Institut de l'élevage
En 7 ans, l’élevage bovin viande s’est extensifié
Selon une récente étude de l’Institut de l’élevage (Idele), la superficie des exploitations agricoles « Bovins viande » a augmenté de 12 % entre 2014 et 2021, mais la taille de leur troupeau s’est stabilisée depuis 2017. À l’échelle nationale, le chargement a diminué de 0,07 UGB/Ha de surface fourragère principale (SFP) en sept ans.
En France, les producteurs de bovins viande accroissent la superficie de leur exploitation sans augmenter systématiquement les effectifs de leur cheptel. Une étude d’Idele réalisée auprès des 1.550 éleveurs du réseau Inosis, représentatifs de l’ensemble de la filière bovins viande pour apprécier « la dynamique d’évolution des structures d’exploitations bovins viande », est riche d’enseignements. Elle révèle que la superficie de leurs exploitations agricoles a augmenté de 12 % entre 2014 et 2021 pour atteindre 167 hectares dont 127 hectares de SFP. À l’échelle nationale, la conséquence majeure de cet agrandissement sans accroissement de troupeau est la baisse du chargement de 0,07 UGB/ha de SFP. Celle-ci atteint 0,15 UGB/ha SFP dans le Grand-Est. Dans le même temps, la production de viande a augmenté en moyenne de 8 % dans les élevages. La hausse atteint 14 % chez les naisseurs-engraisseurs. Ils s’appuient sur leurs cultures de vente pour nourrir leur troupeau, notamment les années de sécheresse. Cette catégorie d’éleveurs a les moyens de stabiliser leur chargement autour de 1,63 UGB/ha de SFP. Dans les systèmes naisseurs où les animaux sont nourris avec davantage d’herbe et de foin, le chargement est dorénavant de 1,08 UGB/ha SFP. En 2021, les producteurs de bovins naisseurs-engraisseurs étaient à la tête d’un troupeau moyen de cent vaches allaitantes (et même de 108 têtes s’ils sont très spécialisés) alors que les polyculteurs-éleveurs en possèdent en moyenne quatre-vingt-cinq. Dans le grand-ouest et dans le bassin du charolais, la taille des troupeaux augmente nettement plus (jusqu’à 10 % entre 2014 et 2021) que dans les autres régions. Mais ces accroissements sont toujours inférieurs à la superficie de leur exploitation (+12 % au niveau national).
Recours au salariat
Cette évolution s’inscrit en rupture avec la tendance observée avant 2014-2016 : les éleveurs reprenaient alors les terres de leurs voisins (qui se retiraient de la profession) tout en augmentant le cheptel de leur troupeau. Dorénavant, ils louent ou achètent des hectares supplémentaires pour conforter le système fourrager de leur ferme. Ce changement de paradigme explique en grande partie la décapitalisation bovine observée en France. Mais pas seulement. Des bassins de productions voient l’élevage allaitant disparaître à petit feu. En fait, la succession de canicules et le manque de main-d’œuvre sont un frein à l’agrandissement des troupeaux de vaches dans les fermes. Acheter des fourrages en période de sécheresse est ruineux. Par ailleurs, la main-d’œuvre disponible est rare et chère ! La part des exploitations ayant recours au salariat (41 %) a augmenté de 10 points en sept ans. Dans ces fermes, elle équivaut à 0,5 unité de main-d’œuvre (UMO) et même 0,75 UMO dans les exploitations où les cultures de vente représentent une part importante de l’activité de ces exploitations. Ce recours au salariat compense quelque peu la main-d’œuvre bénévole de moins en moins disponible. En sept ans, elle est passée de 0,5 UMO par exploitation à 0,4 UMO. Comme l’élevage bovin viande nécessite davantage de main-d’œuvre rémunérée, les gains de productivité (+2 % entre 2014 et 2021) sont proportionnellement plus faibles que l’augmentation de la production de viande : +8 % en moyenne et même + 14 % chez éleveurs naisseurs-engraisseurs.