Bâtiments vaches allaitantes
Trois zones à bien penser !

Marc Labille
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Au cœur d’un bâtiment d’élevage allaitant, l’aménagement des espaces doit répondre aux besoins exigeants des vaches gestantes, de leurs vêlages, des petits veaux nouveau-nés et des veaux en croissance. Le GDS 71 et les vétérinaires du GTV Bourgogne Franche-Comté livrent leurs préconisations pour un aménagement sanitairement réussi.

Trois zones à bien penser !
Dans un bâtiment pour bovins allaitants, les animaux doivent disposer d’une case réunissant toutes les conditions pour une bonne préparation au vêlage.

Cases de préparation au vêlage, cases de vêlage et cases à veaux sont « trois zones à soigner pour moins soigner », introduisaient le GDS 71 et les vétérinaires du GTV Bourgogne Franche-Comté lors des matinées techniques en ferme consacrées à la gestion du microbisme dans les bâtiments. Cœur du réacteur d’un élevage allaitant, ces trois entités du bâtiment sont en effet le lieu où se joue une part importante de la réussite zootechnique. L’enjeu étant d’éviter les problèmes sanitaires et les pertes. C’est là que se joue la réussite des trois étapes cruciales que sont la prise colostrale, la propreté du cordon et l’adoption du veau. Un triptyque qui, s’il est atteint, promet du temps gagné après, argumentaient Ludivine Perrachon du GDS 71 et Vincent Negny, vétérinaire au GTV.

Une case pour la préparation au vêlage

Dans un bâtiment pour bovins allaitants, les animaux doivent disposer d’une case réunissant toutes les conditions pour une bonne préparation au vêlage. Dans une case de préparation au vêlage, la ration des vaches doit être adaptée. Pour la qualité du colostrum et le bon déroulement du vêlage, il faut notamment éviter le déficit énergétique, recommande le vétérinaire Vincent Negny. Le temps de la préparation au vêlage dure environ un mois. Il faut concentrer la ration à l’approche de la date du vêlage tout en préparant les papilles ruminales. C’est aussi le moment d’une cure d’oligo-éléments. Le vétérinaire incite à faire attention à la note d’état corporel, car la vache ne doit pas non plus être trop grasse au moment de la mise bas.

Mobilité réduite

La case de préparation au vêlage doit être adaptée à la réduction de mobilité de la vache pleine, poursuit le praticien. Il faut en effet qu’elle puisse accéder à l’alimentation sans difficulté. Une vache gestante a du mal à gravir une marche haute de 65 cm pour accéder à la table d’alimentation, fait-on remarquer. Pour le confort de la future mère, la marche ne devrait pas dépasser 25 cm, préconise Vincent Negny. Il faut également tenir compte du gabarit d’une vache pleine en termes de place à l’auge. À ce stade, les sols glissants sont proscrits et un rainurage peut être opportun. Dans la conception de la case, une longueur de marche adéquate est aussi pertinente pour les interventions à l’arrière des vaches, indique en connaissance de cause le praticien.

Dans la case, tout doit être fait pour limiter le stress des animaux. La litière doit être propre. Dans le cas d’une aire paillée intégrale, on recommande 9 à 11 mètres carrés par vache et la quantité de paille pour une bonne propreté s’élève à 8 – 12 kg de paille par vache et par jour, indique Vincent Negny. À noter que la sciure de bois ne convient pas pour les petits veaux, car elle est source de problèmes pulmonaires chez les très jeunes bovins.

Case de vêlage, véritable salle d’opération !

« L’idéal, dans un bâtiment abritant des vaches allaitantes, serait de disposer d’une case de vêlage et d’une case d’adoption, distinctes », recommande Vincent Negny. La case de vêlage est en effet source de problèmes sanitaires, car elle est un véritable milieu de culture : tous les animaux y séjournent ; la présence de sang, d’humidité en font une zone propice à la multiplication des germes, etc. « C’est une véritable salle d’opération », résume le vétérinaire. Aussi, cette case de vêlage doit idéalement être sur un sol bétonné nettoyable. Ses dimensions au sol doivent permettre à l’éleveur de pouvoir tourner autour de sa vache avec une vêleuse, indique le praticien qui donne le chiffre de 4 m X 4 m. Les barrières à césarienne sont recommandées. Elles peuvent aussi servir de barrière d’allaitement lors de l’adoption du veau.

La case de vêlage doit être à bonne distance des aires de vie des animaux, à proximité d’un local technique, équipé d’un ballon d’eau chaude. L’hygiène doit y être soignée, car c’est aussi le lieu où les problèmes de nombrils peuvent trouver leur origine. « L’idéal serait de nettoyer la case entre chaque vêlage », fait valoir Vincent Negny. Au minimum, il faut curer les zones à risque, recommande le praticien. Et une désinfection à l’aide d’un produit ou de chaux inactivée est indispensable.

Le nouveau-né craint le froid

La case à vêlage doit bénéficier de la meilleure surveillance et l’accès des éleveurs doit être facilité (passage d’homme). Le sol doit être dépourvu de marche et il doit être abondamment paillé. Les mères doivent pouvoir s’y alimenter et s’abreuver.

Dans la case à vêlage, la maîtrise de la température est primordiale. En effet, le petit veau naît mouillé et dans ces conditions, il lui faut téter sa mère le plus rapidement possible afin de faire le plein d’énergie grâce au colostrum. Pour réchauffer le veau, il peut être nécessaire d’opter pour des lampes chauffantes, des gilets, des niches…

Cases à veaux pratiques

Les cases à veaux doivent être pratiques, notamment en termes de surveillance. La température doit y être comprise entre 5 et 21 degrés. Comme les veaux craignent davantage le froid que les bovins adultes, il peut être nécessaire d’installer un système de plafond au-dessus de la case (lire par ailleurs). Les jeunes veaux doivent avoir accès à l’eau, à du fourrage, à de l’aliment et une pierre de sel. Le développement des papilles ruminales commence avant l’âge de 4 mois, rappelle Vincent Negny. La litière doit être curée dès lors que la température de celle-ci atteint 37 °C.

Lorsqu’un veau est malade, il faut veiller à ne pas contaminer les autres veaux et donc l’isoler. Le vétérinaire recommande également d’appliquer le principe de la marche en avant : autrement dit, terminer la tournée par les veaux malades.

 

 

Au moins deux abreuvoirs pour 12 à 15 vaches
Il ne faut pas hésiter à rajouter des points d’eau si nécessaire.

Au moins deux abreuvoirs pour 12 à 15 vaches

L’abreuvement est un élément essentiel dans une stabulation. « Quand elle boit, une vache absorbe jusqu’à 12 litres d’eau en une minute », indique Ludivine Perrachon du GDS 71. L’accès à l’eau et le débit des abreuvoirs sont donc des problématiques très importantes. Dans une case de vaches, « il faut compter au moins deux abreuvoirs pour 12 à 15 vaches », recommande la technicienne. Il ne faut donc pas hésiter à rajouter des points d’eau si nécessaire ; les équiper de niveau constant, et vérifier que le débit est suffisant… Le nettoyage régulier des abreuvoirs est également très important et leur conception doit le permettre. Le GDS attire l’attention aussi sur les problèmes de courants parasites qui affectent parfois l’abreuvement des animaux. Le problème est souvent révélé par des vaches qui lapent au moment de se désaltérer. Elles perçoivent un courant électrique dès quelques millivolts, confirme Ludivine Perrachon. Le GDS est équipé pour diagnostiquer ce type de problème qui peut parfois se résoudre par un raccordement de l’abreuvoir à une prise de terre.