Lait bio
Le « pire » est encore à venir

L’année 2023 ne marquera pas une embellie sur le marché du lait bio. Pis, les opérateurs, contraints de déclasser massivement, pourraient ne pas pouvoir maintenir le prix payé aux producteurs, s’inquiète la FNPL.

Le « pire » est encore à venir

« L’année 2023 sera pire que 2022 » pour les producteurs de lait bio, pressent le président de la FNPL (producteurs de lait, FNSEA), Thierry Roquefeuil qui s’exprimait le 28 février. La hausse des prix en rayon pourrait accentuer la baisse de consommation de produits laitiers bio, tandis que la collecte devrait rester stable. Ce qui fait dire au syndicat que les déclassements vont « continuer à croître » alors même que les cours mondiaux des ingrédients laitiers sont « en chute libre ». « Le déclassement pourrait coûter plus cher aux opérateurs d’ici mi-2023 » et ces derniers « pourraient ne pas pouvoir maintenir le prix du lait bio », analyse la FNPL. Entre moins de 15 % et plus de 40 % du lait bio, en fonction des laiteries, est aujourd’hui commercialisé comme du lait conventionnel. « Face à la baisse de consommation de produits bio, les grandes surfaces alimentaires ont réduit leur offre en magasin en 2022 de 8,5 % par rapport à 2021. En réaction, les opérateurs laitiers ont dû déclasser davantage de lait », relève l’Institut de l’élevage dans sa dernière publication Tendances.

Un sentiment d’abandon

La consommation de produits laitiers bio a fortement reculé en 2022 et les laiteries ne prévoient pas une reprise de la demande cette année. La baisse avoisine 10 % en volume sur le lait conditionné, le beurre et l’ultra-frais (yaourts, fromages blancs…). La chute la plus spectaculaire revient aux fromages, dont les ventes ont dégringolé de 16 %. Le tout est de ne pas accentuer la déconsommation en 2023 en évitant d’afficher des prix prohibitifs pour les ménages, tout en passant les hausses de tarif nécessaires pour rémunérer les producteurs, relève le président de la Coopération laitière et vice-président d’Agrial, Pascal Le Brun. Les opérateurs ont recherché « le juste équilibre » dans les négociations commerciales avec la grande distribution qui se sont achevées le 1er mars, assure-t-il. Maintenant, « c’est peut-être aux distributeurs de revoir leurs marges… », glisse-t-il.

Le coopérateur pointe le sentiment d’abandon que ressentent les producteurs vis-à-vis des pouvoirs publics. « Vous ne pouvez pas nous laisser en rase campagne dès qu’il y a des difficultés », a déclaré le président de la FNPL, Thierry Roquefeuil, à l’attention du gouvernement. « Le politique n’est pas au rendez-vous sur la bio », poursuit-il, alors que le gouvernement vient d’annoncer une simple aide de 10 M€ toutes filières confondues, en deçà des attentes. Le syndicat insiste sur la nécessité d’un soutien de l’État pour traverser la crise. « Si les producteurs continuent de se déconvertir, voire d’arrêter le métier, on va manquer de bio à nouveau dans deux ou trois ans », alerte son président.