Portrait Loïc Vermeil
Porté par ses passions

Françoise Thomas
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En Gaec avec son père à Saint-Martin-Belleroche, Loïc Vermeil fait partie de la jeune génération arborant fièrement la cote d’agriculteurs. Volontaire, curieux et conscient des opportunités à saisir, le jeune producteur de 24 ans entend mener ses projets comme il l’entend.

Porté par ses passions
« Baignant depuis toujours dans l’agriculture », Loïc Vermeil s’est installé en 2019 dans la ferme familiale avec son père après avoir envisagé de poursuivre une autre de ses passions...

Loïc Vermeil a un temps envisagé percer dans le secteur du sport de haut niveau et plus précisément en basket. Et puis, il a fallu se rendre à l’évidence : dribbler toute la journée et limiter son terrain de jeu à un parquet allaient vite l’ennuyer… Certes, c’est réducteur de présenter cette pratique sportive à ces deux éléments-là, mais il est clair que ça n’allait pas être suffisant pour un jeune homme tel que Loïc Vermeil.

« Je reste un passionné de sport, mais faire du basket tous les jours je n’en pouvais plus ! ». Un bac S en poche, « je me suis rendu compte que c’est en agriculture que je voulais travailler ». Il poursuit donc par un BTS Acse à Fontaines. « Ce que je voulais, c’est travailler pour moi, pouvoir faire mes propres choix ! ».

Vigne, vaches et céréales

Et c’est ainsi qu’il s’installe avec son père le 1er janvier 2019 sur la ferme familiale. L’histoire de cette dernière correspond à de nombreuses exploitations. Elle a été créée dans les années 1960 par le grand-père de Loïc, Charles, aujourd’hui encore passionné par son métier… Puis le père de Loïc, Didier, a repris le flambeau. Son jeune frère, Théo, est actuellement salarié sur l’exploitation, en attendant sans doute, de s’installer prochainement. À l’origine, la ferme est classiquement en polyculture élevage, avec notamment des vaches laitières. Les premiers rangs de vigne ont été cultivés dans les années 1980. 
La première évolution pour la structure se situe dans les années 2000 avec l’arrêt de la production de lait, « à la retraite de mon grand-père, mon père ne voulait pas avoir à gérer seul l’astreinte des traites, du coup il a opté pour des bovins viande », explique Loïc. Les premières limousines ont ainsi fait leur entrée sur le site.

« Nous avons actuellement 35 vêlages », précise encore le jeune homme, « nous avons en tout 180 ha, dont 20 ha de vignes, 130 ha de céréales, le reste en prairies ».

Pour ce qui est de la répartition des tâches, le père et ses deux fils touchent à tous les ateliers, « même si mon frère s’occupe un peu plus des vignes et mon père des vaches », détaille-t-il.

Une vigne en évolution

S’il a été salarié sur la ferme familiale dès la fin de ses études en juillet 2017, il a malgré tout eu l’occasion de faire des stages, notamment un qui l’a emmené deux mois au Canada. « C’était franchement au milieu de nulle part et loin de tout, mais ce qui m’a marqué c’est que là-bas tout était très automatisé », avec notamment, bien évidemment, un robot de traite dans cette exploitation laitière du Québec. Le jeune agriculteur en retient surtout qu’il ne faut rien négliger sur ce qui peut simplifier la vie et préserver la santé, lui qui est témoin que les problèmes de dos n’épargnent aucune profession…

Ainsi pour la taille des vignes, « mon père fut l’un des premiers à s’équiper d’un chariot de taille ». Assis à seulement quelques centimètres au-dessus du sol, « cet équipement nous offre un vrai confort de travail ».

La production de ces vignes entièrement en mâcon villages et certifiées HVE3 depuis l’an passé « est livrée à la cave de Viré ». Un principe coopératif qui leur correspond bien « nous qui préférons produire que vinifier ». Avec l’évolution des normes, et notamment la mise en place des ZNT, ils ont dû faire évoluer leurs pratiques. Indispensable vu le positionnement de leurs parcelles, cernées d’habitation, dans cette zone à proximité de Mâcon et où la pression foncière est importante.

Comme beaucoup, « depuis deux ans, nos plantations sont enherbées, avec de la fétuque, du trèfle, etc., grâce à un semoir emprunté à une coopérative et mon père a pris l’habitude de prévenir les voisins dès qu’il doit traiter, ce qu’il fait, en plus, tôt le matin ». Une communication et des efforts d’adaptation de leur part qui s’avèrent efficaces puisqu’ils n’ont à déplorer aucun incident avec les riverains !

Son projet à lui

Et si la vigne représente la grande majorité du chiffre d’affaires du Gaec, Loïc souhaite malgré tout créer un nouvel atelier… « j’ai en projet de faire du maraichage zéro pesticide en vente directe, ça me passionne depuis toujours ! ». Et le jeune homme a bien conscience que la proximité directe de Mâcon offre un potentiel intéressant. Il espère aussi pouvoir pratiquer des prix rémunérateurs : « je n’accepte pas que notre travail ne soit pas payé à son juste prix ».

Cet été, un essai de plantation de légumes sera réalisé à petite échelle dans le but de se faire connaître pour, par la suite, satisfaire une plus large clientèle.

À l'avenir, il souhaite consacrer un hectare à ces nouvelles cultures et mettre en place un système d’abonnements à des paniers. Sa compagne l’aidera pour la partie vente directe.

Pour se dégager du temps pour cet atelier, il envisage de baisser la production bovine à une vingtaine de vêlages et orienter aussi différemment la production de grandes cultures, « en diversifiant nos cultures, en semant notamment plus de luzerne pour le gain de temps et la meilleure valorisation qu’elle permet, en faisant aussi plus de prairies pour produire et commercialiser du fourrage » et peut-être embaucher...

On ressent chez ce jeune producteur une volonté farouche de défendre le métier qu’il aime, « une profession essentielle, celle qui nourrit tout le monde ».

Et à travers ses projets et son envie de communiquer directement avec les consommateurs, il défend aussi sa vision « d’une ferme familiale », au sein de laquelle il a la liberté de commercialiser son travail comme il l’entend pour qu’il soit rémunérateur « et pour que nous aussi on arrive à se nourrir ».