Frelon asiatique
La Saône-et-Loire en pointe dans la lutte

Marc Labille
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Redoutable prédateur d’abeilles, le frelon asiatique est aujourd’hui bien implanté en Saône-et-Loire. Dès les premiers signalements il y a cinq ans, le GDS Apicole 71 a déployé un plan de lutte efficace.

La Saône-et-Loire en pointe dans la lutte
Avec 80 nids de frelons détruits en 2020 et 70 pièges distribués ce printemps, le plan de lutte départemental contre le frelon asiatique porte ses fruits, explique Marc Piard, président du GDSA 71.

« Le frelon asiatique a fait son apparition en Saône-et-Loire il y a environ 5 ans. Il est aujourd’hui présent sur tout le territoire départemental et commence à s’installer dans le Jura, le Doubs, la Haute-Saône… », énumère Marc Piard, président du Groupement de défense sanitaire apicole de Saône-et-Loire (GDSA 71). Dès l’arrivée de ce redoutable prédateur d’abeilles dans le département, le GDSA 71 s’est doté d’un plan de lutte contre le frelon asiatique. Ce plan consiste « au piégeage des reproductrices au printemps, à la destruction des nids et à la formation des apiculteurs », présente Marc Piard. Grâce à la mobilisation précoce du GDSA 71, la Saône-et-Loire est l’un des départements qui a réagi le plus promptement à la colonisation du frelon asiatique. 

Une menace pour les petits ruchers

Connu pour faire des ravages dans les ruches, le frelon asiatique est non seulement un danger pour les apiculteurs, mais il est aussi une menace indirecte pour la biodiversité, explique le président du GDSA 71. En effet, c’est sur les petits ruchers que le prédateur a l’impact le plus significatif. En Saône-et-Loire, 90 % des apiculteurs ont moins de 20 ruches, fait valoir le président qui explique que ce millier et demi de petits ruchers a un rôle majeur en termes de pollinisation et de biodiversité. D’où la nécessité de réguler le prédateur à leurs abords. 

Au-delà de l’apiculture, du fait de son agressivité et de la présence de ses nids à proximité d’habitations, le frelon asiatique représente également un danger en termes de sécurité publique. Des arguments que le président du GDSA a fait valoir lorsqu’il est allé défendre le plan de lutte contre le frelon asiatique auprès du préfet. 

Aide du Département pour la destruction

Un financement s’est rapidement révélé indispensable pour conduire à bien l’opération. « La destruction des nids de frelons asiatiques fait appel à des substances biocides que seuls les désinsectiseurs professionnels sont autorisés à utiliser. Or le coût d’intervention d’un désinsectiseur s’élève à 160 – 180 € par nid », confie Marc Piard. C’est le Conseil départemental de Saône-et-Loire qui a finalement accepté de soutenir le GDSA dans sa lutte collective. 

Pour le domaine public, tous les maires de Saône-et-Loire ont reçu une note de la part du GDSA 71 les encourageant à détruire les nids de frelons asiatiques. « Un maire doit prendre les mesures qui s’imposent pour protéger ses administrés », informe Marc Piard, lui-même maire de sa commune. Quant au domaine privé, les particuliers sont invités à faire appel au GDSA 71 qui, grâce à l’aide du Département, prend en charge la destruction par un professionnel. 

Une « hotline » et deux référents frelon asiatique

Pour répondre aux appels des particuliers, le GDSA 71 a mis en place une « hotline » avec deux référents frelons. Après le signalement, un technicien sanitaire du GDSA se rend sur place puis fait intervenir un désinsectiseur qui a signé une convention avec le GDSA 71. Grâce à l’aide du Département, l’intervention est gratuite pour le propriétaire, fait remarquer Marc Piard qui ajoute que sans cette prise en charge, les particuliers renonceraient à faire détruire les nids de frelons. Plus de 80 nids ont été détruits en 2020, informe le président qui précise que la saison de destruction s’étale de juin à octobre. Parallèlement, le GDSA 71 distribue à ses techniciens des pièges pour capturer les frelons au printemps. 70 ont été distribués cette année. Ces pièges sont réservés aux apiculteurs, informe le président qui précise que le piégeage n’est là que pour prévenir la prédation à proximité des ruches. En effet, un piégeage généralisé risquerait de détruire d’autres insectes qui ne sont pas nuisibles.

En cas de suspicion de présence de frelons asiatiques, le GDSA 71 invite à prendre une photo de l’insecte ou du nid puis à contacter ses deux référents frelons : 06.45.77.00.67, mail jean.vivier@orange.fr ou 06.84.82.05.69, mail joel.chateau@wanadoo.fr

GDSA 71 : 14 techniciens experts du sanitaire apicole

Le Groupement de défense sanitaire apicole de Saône-et-Loire (GDSA 71) compte un peu plus de 500 adhérents apiculteurs sur un total de 1.500 détenteurs de ruches déclarés dans le département. Quatorze techniciens sanitaires apicoles se partagent la Saône-et-Loire au service des adhérents du GDSA 71. Bien que bénévoles, ces experts, tous formés au sanitaire apicole, interviennent chez les apiculteurs pour les maladies des abeilles. Épaulés par un vétérinaire conseil, ils sont les acteurs de terrain du sanitaire apicole. « L’abeille est sujette à de nombreuses maladies : virus, champignons, parasites… Nous avons mis en place un Plan sanitaire d’élevage qui nous permet de délivrer des médicaments vétérinaires », confie Marc Piard qui siège à la section apicole de la FRGDS Bourgogne Franche-Comté. 100 à 120 visites sanitaires par an sont réalisées par le GDSA 71. En Saône-et-Loire, le GDSA 71 tient à jour une base informatique des apiculteurs et des ruchers. « Cette base donne une bonne vision de l’apiculture en Saône-et-Loire. 97 % des apiculteurs du département ont moins de 100 ruches et plus de 90 % sont des amateurs (moins de 20 ruches). En 2020, bonne année apicole, la production de la Saône-et-Loire a été légèrement supérieure à la moyenne nationale », fait remarquer Marc Piard. 

Varroa : jusqu’à 30 % de mortalité par an pendant dix ans !

« Le varroa et les maladies virales de l’abeille qu’il provoque sont encore plus préoccupantes que le frelon asiatique », confie Marc Piard. Le varroa est un petit acarien externe, lui aussi originaire d’Asie, qui provoque des hécatombes dans les ruches. Non contents de se nourrir du corps gras de l’abeille et des larves (sorte de sang de l’insecte), 70 % des varroas sont porteurs du virus de la paralysie aigüe qu’ils inoculent à l’abeille. Ce parasite s’installe à l’intérieur des ruches, se multipliant à l’abri des alvéoles. Le taux de mortalité des abeilles a atteint 30 % pendant dix ans, jusqu’en 2018. En 2019, cette mortalité s’est un peu améliorée pour s’établir à 20 % et en 2020, elle était de 18 %, indique Marc Piard. « Le traitement annuel, voire pluriannuel avec des médicaments disposant d’une AMM est aujourd’hui impératif pour préserver la survie des colonies. Nous incitons les apiculteurs à faire des comptages de varroa dans les ruches en cours d’année. Si le nombre de parasites dépasse un certain seuil, alors il faut intervenir par un traitement (hors de la période de pose des hausses) ». Un des écueils de la lutte contre le varroa, c’est que tous les apiculteurs ne sont pas engagés dans la lutte, regrette le président du GDSA 71. « Il faudrait rendre le traitement obligatoire », estime-t-il.