Société d’agriculture et d’élevage du Charolais
Retour sur une drôle de saison…

Marc Labille
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Vendredi dernier, la société d’agriculture et d’élevage du Charolais revenait sur l’exercice 2020-2021 lequel a été lourdement impacté par le Covid-19. Privée de ses manifestations phares, la société d’agriculture a tout fait pour « sauver les meubles ». 

Retour sur une drôle de saison…
À l’issue de l’assemblée générale, en présence de nombreuses personnalités, la société d’agriculture est allée inaugurer le taureau qu’elle a fait installer à l’entrée de la ville de Charolles.

En assemblée générale le 3 septembre dernier, la société d’agriculture et d’élevage du Charolais est revenue sur l’exercice 2020-2021. Un bilan d’activité perturbé par l’épidémie de Covid-19, privant pour la première fois les éleveurs charolais de leur emblématique concours de reproducteurs et même du fameux Festival du Bœuf à Charolles. C’est dans l’incertitude de l’automne 2020 que l’équipe de Gilles Degueurce a soudain appris quelques jours avant son concours qu’il lui serait interdit d’organiser la manifestation sous le hall de Charolles. Devant le déficit de commerce de reproducteurs, les organisateurs ont tenté avec succès d’organiser une vente-exposition en extérieur. Autorisée fin novembre, cette manifestation de substitution a drainé 35 éleveurs pour une centaine d’animaux exposés. Une quinzaine de ces reproducteurs a pu trouver preneurs. 

Un Festival délocalisé à Saint-Christophe…

Aux prises avec les mêmes restrictions concernant l’organisation du Festival, et alors que les acheteurs confirmaient leur besoin en animaux de boucherie pour les fêtes de fin d’année, la société d’agriculture a eu l’idée d’un plan « B » : organiser son concours sur le foirail du marché de Saint-Christophe-en-Brionnais. À l’initiative de cette itinérance inédite, le président Gilles Degueurce a su convaincre les acteurs de Saint-Christophe qui ont accueilli bien volontiers les 550 bovins gras. Cette présentation exceptionnelle sous le célèbre foirail a offert un spectacle remarquable. Cerise sur le gâteau : pratiquement tous les animaux ont trouvé preneurs à des tarifs plutôt satisfaisants. En mars dernier, la société d’agriculture parvenait à organiser sa cinquième journée de l’élevage malgré les contraintes liées au Covid. L’évènement a dû se tenir à l’extérieur et les animaux ont tous dû se conformer à une sérologie IBR négative en raison d’un problème IBR dans le département. 130 animaux ont été engagés et les bêtes de boucherie ont connu un joli succès commercial. Malheureusement, le contexte sanitaire a pesé sur la fréquentation et l’ambiance générale. 

En dépit de ce rapport d’activité tronqué, la société d’agriculture réalise un bilan financier somme toute très convenable. De fait, l’annulation des évènements a fait réaliser des économies en chapiteaux et des aides exceptionnelles ont permis de limiter l’impact de la crise, expliquait-on. 

Bientôt une plateforme TV…

C’est au cours de cet exercice pour le moins atypique que la société d’agriculture a changé de président. Après 13 années de présidence, Gilles Degueurce a passé la main à David Pierre. Une passation de pouvoir à l’image de la complicité qui unit les deux hommes. Complicité dans les qualités humaines mais aussi dans la vision de l’avenir de la société d’agriculture. Dans la continuité de ses deux prédécesseurs, David Pierre entend « développer un plan de communication plus ambitieux et moderne ». En ce sens, une plateforme dénommée « Passionnément Charolais TV » sera dévoilée en ce début d’automne. « Notre ambition est de transmettre nos messages via des interviews, reportages mensuels dynamiques et pédagogiques. Ils seront déclinés sur nos différents supports de communication YouTube, Facebook, Instagram, Charolais 71… », révélait le nouveau président qui incite à « ouvrir les portes de nos exploitations et expliquer nos méthodes de travail et notre savoir-faire ». Cet automne verra aussi le retour tant attendu des deux manifestations phares de la société d’agriculture : le concours de reproducteurs HBC les 12 et 13 novembre et le Festival du Bœuf les 4 et 5 décembre. C’est peu dire que tout le monde croise les doigts !

Un grand merci à Gilles !

Réunis en assemblée générale le 3 septembre dernier à Charolles, les membres et sympathisants de la société d’agriculture n’ont pas manqué de rendre un chaleureux hommage à Gilles Degueurce, successeur de Paul Chevalier en 2007. « Une rencontre insolite, une personne qu’on n’oublie pas » : dit de lui David Pierre évoquant sa propre entrée à la société dès 2007 à la demande de Gilles. « C’est le bon gars qu’on a envie de suivre », disait de lui Paul Chevalier. Bien plus que cela, Gilles aura été un formidable « capitaine d’équipe » ; le ciment de « la cohésion et de la bonne entente » qui régnaient au sein de la société. Surtout, Gilles n’a eu de cesse que de « fédérer », avouant ne pas supporter les divisions et querelles intestines qui affaiblissent constamment la filière charolaise… Ce désir de fraternité, « d’aller tous dans le même sens », a toujours animé Gilles, lui dont l’engagement à la FDSEA et à la section bovine a toujours été exemplaire. Faisant preuve d’une humilité rare et d’une sympathie communicative et sans égale, Gilles a su emmener son équipe, les éleveurs, les élus de tous bords et même le public dans les projets ambitieux de la société d’agriculture. Avec lui et les partenaires qu’il a su convaincre, le Festival du Bœuf a véritablement changé de dimension. Administrateur depuis 1994, Gilles concède une petite fierté « d’avoir fait partie de l’équipe qui a mis en place le Festival ». Il le peut. « La race charolaise et toute la filière peuvent lui être reconnaissantes », concluait avec émotion son successeur David Pierre.

Modernisation des concours dès cet automne

Cette saison verra le déploiement de la modernisation des 24 concours charolais voulue par le Herd-Book Charolais. Charolles étant le plus important de tous, il servira de test grandeur nature dès les 12 et 13 novembre prochains. Invité de l’assemblée générale, le président du HBC Sébastien Cluzel est venu présenter le principe de cette grande réforme. Son postulat de base est que la charolaise n’a pas de modèle unique ; sa diversité est un atout racial et il faut s’adapter aux demandes de la clientèle. Dès cet automne, une nouvelle segmentation verra le jour sur les concours de veaux HBC. L’objectif est d’offrir une lisibilité plus importante avec l’instauration de trois catégories distinctes : celle des « grands raceurs » ; celle dite de la « sélection Bien Naitre » et une troisième dénommée « trophée viande ». La première catégorie perpétuera la tradition d’un jugement privilégiant la morphologie, les qualités de race, etc. La deuxième se destine à des clients « recherchant avant tout un animal simple à élever », moyennant quelques garanties techniques (IFnaiss, ISU, etc.) qui lui permettront d’identifier ces animaux. Enfin, la catégorie « trophée viande » reprend ce qui se pratiquait sur le concours de Charolles depuis de nombreuses années. Chaque catégorie donnera lieu à un prix d’honneur, lequel devrait à terme se retrouver à la finale de Moulins.