Bâtiments d’élevage
Pour une bonne maîtrise du microbisme

Marc Labille
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Maitrise du microbisme, confort des animaux et bien-être de l’éleveur sont intimement liés. L’ambiance d’un bâtiment d’élevage se dessine dès sa conception en intégrant que le confort des animaux et leur accès à l’eau, à l’alimentation sont déterminants sur leur santé. A l’usage, la maitrise des pathogènes passe aussi par la gestion des litières, le nettoyage, etc…

Pour une bonne maîtrise du microbisme
La maîtrise du microbisme dans un bâtiment consiste à maintenir un équilibre entre les bonnes et les mauvaises bactéries, explique le vétérinaire Vincent Negny.

Dans les bâtiments d’élevage, microbes et parasites cohabitent inévitablement avec les animaux. Tout l’enjeu est de réussir cette cohabitation et c’est dans ce sens que le GDS 71 et les vétérinaires du GTV Bourgogne Franche-Comté sont intervenus l’automne dernier (lire encadré). « Le bâtiment comme les animaux sont sources de pathogènes », introduisait Vincent Negny, vétérinaire sur le secteur de Tramayes-Matour. Si virus et parasites sont toujours pathogènes, en revanche il existe des bonnes et des mauvaises bactéries. Certaines sont des hôtes naturels de la panse et de l’intestin des bovins tandis que d’autres déclenchent systématiquement des pathologies. D’autres encore ne deviennent pathogènes que quand leur population dépasse un certain seuil… La maîtrise du microbisme dans un bâtiment consiste donc à maintenir un équilibre entre les bonnes et les mauvaises bactéries, expose Vincent Negny. Sachant qu’il peut survenir « des dérapages lorsqu’un seuil pathologique est atteint soudainement, par exemple lorsque les veaux attrapent la diarrhée », illustre le vétérinaire. Il faut maintenir un niveau de pathogènes acceptable. L’intervenant rappelle enfin l’importance de la ventilation (lire par ailleurs).

Biosécurité : du bon sens !

La première règle est de limiter leur entrée dans le bâtiment. Cela s’appelle la biosécurité. La première précaution est de sécuriser les introductions d’animaux provenant de l’extérieur, rappelle-t-on. En hiver, il est même déconseillé d’introduire de nouveaux animaux dans le cheptel. La vigilance s’applique aussi à tous les intervenants en élevage, met en garde Vincent Negny qui préconise l’usage systématique du pédiluve et de lave bottes. « Les animaux malades doivent être isolés le plus possible », recommande le praticien qui évoque aussi tout ce qui concourt à augmenter l’immunité des animaux : vaccination, minéralisation… Le respect des règles de biosécurité, c’est aussi être vigilant dans l’usage de matériel d’élevage utilisé en commun. La gestion de la litière et des effluents est aussi très importante.

Un bâtiment nickel !

« L’idéal est de redémarrer la saison avec un bâtiment nickel », recommande Vincent Negny qui préconise un nettoyage du bâtiment à faire dès que possible : d’abord curer pour enlever toute la matière organique. Puis laver énergiquement. Un détrempage préalable permet de décoller la saleté incrustée avant lavage au nettoyeur haute pression qui doit faire disparaître toute trace de matière organique. Pour terminer, l’application d’un désinfectant est conseillée si un problème sanitaire est survenu la campagne précédente (pulvérisation à 2 m de hauteur). Enfin, ce nettoyage doit être suivi d’un vide sanitaire le plus long possible, complète le vétérinaire.

 

GDS et GTV à la pointe du sanitaire

L’automne dernier, le GDS de Saône-et-Loire consacrait ses matinées techniques en ferme à la gestion du microbisme dans les bâtiments. S’inscrivant dans le plan Écoantibio et l’amélioration du bien-être animal, ces ateliers animés par le GDS 71 et les vétérinaires du GTV Bourgogne Franche-Comté délivraient des leviers d’action pour une meilleure immunité des veaux et un meilleur confort tant pour les animaux que pour les éleveurs eux-mêmes.

Plafond sur les cases à veaux et bardage plus ajouré
A Saint-Pierre-le-Vieux, Benoit Barraud a installé des plafonds pour limiter l’air froid sur le dos des veaux.

Plafond sur les cases à veaux et bardage plus ajouré

L’un des rendez-vous s’est tenu à Saint-Pierre-le-Vieux sur l’exploitation de Benoît Barraud. Dans son bâtiment neuf datant de 2015, le jeune éleveur qui fait naître 75 veaux charolais a rapidement été confronté à de multiples problèmes de santé sur ses bovins. Aux nombreuses diarrhées ont succédé des maladies respiratoires récurrentes… Très vite, le froid a été identifié comme explication. Un test avec un grillage recouvert de paille au-dessus des cases à veaux a confirmé la nécessité d’aménager des plafonds pour limiter le volume d’air froid au-dessus des veaux. Ces derniers se sont tout de suite agglutinés sous ce nouvel abri et ils s’y sentent visiblement très bien, rapporte Benoît Barraud. Un autre écueil résidait dans la ventilation. Sous une stabulation à la fois très haute et très large, un test au fumigène a révélé que les entrées d’air n’étaient pas assez importantes. Les lames du bardage bois ont été écartées à 2,5 cm, décrit le jeune éleveur.