Campagne céréalière 2020-2021 : A l’export, la France jouera les seconds rôles

Mis en ligne par Cédric MICHELIN
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En ne produisant que 31,3 Mt de blé et 12,3 Mt d’orges, notre pays ne pourra en exporter que 14,45 Mt et 6,35 Mt. Pour le blé dur, le bilan sera encore plus tendu que la campagne 2019-2020 juste achevée.

Campagne céréalière 2020-2021 : A l’export, la France jouera les seconds rôles

Ce ne sont pas les exportations de céréales à paille qui contribueront à relancer dans les mois à venir l’économie française. En s’appuyant sur les prévisions de production de blé, d’orges et de blé dur en cours de récolte du ministère de l’Agriculture, FranceAgriMer a présenté un panorama des débouchés des céréales produites durant la prochaine campagne céréalière. Cette année, l’organisme s’est livré à cet exercice dès le mois de juillet et non pas, comme les campagnes précédentes, au mois de septembre.

Renoncements

La baisse des productions de céréales à paille impactera les capacités d’exportations de la France alors que notre pays achève une campagne exceptionnelle. 21,2 Mt de blé et 7,8 Mt d’orges ont été vendues sur les 39,5 Mt et les 13,8 Mt produites. Au cours des douze prochains mois, seules 14,45 Mt de blé pourraient être exportées : 7 Mt au sein de l’Union européenne et 7,75 Mt vers les pays tiers. Ses clients seront l’Algérie et le Maroc essentiellement. La France devra renoncer à vendre autant de blé que la campagne passée à la Chine (1,5 Mt environ ; 3e client en 2019-2020) ou encore à l’Egypte (1 Mt). Le manque d’attrait pour le blé réduira l’appétit des fabricants d’aliments. 4,4 Mt seront transformées, soit 500 000 tonnes de moins que sur les douze derniers mois. La filière bioéthanol (1,6 Mt de blé distillée) parviendrait à se redresser malgré la chute des prix des produits pétroliers. La campagne commerciale d’orges 2020-2021 présente quelques similitudes. D’ici la fin du mois de juin 2021, 6,35 Mt seraient vendues à nos voisins européens (3,2 Mt) et hors de l’Union européenne (3,15 Mt). Les ventes baisseraient ainsi de près d’1,5 Mt. Or, durant la précédente campagne, la France avait livré plus de 3 Mt à la Chine, au Maroc et à l’Arabie saoudite.

Blé dur : une campagne tendue

La reprise de l’activité économique augure un redressement des exportations de malt (1,4 Mt) affectées les mois passés par les mesures de confinement et par l’arrêt de la production de bière dans de nombreux pays. Par ailleurs, 1,35 Mt serait transformée en aliments. La filière blé dur ne manquera pas de grains mais la campagne 2020-2021 sera encore plus tendue que celle qui s’achève. Seule 1,3 Mt serait récoltée et collectée, soit 400 000 t de moins que ces deux dernières années. Comme les utilisations domestiques sont incompressibles (l’industrie de la semoulerie consommera 500 000 t), la France ne pourrait vendre que 900 000 t de blé dur à ses vingt-six voisins et 100 00 tonnes hors de l’Union européenne. Or, la production européenne de grains baisserait de nouveau (7,3 Mt ; soit 0,2 Mt en moins sur un an). Elle devra donc importer de nouveau 1,9 Mt de blé dur d’ici le mois de juin 2021 alors que le marché mondial sera particulièrement tendu.

Faible balance commerciale

Au sein de l’Union européenne à vingt-sept, plusieurs pays membres (Bulgarie, Roumanie, Allemagne notamment) s’attendent aussi à une récolte de blé inférieure à celle de l’an passé. Aussi, seules 117 Mt seraient récoltées dans l’UE à 27. Toutes céréales confondues, la balance commerciale en millions de tonnes de céréales n’excèderait pas 16 Mt environ (25,9 Mt en 2019-2020). Les producteurs français se consoleront en partie de la mauvaise campagne commerciale de blé et d’orges qui s’annonce par l’abondante production de maïs attendue à la fin de l’été. L’Union européenne à vingt-sept en récolterait 71,9 Mt. Le regain de compétitivité de la céréale vis-à-vis du blé et de l’orge incitera les fabricants d’aliments à utiliser 66,9 Mt de grains. Mais la hausse de 0,5 Mt ne compensera pas la quantité de blé transformée en moins (1Mt). Toutefois, le marché européen mieux approvisionné réduira de 2,6 Mt sa dépendance aux importations (16,6 Mt).