Syndicat des Bourgognes
Ajuster les rendements pour maintenir les prix

Régis Gaillard
-

Entre faible récolte en 2019, crise du Covid-19, incertitudes sur la reprise de la consommation et autre potentielle deuxième vague de la pandémie, difficile d’avoir une vision de ce que seront les ventes et les cours des vins dans les semaines et mois à venir. Néanmoins, il a été jugé nécessaire par le Syndicat des Bourgognes d’ajuster les rendements pour maintenir les prix. Un exercice d’équilibriste toujours compliqué.

Ajuster les rendements pour maintenir les prix
Le Syndicat des Bourgognes a choisi d’ajuster les rendements pour ne pas risquer de voir certains cours plonger.

C’est le 20 juillet dernier que le Syndicat des Bourgognes a officiellement déposé sa demande auprès de l’INAO à l’issue d’une longue réflexion quant aux conditions de production de la récolte à venir. Une demande qui tient compte d’une multiplicité de paramètres. À commencer par l’aspect agronomique avec un beau potentiel, qualitatif et quantitatif, de la vendange. « Tous les voyants sont au vert du point de vue agronomique, souligne Guillaume Willette. Nous sommes sur une année avec une quantité proche des rendements des cahiers des charges, voire même mieux. Cela compensera les faibles volumes de 2019 ». Toutefois, le volet économique prendra sans doute plus d’importance que de coutume. Car il ne s’agit pas d’apporter sur les marchés des volumes trop importants qui feraient plonger ceux-ci en terme de rémunération. « Il faut faire attention aux volumes à mettre sur les marchés sans les déstabiliser. Le projet est de piloter au plus juste les volumes commercialisables. Nous avons également un stock plus faible que d’habitude. Ce qui peut permettre d’avoir un volume de récolte normal ». Une réflexion qui doit aussi prendre en compte les replis en Bourgogne ou l’affectation parcellaire en Bourgogne.

Stratégie sur-mesure

Bien évidemment, tout cela demande beaucoup de doigté avec des stratégies différentes selon les appellations et les couleurs, avec soit des maintiens, soit des hausses, soit même des baisses de rendement.

Ainsi, le marché du Bourgogne rouge reste porteur avec une demande supérieure à l’offre. Les cours demeurent à un niveau élevé à 1.000 € la pièce. Dès lors, a été demandée une hausse de rendement de deux hectolitres par hectare pour le Bourgogne rouge et le Bourgogne rouge avec dénomination géographique complémentaire pour passer de 60 à 62 hectolitres pour les premiers et de 58 à 60 hectolitres par hectare pour les seconds. « Économiquement, nous pouvons nous permettre d’avoir un peu plus de volume ». Pour les autres appellations rouges et rosées (Coteaux Bourguignons et Bourgogne Passe-tout-grains), le souhait est d’avoir un rendement au niveau des cahiers des charges avec une possibilité de VSI à hauteur de sept hectolitres par hectare en Bourgogne et Bourgogne avec dénomination rouge et rosé et de cinq hectolitres par hectare en Coteaux Bourguignons et Bourgogne Passe-tout-grains.

Concernant les appellations blanches, le millésime 2018 a laissé des traces dans les mémoires avec des volumes importants et un fléchissement des cours. Pour ne pas risquer un décrochage, il a été décidé de solliciter un rendement au niveau du cahier des charges pour le Bourgogne blanc et les Bourgognes blancs avec dénomination géographique complémentaire. Soit 68 hectolitres par hectare pour le Bourgogne blanc et 66 hectolitres par hectare pour les Bourgognes blancs avec dénomination géographique complémentaire. Ces demandes sont assorties d’une utilisation du VCI jusqu’au rendement butoir afin de reconstituer le stock de VCI.

Par contre, côté Bourgogne aligoté, a été proposée – pour la première fois - une baisse de deux hectolitres par hectare par rapport au rendement du cahier des charges afin de diminuer le volume commercialisable arrivant sur le marché, pour passer de 72 à 70 hectolitres par hectare. Par contre, a été demandée une augmentation de VCI passant de trois à cinq hectolitres par hectare. L’idée étant ici de lisser l’arrivée sur le marché de l’aligoté et de ne pas faire décrocher au niveau des cours.

Réponse en septembre

Après cette proposition effectuée auprès de l’INAO, une décision finale devrait être donnée par cette instance au début du mois de septembre. Par ailleurs, le Syndicat des Bourgognes refera au mois de décembre un point économique et mènera une réflexion quant aux rendements 2021. Le but étant de permettre aux professionnels d’anticiper au maximum les futurs rendements qui leur seront octroyés.

Des ODG qui jouent (pour la plupart) la carte de la stabilité

Du Nord au Sud du département, force est de constater que la stabilité a été privilégiée en terme de rendements. Ainsi, que ce soit du côté de Mercurey, de Givry, de Bouzeron ou encore de Saint-Vérand, le choix a été fait de ne rien modifier en termes de rendements. Comme le souligne, par exemple, Kévin Tessieux, président de l’union des producteurs du cru saint-véran, « il est important de garder une cohérence. Nous avons choisi de ne rien modifier mais nous savons que nous sommes peu ou prou dépendants de ce que font les Bourgognes ». Un choix de stabilité que partagent, via leur ODG qu’ils président, Baptiste Lumpp à Givry ou Loïc de Suremain à Mercurey « Pour fixer nos rendements, nous nous sommes basés sur 2018 », souligne ce dernier. Côté Bouzeron, pas de changement non plus en termes de rendements comme le confirme Pierre de Benoist. Juste, à noter, une hausse de la richesse minimale en sucre qui passera de 10 ° à 10,5 °. Toutefois, pas de VCI du fait, notamment, de la lourdeur administrative de la chose.

Par contre, d’autres ont choisi de modifier les rendements. Ainsi, au sein de l’UPVM, le seul changement acté concerne les rouges avec nom de commune qui vont passer de 58 hectolitres par hectare à 60 hectolitres. Davantage de changement à Montagny puisqu’il y aura une augmentation des rendements pour le Montagny premier cru de 58 hectolitres par hectare à 60 hectolitres plus deux hectolitres en VCI. Il y aura aussi une augmentation pour le Montagny village, les rendements passant de 60 hectolitres par hectare à 62 hectolitres plus deux hectolitres en VCI. Soit, dans les deux cas à Montagny, la possibilité d’atteindre des rendements butoirs.