INFLATION
Pas de « septembre vert » pour les prix alimentaires
Contredisant les déclarations optimistes de la Première ministre, les distributeurs préviennent qu’il ne faut pas attendre une baisse importante des prix à la rentrée dans les rayons alimentaires.
« Il n’y aura pas de septembre vert, il n’y aura pas de baisse des prix massive » à la rentrée, a déclaré le président du comité stratégique des centres E. Leclerc Michel-Édouard Leclerc, sur l’antenne d’Europe 1 le 27 juillet. Ses propos font écho à ceux du directeur général des achats et du marketing de Lidl France, Michel Biero, qui affirmait la veille sur RTL qu’il n’y aura « pas de baisse significative » des prix alimentaires en septembre. « Il faut arrêter de vendre du rêve aux Français, on ne retrouvera pas les prix d’avant crise », soulignait-il. Au regret des distributeurs, le gouvernement n’est pas parvenu à son objectif de déclencher des renégociations entre les industriels et leurs clients. Alors que les 75 plus grands industriels s’étaient engagés à renégocier avec la grande distribution, sous certaines conditions, le porte-parole de Lidl a expliqué « qu’un seul fournisseur sur 75 avait accordé une baisse de 3 % » à l’enseigne. Pourtant, la Première ministre Élisabeth Borne y croit encore. « Le pic de l’inflation est derrière nous. On attend beaucoup des négociations entre les industriels et la grande distribution », a-t-elle expliqué dans un entretien accordé à BFM TV le 26 juillet. Elle a ajouté « qu’à partir de la rentrée, on va voir un ralentissement de l’inflation, donc une baisse (des prix, NDLR) des produits ». « La baisse de l’inflation ne veut pas dire baisse des prix, a rétorqué Michel-Édouard Leclerc. Les prix vont augmenter moins vite ».
Un manque de transparence
Les industriels affirment que des renégociations généralisées sont impossibles, car, dans beaucoup de filières, les coûts des matières premières ne baissent pas. Seulement, Michel Biero déplore un manque de « transparence ». « Si les fournisseurs nous disent qu’il n’y a pas de baisse, je l’entends, mais qu’ils nous le démontrent, qu’ils viennent avec de la transparence. Aujourd’hui, nous sommes dans l’opacité la plus totale », poursuit-il. Faute de renégocier leurs tarifs, les fournisseurs mettent le paquet sur les promotions. Là encore, c’est insuffisant pour le porte-parole de Lidl qui déplore que les industriels « ne mettent pas la main à la poche pour aider la déflation ». Il indique recevoir des propositions de « promotions de 10 % valables pendant deux mois et sur un seul produit de toute la gamme du fournisseur ». Alors que les prix des produits alimentaires vendus en grande surface étaient en hausse de 14,4 % sur un an en juin, la bataille fait rage entre les distributeurs pour s’attirer les faveurs des consommateurs. Lidl et Leclerc assurent qu’ils continueront à prendre sur leurs marges dans les semaines qui viennent.