il.

Moins de visiteurs mais de « meilleurs »

Après ce point législation fiscale, la secrétaire générale de la Fédération, Muriel Denizot reprenait le cours normal de l’assemblée pour revenir sur l’activité de l’année. Avec 144 adhérents (dont 4 retraités), la Fédération représente une belle surface équivalente à 852 ha d’AOC communales avec en plus 1.070 ha d’appellations régionales. Après ces années Covid, le retour à la normale semble tenir. Les cotisations ont permis d’organiser finalement la marche gourmande (annulée en 2020 et 2021) à Mercurey comme initialement prévue. 615 marcheurs ont profité de la vue et du repas. « On limite à 800 marcheurs au maximum, car on a peu de bénévoles vignerons », grondait-elle doucement, mais sans viser les 33 bénévoles présents à Mercurey. Elle se disait néanmoins rassurée pour l’édition 2023 qui aura lieu à Davayé, commune viticole où la Fédération compte le plus grand nombre d’adhérents. Ainsi, le 18 juin prochain, les appellations pouilly-fuissé et saint-véran seront mises en valeur. L’autre moment festif est le pique-nique qui a lieu chaque week-end de la Pentecôte, en mai cette année. « C’est certes une période chargée à la vigne » mais, Muriel Denizot aimerait qu’il y ait plus de domaines ouverts. Reste les Salons des Vignerons indépendants pour accueillir les amateurs de vins de domaines. Après les années frustrantes 2020 et 2021 qui avaient vu beaucoup de salons annulés, 2022 a permis de retrouver les clients, mais dans une proportion « loin d’atteindre les chiffres de fréquentation de 2019 », avec sur certains salons, « une érosion du visitorat de -15 à -20 % ». Toutefois, le bon côté se trouve dans des paniers moyens et des chiffres d’affaires en hausse avec ces « meilleurs acheteurs ».

Encore faut-il avoir évidemment du vin à vendre, ou des bouteilles et autres matières sèches pour les vendre justement, tant les délais de livraison se sont allongés de partout, n’épargnant pas la Fédération comme les autres fournisseurs, à l’image des 6-8 mois d’attente pour certaines capsules-congés logotés. Ce qui n’a pas empêché la Fédération d’en vendre 3,6 millions en 2022 (contre 3,8 M en 2021), soulignant néanmoins l’effet du gel sur le millésime 2021. « On a commandé en gros volume pour avoir plus de stocks et avoir la possibilité de mieux vous satisfaire », annonçait Éric Palthey.

Parmi les autres services, outre le club des fidèles partenaires, d’autres achats groupés ou offres de service - comme des formations informatiques ou de la téléassistance - sont aussi réservés aux adhérents.

La HVE née pour la transition des vignerons

Après cet honorable bilan, le responsable de la commission syndicale à la Fédération nationale, le vigneron du Vaucluse (Beaumes-de-venise), Thierry Vaute – ancien JA – revenait sur « la défense du métier, fer de lance de notre mouvement » et complémentaire des autres syndicats, analysait-il aux côtés de la FNSEA, la Cnaoc ou les Caves coopératives, ayant chacun son rôle à jouer. Forte de ses 7.000 adhérents au national, Thierry Vaute sait « qu’on a du poids dans les ministères », lui qui était venu à Davayé pour « construire une feuille de route, avec une prise de température permanente » des adhérents, avec l’aide des animateurs des Fédérations, en l’occurrence Léa Bancillon en Saône-et-Loire.

Revenant sur l’intervention sur la certification HVE (dans une prochaine édition), Thierry Vaute rappelait son origine et ses objectifs. « Ce sont les Vignerons indépendants qui ont poussé la HVE. Ce n’est pas le meilleur dispositif, ni pour remplacer le bio, mais le fruit du constat que beaucoup de vignerons n’avaient pas enclenché leur transition écologique », la certification Haute valeur environnementale devant simplement « montrer nos vertus, nos savoir-faire et le faire-savoir, tout en intégrant la biodiversité, car tout le monde ne peut passer en Bio », redisait-il, faute de marchés en face. Ce que la crise du Bio est en train de confirmer. Il appelait donc à « ramener de la raison dans les débats » en ne s’opposant pas « entre nous, comme sur les Chartes ZNT riverains, car on tourne en rond » avait, lui aussi, appelé un peu plus tôt, Marc Sangoy, élu chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. Pour le DDT, Jean-Pierre Goron, « la Charte ZNT met aussi en place des formes de communication avec vos riverains », ce qui doit apaiser et « réduire la furie des lois ». Dommage que plus aucun député n’ait été là pour l’entendre, regrettait la salle.

Annonçant son intention de quitter la présidence « au bout de dix ans », Eric Palthey pouvait se féliciter de « bien terminer avec la récolte 2022 » et surtout de nouvelles commissions et nouveaux services aux adhérents.

Thierry Vaute
Jean-Christophe Remond, nouveau président

Jean-Christophe Remond, nouveau président

Le 28 février, à l’unanimité, Jean-Christophe Remond a été élu à la présidence de la Fédération des Vignerons Indépendants de Saône-et-Loire, succédant ainsi à Éric Palthey. Âgé de 55 ans et installé à Charnay-lès-Mâcon depuis 1997, il y exploite 14 ha de vignes avec sa femme. Avec l’appui de son conseil d’administration, Jean-Christophe Remond souhaite maintenant poursuivre le développement de la fédération, travailler en réseau avec les différentes organisations professionnelles agricoles du département, développer les services pour ses adhérents et faire entrer des jeunes au Conseil d’Administration pour les former à prendre la suite.

Le conseil d'administration réuni autour du président Eric Palthey (au centre, chemise blanche à carreaux)