Alain Dufour à Saint-Sernin-du-Bois
Deux patous en plus des six borders pour 600 brebis !

Marc Labille
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Confronté à des attaques de chiens divagants, Alain Dufour a acquis son premier patou il y a huit ans. Les dégâts de chiens de compagnie ont cessé mais la conduite de deux gros chiens de protection ne s’improvise pas.

Deux patous en plus des six borders pour 600 brebis !
Alain Dufour possède un patou de 8 ans et une jeune chienne de 3 ans qui ne quittent jamais les moutons de l’exploitation.

Alain Dufour est à la tête d’un troupeau de 600 brebis à Saint-Sernin-du Bois, tout près du Creusot. Installé depuis 1988, l’éleveur spécialisé en ovins a connu de nombreuses attaques de chiens dans sa carrière. Les premières années, c’était les chiens de chasse avant que le problème ne se résolve grâce à une meilleure entente avec les chasseurs locaux, se félicite Alain. Mais depuis, ce sont les chiens divagants qui ont pris la relève. L’éleveur a eu comptabilisé plus de 300 brebis perdues à cause de chiens ayant échappé à leurs propriétaires… Un fléau qui fait partie des raisons qui ont conduit Alain à se doter de chiens de protection. Utilisateur de la race ovine grivette, il avait aussi eu vent des dégâts occasionnés par les loups chez les éleveurs auprès desquels il se fournit en béliers. « Cela fait plus de 20 ans que les éleveurs de grivettes subissent la prédation par les loups en Auvergne-Rhône-Alpes et les dégâts ne cessent d’augmenter », rapporte Alain Dufour. Sensibilisé au problème, l’éleveur saône-et-loirien a donc acquis son premier "patou" - berger des Pyrénées - il y a huit ans.  

Plus difficile à gérer qu’un border

Le chiot a été acheté dans un élevage de 500 brebis protégées par 21 patous dans la Drôme. Né au milieu des moutons, il a immédiatement été introduit dans un lot d’une dizaine d’agnelles à Saint-Sernin-du-Bois. Puis, Alain a agrandi le lot à raison de cinq puis dix brebis supplémentaires tous les sept à dix jours… « Les nouvelles brebis doivent s’intégrer au lot du patou », explique l’éleveur qui témoigne que le chien de protection est plus difficile à gérer que le chien de troupeau type border. « Il ne suffit pas de mettre le chien dans les moutons ! », résume Alain qui, à l’époque, est allé suivre une formation spécifique dispensée par la chambre d’agriculture du Rhône.

Impossible de protéger tous les lots

L’éleveur possède aujourd’hui deux patous dont une jeune femelle de 3 ans. Grâce à ces chiens de protection, Alain a réglé le problème des attaques de chiens errants. Les deux patous protègent notamment des lots de brebis en fin de gestation et en début d’agnelage. Début août, les deux bergers des Pyrénées étaient dans un lot de 220 brebis pleines. Avec seulement deux patous, la protection ne peut pas être assurée pour tous les lots, informe l’éleveur. En moyenne, l’élevage se compose en effet de sept lots de moutons au pâturage. « Donc il faudrait 14 chiens et même 18 en période de lutte », fait remarquer Alain. Et ce n’est déjà pas évident de « gérer » deux chiens de protection, en plus des six borders que compte l’exploitation. Huit chiens qu’il faut nourrir tous les jours, même au pré ! « Cela représente une palette et demie de sacs de croquettes », fait valoir l’éleveur qui ne lésine pas sur la qualité de l’alimentation de ses compagnons de travail. 

Rapports avec les passants…

L’autre difficulté avec des chiens de protection, ce sont les rapports avec le voisinage et les passants. Le comportement des chiens varie selon les souches et l’instinct de défense est ce que l’on demande à ce type d’animal. À deux pas du Creusot, Alain reconnait que la présence des patous parmi les moutons est « compliquée à gérer ». « Dans les Alpes, certains éleveurs ont jusqu’à quinze plaintes par an ! », signale-t-il. Lui a été victime de plaintes de promeneurs qui, voyant un patou au milieu de ses brebis au pâturage, ont reproché l’absence de niche et de nourriture…Pour cette affaire qui a valu une dénonciation par la SPA locale, Alain a dû se rendre à la gendarmerie de Montchanin pour s’en expliquer. Heureusement, les gendarmes se sont montrés moins ignorants que la société protectrice des animaux qui, manifestement, ne connaissait pas du tout la conduite des chiens de protection…