Ambiance des bâtiments
Les secrets d’une bonne ventilation en élevage

Marc Labille
-

Dans un bâtiment d’élevage, de la qualité de la ventilation dépendent la santé et le bien-être des animaux. Quelques règles sont à respecter pour que vaches, veaux et même éleveurs y trouvent des conditions favorables à leur santé.

Les secrets d’une bonne ventilation en élevage
« Dans un bâtiment, le volume d’air doit être renouvelé au moins six fois par heure. Autrement dit, au paillage, toute la poussière doit avoir disparu au bout de six à dix minutes ! », rappelle Ludivine Perrachon du GDS 71.

Dans un bâtiment d’élevage, la ventilation est une composante incontournable de la qualité de l’ambiance. « Le volume d’air doit être renouvelé au moins six fois par heure (1.500 mètres cubes par heure). Autrement dit, au paillage, toute la poussière doit avoir disparu entre six et dix minutes ! », introduit Ludivine Perrachon du GDS 71. La ventilation permet de lutter contre l’humidité qui accentue la sensation de froid. « Une vache émet à elle seule dix litres d’eau par jour ! », rappelle la technicienne. La ventilation est là pour lutter aussi contre la présence de certains gaz : CO2, ammoniac… Repérable à son odeur et au fait qu’il pique le nez, l’ammoniac est très corrosif et irrite les poumons des animaux et des humains. La ventilation est aussi un moyen de gérer l’humidité de la litière et par conséquent la prolifération microbienne dont la température est un indicateur. Lorsqu’elle atteint 30-35 °C, les pathologies augmentent, notamment pour les petits veaux.

Attention aux petits veaux !

La difficulté dans une grande stabulation, c’est que les exigences ne sont pas les mêmes pour les petits veaux et pour les vaches. La vitesse d’air doit en effet être plus faible pour les jeunes veaux que pour leurs mères. « On doit pouvoir allumer un briquet dans une case à veaux », illustre Ludivine Perrachon. De même, les petits veaux supportent mal une colonne d’air froid au-dessus de leur dos. « Les stabulations de vaches ne sont pas adaptées aux petits veaux. Ils n’ont pas l’effet chaleur du rumen de leurs aînés ni de réserves énergétiques suffisantes à la naissance », explique la technicienne du GDS. Pour remédier à cet écueil, les éleveurs aménagent des plafonds au-dessus des cases à veaux.

Effet cheminée…

La ventilation d’un bâtiment est le plus souvent assurée par un effet cheminée : entrée d’air sur les côtés et sortie par le faîtage (à condition toutefois que l’édifice ne soit pas trop haut). La ventilation peut aussi être assurée par un effet vent. Dans ce cas, l’air entre par un côté et ressort par le côté opposé (à condition que la largeur le permette). Les entrées d’air doivent se trouver en hauteur, à 2 m ou 2,50 m. L’air pénètre dans le bâtiment à travers le bardage : lames de bois espacées, tôles ou translucides perforés, filets brise-vent… Ces entrées d’air sont dépendantes des vents dominants, des obstacles environnant le bâtiment (arbres, haies, talus, autres constructions…).

Entrées et sorties d’air

La sortie d’air se fait par différents types de faîtages : ouverture avec pare vent, chapeau, système Ubak… La conception même de certains faîtages est parfois en cause dans les problèmes de ventilation. Les profils à toitures décalées ne sont pas ce qu’il y a de mieux, pointe Ludivine Perrachon. L’ajout d’écailles entre deux rangées successives de plaques de fibrociment (épaisseur d’un tasseau) offre « un relais de ventilation supplémentaire quand elle est insuffisante », signale la technicienne. Parfois, la ventilation est compromise par « un effet rebond de l’air » dont la circulation est perturbée par les pannes du toit. Le remède est alors de recouvrir les pannes d’un faux plafond pour rétablir la bonne marche de l’effet cheminée. Dans tous les cas, il faut veiller à la propreté des entrées d’air : balayer les brise-vent, le bardage ajouré… Quand le bâtiment sert aussi de stockage, il peut arriver que le fourrage bouche les aérations. L’ambiance d’un bâtiment peut être compromise par des courants d’air créés par l’ouverture d’une porte d’accès, pendant le pansage… D’où l’utilité d’ajouter, dans les passages très fréquentés, des rideaux, bavettes, etc.

Confort et santé des éleveurs aussi !

Enfin, la bonne ventilation d’un bâtiment est appréciable aussi pour les femmes et les hommes qui y travaillent ! Le froid, l’humidité, les courants d’air n’ont rien d’agréable pour les éleveuses et les éleveurs. La poussière est aussi un problème pour les humains qui peuvent être atteints par la maladie du poumon du fermier. Le port d’un masque n’est pas à exclure quand la poussière est trop présente. À noter aussi, que l’humidité et l’ammoniac, corrosifs, favorisent aussi le vieillissement prématuré des bâtiments…

Le cas de la ventilation estivale

Contrairement à la ventilation hivernale, « la ventilation estivale implique des vitesses d’air importantes », explique Ludivine Perrachon. Dès 21 degrés, les bovins commencent à souffrir d’inconfort et l’humidité accentue ce ressenti en été aussi. Des ouvertures à volets modulables sont une solution pour une ventilation naturelle, à privilégier dans un premier temps. Si cela ne suffit pas, alors une ventilation dynamique peut être envisagée. Pour lutter contre la chaleur, l’isolation de la toiture est aussi recommandée. La brumisation ne peut se concevoir qu’associée à une ventilation dynamique, précise la technicienne du GDS.