Chambres consulaires et organisations patronales
Pour une relance ambitieuse en Bourgogne Franche-Comté

Mis en ligne par Cédric MICHELIN
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Pour lutter contre les effets économiques et sociaux de la crise liée au Covid-19, le réseau des représentants des entreprises –les chambres régionales consulaires (agriculture, industrie, commerce, artisanat) aux côtés de la CPME, Medef et U2P (entreprises de proximité) de Bourgogne Franche-Comté – a exprimé le 3 juillet à Dijon une « ambition partagée pour une relance durable de l’économie ». L'objectif est de se soutenir les uns les autres pour ne pas voir tout l'écosystème économique régional s'effondrer comme des dominos.

Pour une relance ambitieuse en Bourgogne Franche-Comté

Après une première phase de crise au cours de laquelle les chambres consulaires et les organisations professionnelles de Bourgogne Franche-Comté se sont organisées en cellule d’appui pour informer, conseiller et accompagner des milliers d’entreprises de toute la région, de toutes tailles et de toutes activités face à la crise sanitaire et à ses conséquences, après une phase de sortie de confinement pendant laquelle ces même acteurs ont développé et adapté des prestations spécifiques pour permettre aux entreprises de redémarrer leurs activités dans les meilleures conditions, les représentants des entreprises de la région se mettent désormais en ordre de marche pour accompagner durablement les entreprises.
C’est le message fort annoncé en conférence de presse commune le 3 juillet à Dijon. Le casting est impressionnant puisque ces chambres consulaires et organisations patronales forment un bataillon de plus de 2.500 collaborateurs et élus. Autant dire qu’une fois tous bien coordonnés, la force pour relancer l’économie peut être efficace.
Ils entendent donc peser de tout leur poids collectif en participant à la définition et à la mise en œuvre des politiques publiques, en lien avec le développement économique territorial. Le 3 juillet, ils ont donc présenté les grandes lignes de leur « ambition commune » pour les entreprises qu’ils représentent et accompagnent au quotidien.

Quatre volontés claires

Leurs ambitions pour réussir et redonner confiance aux chefs d’entreprise s’expriment à travers quatre volontés :
- accompagner les chefs d’entreprise par un soutien et un conseil individuel permanent en complémentarité des opérations collectives difficiles à organiser ;
- mettre en place des services et des produits adaptés à la situation du redémarrage des entreprises ;
- mobiliser la représentation des entreprises pour son rôle de coordination et de facilitateur des parties prenantes des écosystèmes territoriaux, en partenariat avec les instances locales sur les actions choisies pour soutenir les entreprises ;
- utiliser les outils partagés existants ainsi que les dispositifs mis en place dans la période récente pour collecter et exploiter les informations auprès des entreprises et produire des baromètres facilitant des prises de décisions éclairées des instances de pilotage.

Du financement et des formations

Et ce n’est pas fini, affirmaient Rémy Laurent, président de la CCI, Emmanuel Poyen, président de la CMA et Christian Decerle, président de la chambre d’agriculture Bourgogne Franche-Comté aux côtés de Jean-Philippe Richard, président du Medef, Louis Deroin, président de la CPME et Christophe Desmedt, président de l’U2P toujours en Bourgogne Franche-Comté. Leur ambition commune va plus loin en voulant notamment « assurer le financement des entreprises à court, moyen et long termes ». Les signataires de la plateforme proposent d’ouvrir une concertation avec la place financière (banques privées et publiques) sur la création de produits d’épargne spécifiques. Les présidents veulent également relancer l’activité internationale des entreprises. Mais toutefois en préparant l’avenir et en respectant les attentes sociétales, c’est-à-dire en donnant une priorité aux entreprises locales dans le cadre des marchés publics en intégrant l’évaluation des pratiques RSE et environnementales.

Circuits courts régionaux

On retrouve là les réclamations de la profession agricoles pour consolider les pratiques de circuits courts mis en place durant la crise du type J'veux du local. Cette démarche de circuits courts pourrait se traduire à terme par un label de garantie local dans la production comme dans les actes de transaction pour des produits « équitables locaux », expliquent les chefs d’entreprise de la région. Ce qui irait dans le sens d’une autre volonté, celle de conduire une « politique d’attractivité économique des territoires par les entreprises ». Car, « l’attractivité des territoires grâce à leurs entreprises doit être portée par une politique régionale ambitieuse de promotion des entreprises, des savoir-faire et des produits ». Arrêter donc l’agribashing ou la désindustrialisation ou encore la délocalisation des services et des biens. Derrière, se cache en effet l’emploi de tous. À commencer par celui des jeunes entrant sur le marché du travail. Les organisations veulent donc un soutien à la formation et à l’emploi des jeunes en mobilisant les financements en faveur de la formation des salariés et des dirigeants. Un dernier volet sera de promouvoir les métiers et organiser une nouvelle politique d’orientation qui associe le Conseil régional, les milieux académiques, les acteurs de la formation professionnelle et les représentations des entreprises. Au centre de toutes les attentions, on retrouve la filière de l’apprentissage qui doit revenir en tête des formations et parcours professionnels.

Produits locaux : « Un beau chantier à conduire »

Produits locaux : « Un beau chantier à conduire »

Christian Decerle, président de la Chambre d'agriculture de Bourgogne Franche-Comté, était dans les locaux de la Chambre de commerce et d'industrie le 3 juillet à Dijon. Le responsable agricole participait à une conférence de presse dédiée à la relance de l'économie après l'épisode -certes non terminé- du coronavirus. Le Saône-et-loirien s'est félicité que soit réuni l'ensemble des forces économiques de la région, dans l'objectif commun de « repartir de l'avant » : « même si nos métiers sont très différents, cette crise sanitaire nous a rappelés que nos professions sont interactives. Nous avons tous à apprendre les uns des autres ».

Promotion et labellisation

Christian Decerle souhaite profiter de cette relance de l'économie pour « conserver » ce qui a été favorable au monde agricole ces derniers mois. Notamment l'engouement autour des produits locaux : « un regard nouveau a été porté sur notre secteur professionnel durant cette période si particulière. Nous devons travailler avec l'idée de maintenir du mieux possible ce dynamisme pour l'approvisionnement local. La montée en gamme et l'organisation autour de la plateforme numérique J'veux du local est intéressante et permet d'entretenir et de développer les liens entre les producteurs et les consommateurs. Je salue ici la volonté du Conseil régional de soutenir cette plateforme et de promouvoir ce dispositif. Le deuxième chantier sur lequel nous travaillons, cette fois-ci avec la Chambre des métiers et la CCI, s'articule autour d'une labellisation des distributeurs qui mettront en avant les produits locaux. Cette nouveauté sera accompagnée d'une juste rémunération pour le producteur ». L'origine locale doit être privilégiée « à chaque fois que cela est possible », souligne le président de la chambre régionale d'agriculture : « nous avons beaucoup parlé, ces derniers mois, de la reconquête de notre indépendance et de notre souveraineté. Il nous appartient aujourd'hui de faire perdurer cet état d’esprit. Ces rebonds de patriotisme et de civisme doivent privilégier notre économie, nos emplois, notre proximité... Il y a là un beau chantier à conduire tous ensemble ».
Aurélien Genest