Chambre d’agriculture de la Loire
Nombreuses questions à l’attention du préfet

La semaine dernière, de nombreux sujets relatifs à l’actualité agricole ont été abordés dans le cadre de la session de la Chambre d’agriculture de la Loire, avec, en premier lieu, les difficultés actuellement rencontrées par les arboriculteurs.

Nombreuses questions à l’attention du préfet
De gauche à droite : Gérard Gallot, premier vice-président de la Chambre d’agriculture ; Chantal Brosse, vice-présidente du Département charge de l’agriculture ; Alexandre Rochatte, préfet de la Loire ; Raymond Vial et Pascal Monnet, respectivement président et directeur de la Chambre d’agriculture. Crédit : Lucie Grolleau Frécon

La session d’été de la Chambre d’agriculture de la Loire se tenait mercredi 28 juin à Feurs, en présence du préfet de la Loire, Alexandre Rochatte, et de la vice-présidente du Département, Chantal Brosse. Les formalités réglementaires passées (délibérations relatives au fonctionnement de la Chambre d’agriculture et au développement agricole), la parole était laissée à Stéphane Brisson, responsable de l’équipe élevage, pour une présentation détaillée des résultats des enquêtes conduites auprès des éleveurs allaitants du département, suivie d’un temps d’échange.

En fin de matinée, le président de la Chambre d’agriculture, Raymond Vial, ouvrait le débat d’actualité et proposait aux membres de la session d’intervenir. Cette partie de la réunion a été une séance de questions au préfet, plus qu’un débat d’actualité, comme le soulignait ce dernier. « J’ai l’impression que la morosité des agriculteurs n’a plus les mêmes origines qu’il y a un ou deux ans, commençait Raymond Vial. Ils se plaignent plus de la hausse des charges que d’une mauvaise valorisation de leurs produits. Depuis un an, les prix sont meilleurs. » Mais un secteur d’activité le préoccupait tout particulièrement : l’arboriculture. « Je suis inquiet pour la santé morale de certains producteurs, qui se trouvent face à de grandes difficultés. » Effectivement, l’interdiction récente de certaines molécules de traitement, sans solution alternative efficace, met à mal leurs vergers. « Comment pouvons-nous aider les arboriculteurs à se projeter ? Pour protéger les fruits de la drosophile, certes, il existe des filets, mais ils ne peuvent pas être installés dans tous les vergers. Et lorsque cela est possible, de nombreuses heures de travail sont nécessaires. » Il ajoutait : « En parallèle, l’attitude des grandes surfaces est inacceptable lorsqu’elles vendent des fruits étrangers sous étiquette française. Je demande aux services de l’Etat une grande vigilance. »

Détresse des arboriculteurs

Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA, complétait : « Les arboriculteurs se trouvent dans une détresse totale. Du jour au lendemain, ils subissent des attaques incessantes de drosophiles et de mouches de la cerise puisque les produits de lutte ont été interdits. Beaucoup d’entre eux ne vont pas pouvoir récolter la totalité de leurs fruits puisqu’ils sont abîmés, alors même que la production et les marchés sont là. Le ministre de l’Agriculture avait envisagé une indemnisation de la perte. Où en est-on sur ce sujet ? », demandait-il au préfet. « Ce n’est pas ce qu’attendent en priorité les arboriculteurs. Ils veulent avant tout des solutions efficaces avant même que soient interdites les molécules. Ils demandent également que les fruits produits avec des molécules interdites en France ne soient pas importés. » Le président de la FDSEA annonçait alors la mobilisation devant la DDT de la Loire le lendemain en fin de journée. Il remettait également au préfet le courrier écrit par Mickaël Mazenod, représentant des arboriculteurs à la FDSEA et à la Chambre d’agriculture, et remis la veille par le député Dino Cinieri à la Première ministre, Elisabeth Borne. De surcroît, les arboriculteurs doivent faire face à de nombreux vols organisés de fruits, ajoutait Jean-Luc Perrin.

« L’arboriculture est un sujet pour lequel je suis vigilant, assurait le préfet. J’ai alerté le ministre. Il travaille actuellement le sujet avec deux approches : le temps présent et l’avenir. Il est en lien direct avec la Fédération nationale des producteurs de fruits. » S’adressant aux représentants des agriculteurs : « J’aimerais que vous puissiez caractériser les pertes de manière à argumenter en vue d’une indemnisation. » Concernant les vols, le préfet garantissait qu’il allait « relancer les gendarmes » pour qu’ils assurent des rondes.

Sécheresse : pourquoi la vigilance ?

La semaine dernière, le préfet a placé la Loire au niveau « vigilance » vis-à-vis de la sécheresse. « Nous avons tous été surpris : des orages se sont abattus sur notre département et le niveau des barrages a augmenté, intervenait Jean-Luc Perrin. Il nous semble prématuré de prendre un tel arrêté. » « Les débits des cours d’eau semblent corrects, sauf peut-être dans le Roannais, complétait Laurent Frécon, membre du bureau de la Chambre d’agriculture. Pourquoi passer l’ensemble du département en vigilance ? Si d’autres arrêtés devaient être pris dans les prochaines semaines, il sera important de tenir compte des zones définies dans l’arrêté-cadre sécheresse. »

Et le préfet de répondre : « Je comprends que vous vous interrogiez sur la précocité du placement en vigilance. Il a été décidé au regard d’une tendance, avec des prévisions qui ne sont pas bonnes à quinze jours. Nous savons tous que nous arrivons dans une période de tension au sujet de la ressource en eau. Cette décision doit permettre d’anticiper et de faire prendre conscience des enjeux aux usagers. Pour placer le département au niveau « vigilance », la concertation n’est pas nécessaire. « Il est évident que si la situation se dégradait, le comité ressource en eau sera remis en place. » Alexandre Rochatte convenait que « le nord du département est la zone la plus préoccupante ». Il informait également que certaines décisions qui pourraient être prises dans le département le seraient pour soutenir l’étiage du fleuve Loire à l’aval.

Non à l’arrêt du remboursement de la TICPE

Jean-Luc Perrin se faisait ensuite le porte-parole des agriculteurs, qui ne comprennent pas pourquoi le ministre de l’Economie veut mettre un terme au remboursement de la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sur le GNR (Gazole non routier). « Nous avons besoin d’un gasoil agricole. L’arrêt du remboursement de la taxe serait synonyme de charge supplémentaire sur les exploitations, dont la mission est de nourrir la population. » Le préfet indiquait que l’annonce du ministre faisait l’objet d’un travail en interne. Il s’engageait à faire remonter les remarques de la profession à l’échelon national.

Lucie Grolleau Frécon