Prévention ambroisie
L’importance d’identifier la coupable

Françoise Thomas
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L’ambroisie gagne du terrain. Arrivée d’Amérique du Nord sans doute fortuitement, cette plante invasive progresse sur le territoire national chaque année un peu plus depuis deux décennies et est désormais bien implantée en Saône-et-Loire. Et avec elle, son lot d’allergie et d’impacts sur les cultures. Il est important de savoir la reconnaître et d’agir.

L’importance d’identifier la coupable

La visite de terrain sur une parcelle de Viré était sans appel : ici et là, à chaque pas en fait, des pieds d’ambroisie à différents stades de croissance ! Un exemple parfait du mode de développement de l’ambroisie à feuilles d’armoise, plante exotique envahissante, qui pose d’autant plus problème qu’elle est véritablement allergisante.
Le PETR Mâconnais Sud Bourgogne a organisé jeudi 2 juillet, à destination des 121 communes de son territoire, une sortie sur le terrain avec message d’information et de prévention. Le but étant de recruter un maximum de référents ambroisie, à même d’identifier la plante et de faire remonter l'information pour alerter et sensibiliser les propriétaires des terrains impactés.

Pour découvrir la plante, les personnes présentes se sont rendues sur une parcelle de Philippe Mallier, viticulteur et céréalier à Viré. « Depuis cinq ans, l’ambroisie se développe partout sur la commune, explique ce dernier. L’an passé, sur cette parcelle il y avait du soja, cette année la rotation voulait qu’elle soit laissée en jachère. Je ne m’étais pas aperçu jusqu’à présent qu’il y avait de l’ambroisie ici. Elle est peut-être venue avec les engins de moisson l’an passé… ». 
L’ambroisie a trouvé là un terrain idéal pour se développer. « Je l’ai fauché il y a un mois, je vais devoir procéder à plusieurs coupes désormais », en surveillant de très près les différents stades d’évolution de la plante pour agir dès que nécessaire.

Très opportuniste

L’ambroisie est très peu exigeante : « elle se développe très bien sur les bords de route, entre l’herbe et le bitume, là où normalement rien ne pousse ! », relate Valentin Laroche, le représentant de la Fredon animant la sortie, pour montrer à quel point elle s’adapte au moindre "champ libre". Elle est aussi très persistante. « Les graines peuvent rester en dormance pendant des années dans le sol… et profiteront de la première occasion où la terre est à nu pour se réveiller », poursuit-il. D’où la nécessité absolue de surveiller pendant plusieurs années les endroits où l’invasive aura été repérée même si elle avait été gérée rapidement.

La problématique ambroisie se pose surtout avec les cultures de printemps, soja et tournesol, puisqu’elle suit le même développement végétatif, que les moyens de désherbage sont limités et que l’ambroisie a pour elle un développement végétatif rapide avec des levées potentiellement tardives.

Une fauche au bon moment

Dans le cadre d’un terrain agricole, l’exploitant a tout intérêt à agir tant cette plante est nuisible pour lui et ses cultures et gagne immanquablement du terrain chaque année.
Lorsqu’il ne s’agit que de quelques pieds, l’arrachage est le plus efficace mais est à réaliser avec précaution (voir encadré).
Sur les parcelles les plus infestées, la fauche reste la méthode la plus adéquate. Attention cependant à l’effectuer au bon moment. Trop tôt, la plante va immanquablement repousser et produire coûte que coûte ses fleurs, son pollen et ses graines. Trop tard, fleurs, pollen et graines auront été produits et la plante aura réussi la poursuite de son implantation, tout en distillant son pollen allergisant.
Il convient, lors d’une fauche, de ne pas couper trop ras pour laisser le moins de champs possible à cette plante très opportuniste qui prendra le dessus sur les autres herbes en présence.
De façon générale, conserver un couvert végétal reste l’un des moyens les plus efficaces d’empêcher son développement.

Une appli et un site

Après la plateforme, l’application « Signalement ambroisie » vient désormais compléter le dispositif d’alerte.
Ainsi tout un chacun peut signaler à tout moment et depuis son smartphone toute présence d’ambroisie, où qu’elle se trouve. L’idéal est de prendre une photo, cela permet au référent de gagner du temps car il peut immédiatement valider le fait qu’il s’agisse bien, ou non, de l’envahissante. De plus, la prise de vue géocalise l’endroit, permettant là aussi un précieux gain de temps. Ce signalement n’est pas anonyme. Il permet d’informer rapidement le propriétaire du terrain concerné. Il n’y a aucune mesure coercitive, aucune obligation à intervenir, mais le propriétaire en question sera informé de la problématique et des dangers et sensibilisé sur la nécessité d’agir.

Les précautions à prendre

Très allergisante, elle peut poser problème même à des personnes habituellement non sensibles. Et il n’y a pas que le pollen qui pose problème, même le contact de la plante avec la peau provoque souvent des réactions allergiques. « Plus on est en contact avec elle, plus les risques de développer des réactions augmentent. C’est -à-dire que ce n’est pas parce qu’il n’y a pas eu de réaction au premier contact que cela signifie que l’on n’y sera jamais allergique », prévient Valentin Laroche de la Fredon BFC.
D’où la nécessité de s’équiper de gants lorsqu’on l’arrache, de manches longues lorsqu’elle est en fleurs, voire de lunettes et de masques de protection pour les plus sensibles. Lorsqu’on la fauche, il convient de fermer les fenêtres du tracteur.