Les brèves du 10 juillet 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 10 juillet 2023

Les brèves du 10 juillet 2023

Élevage : le ministère annonce sa « stratégie abattoirs », sans en préciser les moyens

Dans un contexte de décapitalisation dans les filières bovine et porcine, Marc Fesneau lance un « plan d’action global pour consolider le maillage en abattoirs de boucherie », annonce un communiqué le 7 juillet. À travers cette « stratégie abattoirs », le ministre veut « réagir en anticipation pour préserver le maillage pertinent au niveau de chaque territoire ». La Rue de Varenne ne précise ni le calendrier ni le budget alloué à cette démarche, qui est « pensée pour réunir les moyens et les compétences de l’État, des collectivités territoriales et des filières d’élevage ». Concernant la méthode, quatre axes sont prévus : « interroger dans chaque région l’adéquation entre le besoin et l’offre en matière d’outils d’abattage » ; élaborer une « méthodologie harmonisée permettant d’évaluer les forces et les faiblesses d’un abattoir de boucherie » ; recenser « dans un document unique » les outils « mobilisables par les différents acteurs pour accompagner les établissements en difficulté » ; et enfin « améliorer la synergie existante entre les différents services de l’État ». Entre la baisse des volumes et la flambée des prix de l’énergie, « une vingtaine de petits abattoirs sont en graves difficultés et pourraient cesser leur activité d’ici la fin de l’année » (sur 233 abattoirs de boucherie en France), selon Philippe Pruvost, administrateur de Culture Viande (abatteurs privés).

 

Restauration de la nature/IED : les agriculteurs européens manifestent mardi 11 juillet

Alors que le Parlement européen examinera à partir du 11 juillet les directives IED (émissions industrielles) et sur la restauration de la nature, « des délégations de plusieurs syndicats européens convergeront vers Strasbourg » mercredi prochain, indique la FNSEA le 7 juillet. Une manifestation à l’initiative du Copa (organisations agricoles européennes). Partie prenante de cette mobilisation, la FNSEA appelle à concilier « enjeux climatiques et maintien de notre potentiel de production européen ». Ces deux textes devraient durcir les normes environnementales dans l’UE, alors que « l’Europe se positionne toujours favorablement à la ratification d’accords de libre-échange, ne respectant pas nos standards », rappelle le syndicat français. Les professionnels rejettent en bloc les deux projets. Fin juin, la proposition de Bruxelles sur la restauration de la nature n’a pas recueilli de majorité en commission de l’Environnement du Parlement. Signe d’un texte mal construit, pour le Copa, qui demande son retrait. Et sur la révision de la directive sur les émissions industrielles, les syndicats européens défendent une « position commune contre toute extension du champ d’application actuel », rappelle la FNSEA.

 

PLOA : la consultation publique fait passer la « souveraineté » d’abord par « l’écologie »

Le ministère de l’Agriculture a publié, le 5 juillet, une synthèse de la consultation du public sur le projet de pacte et de loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOA). Recueillies en ligne par l’institut de sondage OpinionWay, sous la forme de 13 questions fermées et d’une question ouverte, les 44 042 contributions à cette consultation apportent une conclusion originale au sujet de la « souveraineté agricole ». Elle passe d’abord, pour 40 % des mesures citées spontanément, par « l’écologie et l’adaptation de la filière aux questions environnementales » (33 % chez les agriculteurs ayant répondu). Dans le détail, les répondants citent l’agriculture biologique comme outil (23 % des citations spontanées), l’agroécologie (13 %), la permaculture (2 %) et l’agroforesterie (2 %). Derrière l’écologie, viennent deux autres « champs d’action » proposés : la question de la « démographie agricole » (39 % des réponses), abordée sous l’angle du « nombre d’agriculteurs » (7 %) et de « l’agriculture locale » (18 %) ; et enfin la question de « l’économie » (22 %), par « l’attractivité du métier » (18 %) et le salaire des agriculteurs (7 %).

 

Bassines : le collectif Bassines non merci exige un moratoire pour renouer le dialogue

Dans les Deux-Sèvres, le collectif Bassines non merci demande la suspension des travaux de réserves d’eau agricoles pour renouer le dialogue avec les acteurs des bassins de la Sèvre niortaise et du Mignon, rapporte l’AFP le 7 juillet. Trois mois après les violents incidents de Sainte-Soline, le Comité de bassin Loire-Bretagne a voté à la quasi-unanimité une motion, le 4 juillet, pour « favoriser la reprise du dialogue » et aboutir à un « pacte de gouvernance territorial, pour une gestion publique transparente ». Une démarche saluée par le collectif d’opposants au projet de 16 réserves d’eau dédiées à l’irrigation agricole, dont une seule est opérationnelle, mais qui demande un moratoire sur les chantiers en cours pour revenir autour de la table. « Sans cet indispensable signal préalable d’apaisement, aucune piste concrète de sortie ne nous semble envisageable », a indiqué Bassines non merci, dénonçant la « répression » et la « criminalisation féroces » subies par les opposants aux réserves. Même son de cloche du côté de la Conf’qui, dans un communiqué du 7 juillet, se réjouit que la motion du Comité de bassin « réaffirme […] que la définition des volumes prélevables et plus généralement les PTGE doivent reposer sur des études HMUC (hydrologie, milieux, usages, climat) ».

 

Emploi agricole : la CFDT Agri-Agro veut réorienter les aides et plus de transparence

La CFDT Agri-Agro a présenté ses propositions phares pour remobiliser les financements publics « en faveur d’une agriculture attractive », lors d’une conférence de presse le 7 juillet. Le syndicat de salariés souhaite « sanctuariser » le budget du ministère de l’Agriculture dédié au TO-DE (dispositif d’exonération de charges patronales pour les employeurs de saisonniers agricoles), mais en fléchant différemment les fonds afin de soutenir « les transitions environnementales » et « l’emploi de qualité », a exposé son secrétaire général Alexandre Dubois. Il demande aussi la création d’une « base de données économiques et sociales sur la production agricole », afin « d’évaluer » les politiques publiques de soutien à l’agriculture et éclairer la prise de décision. « Nous soulignons l’importance de garantir un contrôle démocratique de l’action publique », a insisté Alexandre Dubois. Selon la CFDT, le secteur agricole bénéficie chaque année d’environ 2 milliards d’euros (Md€) en exonérations de cotisations sociales patronales (TO-DE, réduction Fillon). Un montant considérable, à mettre en regard des 9 Md€ d’aides PAC perçus chaque année par la France, selon le secrétaire national responsable de la stratégie économique Franck Tivierge.

 

Vendanges : une députée RN veut consolider la possibilité de suspendre le repos hebdomadaire

Face à une interprétation restrictive des services de la Dreets du Grand Est (préfecture) « depuis quelques années », la députée Angélique Ranc (RN, Aube) a déposé, le 4 juillet, une proposition de loi visant à « faire reconnaître explicitement et incontestablement » les vendanges comme des travaux pouvant faire l’objet d’une suspension du droit de repos hebdomadaire des salariés. Selon la députée d’extrême-droite, la préfecture du Grand Est considère que les vendanges ne constituent plus « à elles seules » des circonstances exceptionnelles permettant de suspendre pour une durée limitée le repos hebdomadaire ; elle estimerait que « seuls des évènements ponctuels et imprévisibles tels qu’un aléa météorologique par exemple, justifient légalement le recours à la suspension ». Une erreur d’appréciation, selon la députée qui met en avant les difficultés rencontrées en Champagne, où « la maturité des raisins exige une cueillette immédiate », le pressurage « doit avoir lieu dans les cinq heures », et les moûts font l’objet de « traitements immédiats ». Elle met également en avant une convention collective existante « entérinant la pratique de recours éventuel à la suspension du repos hebdomadaire ».

 

Protéines d’insectes : Shankar Krishnamoorthy nommé président-directeur général d’Ynsect

Shankar Krishnamoorthy a été nommé président-directeur général d’Ynsect à la suite d’Antoine Hubert, cofondateur de la start-up qui produit des aliments pour animaux et des fertilisants à partir d’insectes et de leurs déjections. Ancien membre du comité exécutif de l’énergéticien Engie, le nouveau p.-d.g. est arrivé chez Ynsect en 2021 pour diriger le développement international de l’entreprise et la construction du site d’Amiens, annoncé comme « la plus grande ferme verticale du monde ». Cette dernière « s’apprête à effectuer ses premières livraisons d’ingrédients », affirme l’entreprise dans un communiqué. Antoine Hubert devient vice-président exécutif et prend la direction de l’équipe en charge de l’innovation. Créée en 2011, l’entreprise française possède trois autres sites de production : un premier en France dans le Jura, un deuxième aux Pays-Bas et un troisième aux États-Unis depuis le rachat en 2022 du leader américain des vers de farine pour les poules de basse-cour, Jord producers. Ynsect a récemment annoncé la fermeture de son site aux Pays-Bas dans le cadre d’un plan de restructuration.