Concours national du Moutons Charollais
Chaude ambiance pour la 60e édition !

Marc Labille
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Jeudi, vendredi et samedi derniers, le Mouton Charollais fêtait son 60e concours national. L’occasion de rendre hommage aux fondateurs de la race et de mesurer tout le chemin parcouru. Dans une ambiance très chaude et conviviale, le succès des ventes aux enchères et la présence d’éleveurs étrangers témoignaient de la bonne santé du Mouton Charollais.

Chaude ambiance pour la 60e édition !
De gauche à droite, le rappel de championnat mâle au Gaec Berland, le prix de championnat mâle par le jury suisse au Gaec de Champagny et le prix de championnat mâle à Sébastien Jeannin (21).

Préparé de longue date par l’Organisme de Sélection du Mouton Charollais, le 60e concours national de la race a tenu ses promesses. Circonstances exceptionnelles, le concours s’est déroulé sur trois jours autour d’un programme très dense. Une journée supplémentaire pour donner du temps à la convivialité, aux retrouvailles, aux animations, aux échanges…

Cette édition particulière était honorée de la présence de représentants de cinq pays différents (Irlande, Belgique, Suisse, Espagne, Portugal), lesquels ont officié dans les jurys. Ce double classement a valu aux éleveurs concurrents de se voir attribuer deux types de plaques, les unes bleu blanc rouge et les autres aux couleurs des pays représentés. Appréciés par les compétiteurs, ces jugements internationaux ont donné une dimension supplémentaire aux classements mettant en lumière des nuances dans l’approche génétique de la sélection selon les pays.

Renommée internationale

Habitués aux alpages, les Suisses se sont montrés intransigeants sur les aplombs tandis qu’Irlandais et Belges optaient pour un standard très proche du mouton charollais français. Ces étrangers se sont tous retrouvés le vendredi soir pour une conférence technique suivie d’un repas en présence de 200 personnes. Chaque délégation a présenté la situation du mouton charollais dans son pays. Très prisée en Belgique, la race y est bien implantée avec des animaux de qualité. Bonne dynamique aussi en Irlande où l’on recherche et l’on importe toujours des reproducteurs de haut niveau pour un cheptel bien installé. Le mouton charollais commence à se faire une place sur la péninsule ibérique. Dans des pays où la race « démarre » tout juste, Portugais et Espagnols, impressionnés par la beauté des bêtes du concours, ont exprimé leur attente en termes de critères de production (lait, fertilité, etc.).

Remonter le temps avec les anciens

L’un des moments forts de ce soixantième concours national a été la présence de quelques-uns des pionniers du mouton charollais. Si certains sont encore parmi les habitués du rendez-vous, d’autres n’étaient pas venus depuis de nombreuses années et pour les connaisseurs, ce fut un réel plaisir de retrouver certaines figures de l’épopée du Mouton Charollais. Parmi ces illustres personnalités : François de Launay et Alexandre Peyneau, deux hommes auxquels la race doit aujourd’hui son existence officielle. En compagnie d’autres « anciens » tels Roger Saulnier, Bernard Nectoux, Gérard Cognard, Hubert Burtin, Charles Burtin…, cette présence a permis de remonter le temps jusqu’aux années soixante, époque à laquelle le mouton de pays allait devenir le Mouton Charollais. Le tout premier concours de race fut organisé à Palinges en 1963. Au même moment, débutait l’étude technique préalable à la création de race avec le contrôle de performances des tout premiers animaux… La reconnaissance officielle du Mouton Charollais est intervenue en 1974. Autant de souvenirs qui ont été évoqués le samedi lorsque les anciens administrateurs et techniciens de la race se sont retrouvés en famille autour d’un bon repas.

Plus de 800 animaux

La convivialité était de mise dès le jeudi avec une première soirée des éleveurs autour de spécialités régionales. Si les anciens étaient à l’honneur, les jeunes éleveurs étaient bel et bien présents, témoignant une fois de plus de tout le dynamisme du Mouton Charollais. 735 animaux étaient réunis pour ce 60e concours national auxquels s’ajoute la centaine d’agneaux de station. Seule ombre au tableau d’une organisation quasi parfaite, la chaleur qui a malmené tant les humains que les ovins. Sous le parc des expositions, brebis et lourds béliers luttaient contre le manque d’air dans un bâtiment étouffant plus adapté aux manifestations d’automne… Dehors, les organisateurs ont été contraints d’installer les rings à l’ombre de hauts vents. Mais l’étroitesse de ces cases empêchait les juges de disposer de suffisamment de recul pour examiner la conformation les animaux…

Sécheresse, grêle, loup…

Ces températures caniculaires rappelaient immanquablement la sécheresse qui s’installait au même moment dans les exploitations. Sur ce concours d’envergure nationale, certains éleveurs de l’ouest disaient affourager déjà depuis plusieurs semaines. Dans la région, certains exposants venus de loin étaient contraints de rejoindre leurs fermes chaque soir pour donner de l’eau à leurs animaux. Dans le berceau de race, plusieurs éleveurs ont été sinistrés par les derniers orages. C’est le cas notamment à Champlecy où des bâtiments d’élevage grêlés sont hors d’usage… Une plaie de plus, alors que ces mêmes éleveurs sont aussi confrontés aux attaques de loups (lire encadré) ! Un contexte anxiogène que tout le monde avait bien à l’esprit malgré l’apparente bonne humeur.

 

 

Palmarès

Prix de championnat femelle : Sébastien Jeannin (21).

Prix de championnat femelle (jury irlandais) : EARL Élevage Bonnot Bernard et Denise, Champlecy.

Prix de championnat mâle : Sébastien Jeannin (21).

Prix de championnat mâle (jury suisse) : Gaec de Champagny, Champagny-sous-Uxelle.

Rappel prix de championnat mâle : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix de championnat agneaux et prix de championnat agneaux (jury irlandais) : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix de championnat agnelles et prix de championnat agnelles (jury espagnol) : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix du meilleur agneau : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix du meilleur agneau (jury espagnol) : Christine Delmez (36).

Prix de la meilleure agnelle : EARL Élevage Bonnot Bernard et Denise, Champlecy.

Trophée viande : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Trophée jeune : Gaec Élevage Duverne, Saint-Symphorien-de-Marmagne.

Prix de synthèse jeune : Gaec Lally, Saint-Léger-du-Bois.

Champion de station : Antoine Pierre, Clessy.

Prix d’ensemble moins de 100 brebis : 1er Sébastien Jeannin ; 2e EARL Elevage Bonnot Bernard et Denise ; 3e Pascal Chaponneau, Uxeau.

Prix d’ensemble plus de 100 brebis : 1er, 2e Gaec Berland Luc et Denis, Viry ; 3e Gaec de Champagny, Champagny-sous-Uxelle. 

Prix d’ensemble (jury portugais) : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Prix de famille : Gaec Berland Luc et Denis, Viry.

Challenge génétique : Gaec du Moulin de Jonchery (21).

Triple succès pour les trois ventes aux enchères !
Le record de la vente de station a atteint 2.860 €. Né au Gaec Berland, cet agneau a été acheté par Didier Eloy.

Triple succès pour les trois ventes aux enchères !

Trois ventes aux enchères se sont succédées le vendredi après-midi, animées par Martial Tardivon du marché de Moulins-Engilbert. La très attendue vente des agneaux de station a connu un nouveau succès. 88 % des 77 jeunes béliers issus du contrôle individuel ont trouvé preneurs au prix moyen de 752 €. Le record de cette vente a été battu par un agneau né au Gaec Berland (Viry) acheté 2.860 € par Didier Eloy, éleveur à Pierreclos. L’intérêt pour les agneaux de station se confirme avec la venue de nouveaux clients en provenance d’Alsace ou de Normandie, se félicitait Aline Bonnot, directrice de l’OS. Onze agneaux et trois béliers ont été proposés à la petite vente qui suivait celle des agneaux de station. Excepté un bélier, ils ont tous trouvé preneurs à 1.145 € de moyenne. Parmi eux, le prix de synthèse du concours national né au Gaec Lally (Saint-Léger-du-Bois). Un animal de très bonnes origines qui a tapé dans l’œil de son acheteur Michel Clément, retraité nivernais de 75 ans qui avait déjà acquis le record de la vente il y a cinq ans. Ce passionné de sélection charollaise a déboursé 3.500 € pour obtenir cet agneau « très stylé » disputé par d’autres sélectionneurs. Pour la seconde année consécutive, l’OS avait organisé une vente d’agnelles de prestige. Les cinq femelles mises aux enchères ont trouvé preneurs à 726 € de moyenne. Quatre de ces futures reproductrices d’exception ont été achetées par des éleveurs irlandais. Parmi elles, l’une des agnelles du prix de championnat du Gaec Berland, laquelle a été adjugée 1.610 €. Au terme des trois jours de concours, les organisateurs dressaient un bon bilan commercial. En effet, en marge de la manifestation, de belles affaires sont réalisées cette année avec des acheteurs étrangers. Les Portugais sont venus acheter 39 femelles en ferme et huit mâles dont sept agneaux de station invendus. De leur côté, les Irlandais importeront 45 agnelles et huit béliers au mois de septembre. Les Belges achèteront une douzaine d’animaux… Autant de marchés auxquels s’ajoute l’expédition le 18 juillet dernier, d’un convoi de 250 agnelles et 13 mâles pour la Slovaquie. Une deuxième expédition de même effectif est prévue pour le début du mois de septembre et un troisième camion est inscrit dans le contrat. À noter enfin, l’achat par la coopérative EMC2 de plusieurs antenais, signalait la directrice de l’OS.

L’ombre angoissante du loup…
Plusieurs brebis et agnelles éventrées par le loup étaient exposées en marge du concours.

L’ombre angoissante du loup…

Comme en 2020, le concours national intervenait en pleine série d’attaques de loup dans le Charolais. Et comme en 2020, des sélectionneurs de moutons payaient un lourd tribut à ce prédateur surprotégé. S’ils faisaient bonnes figures sur les rings et sur les podiums, certains éleveurs vivaient dans une véritable angoisse de nouvelles attaques quand d’autres avaient déjà perdu des dizaines d’animaux. C’est le cas de Denise et Bernard Bonnot de Champlecy qui venaient d’essuyer deux attaques sanglantes les 11 et 16 juillet derniers. Éleveurs de 95 brebis inscrites, ils ont eu sept brebis tuées par le loup ; quatre autres ont du être euthanasiées ; cinq agneaux sont morts et d’autres animaux ont été blessés. Sur les dix agnelles qu’ils venaient de trier pour le renouvellement, seulement trois sont encore vivantes et elles demeurent en observation, témoignait Denise Bonnot. Le couple avait amené quatre de ses femelles blessées par le loup pour alerter sur le désarroi qui frappe les victimes. Éventrées violemment par le prédateur, ces femelles qui présentaient d’impressionnantes plaies ouvertes, avaient été soignées par le vétérinaire. Deux brebis ont perdu leurs agneaux quant aux agnelles, toujours sous le choc de la prédation, rien ne dit qu’elles seront fertiles, s’inquiétaient les éleveurs qui ont dû renoncer à des ventes ainsi qu’aux inséminations. À Martigny-le-Comte, ce sont 23 animaux que Claude Ducert a lui aussi perdu ces dernières semaines. Un cauchemar qui se répète comme en 2020 avec toujours l’étrange sensation d’un monde à l’envers où la victime est plus punie que le meurtrier… Comme si cela ne suffisait pas, plusieurs éleveurs du secteur ont vu leurs bâtiments complètement détruits par la grêle et le vent. C’est le cas de la famille Bonnot ou encore de Charles Delorme sur Champlecy…