Gaec de Montauloup à Blanzy
Le Gaec de Montauloup utilise la génomie pour mieux répondre à la filière

Marc Labille
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Utilisateur de taureaux d’insémination depuis plus de vingt ans, Laurent Beaubernard est parvenu à améliorer les qualités maternelles de son troupeau, sans jamais sacrifier aux qualités bouchères chères à la filière. Grâce au génotypage, il sélectionne aujourd’hui des animaux porteurs du gène Mh Beef. 

Le Gaec de Montauloup utilise la génomie pour mieux répondre à la filière
Grâce au génotypage, Laurent Beaubernard sait qu’il possède aujourd’hui des animaux porteurs du gène culard Mh, d’autres porteurs du gène Mh Beef. Son objectif est « d’incorporer le gène Mh Beef aux bêtes qui ne l’ont pas ».

Laurent Beaubernard s’est installé en 1995 en reprenant une partie du cheptel charolais de ses parents. Les animaux étaient alors très typés « viande » et la première année, le jeune éleveur s’est retrouvé avec une dizaine de césariennes pour 40 vêlages. C’est ce qui l’a conduit à se lancer dans l’insémination artificielle pour accéder à des taureaux testés améliorateurs pour le vêlage. Les progrès ne se sont pas fait attendre dans les naissances, se souvient l’éleveur qui ne compte aujourd’hui plus qu’une à quatre césariennes par an pour 110 vêlages. Plus commode en bâtiments, la reproduction par insémination s’est accompagnée d’un avancement de la période de vêlage. Aujourd’hui, toute la reproduction est assurée par insémination artificielle et les naissances sont regroupées entre le 25 octobre et la fin décembre pour des inséminations réalisées entre le 15 janvier et fin mars. À la mise à l’herbe, toutes les femelles sont déjà inséminées et mi-mai, elles ont toutes été échographiées, confie Laurent qui est associé en Gaec avec son épouse.

« Ne pas perdre le grain de viande… »

Pour le choix de ses taureaux, l’éleveur recherche donc « le vêlage facile, l’aptitude au vêlage, les qualités maternelles », mais « tout en gardant un bon grain de viande », tient-il à préciser. Car bien qu’étant parvenu « à élargir les bassins de ses vaches », Laurent Beaubernard n’a jamais renoncé aux qualités bouchères, lui qui engraisse toutes ses femelles valorisées pour la plupart en label rouge. Et, comme l’encourage son groupement Sicarev, l’éleveur tient à « coller au mieux aux attentes de la filière ».

Dans cette optique, Laurent évite de faire « de trop grosses carcasses avec trop de développement squelettique » et il privilégie « une ossature fine et un cuir fin ». Au Gaec de Montauloup, la moyenne des poids de carcasse est de 485 kg et les bêtes bouchères sont classées R +, U-, U = avec une note d’engraissement optimale de 3.

Adhérent de longue date à la coopérative Elva Novia, Laurent Beaubernard a été parmi les premiers à génotyper ses animaux. Son élevage a fait partie de ceux suivis dans le cadre des programmes de recherche menés par l’entreprise de sélection Gènes Diffusion. Aujourd’hui, plus de 80 % des femelles reproductrices du troupeau sont génotypées, fait valoir l’intéressé.

Les avantages du gène Mh Beef

Grâce au génotypage, il sait que 30 % de ses femelles sont porteuses hétérozygotes du gène culard Mh et 20-25 % sont porteuses du gène Mh Beef. « Le gène Mh Beef améliore la finesse de viande sans dégrader les qualités maternelles alors que le gène Mh détériore la production laitière et les aptitudes au vêlage », fait valoir Laurent. À l’engraissement, « les charolaises porteuses du gène Mh Beef ont le cuir plus blanc, la peau plus fine », détaille-t-il. Leur viande est en principe plus grasse avec davantage de fibres musculaires, gage d’une tendreté supérieure, ajoute-t-il. « Leur rendement carcasse est meilleur. Elles ont plus de muscle dans le dos, de l’arrondi de culotte, mais sans être hypertrophiées non plus ».

Convaincu par les atouts du gène Mh Beef, Laurent Beaubernard essaie de développer ce caractère au sein de son troupeau. Et si un jour des index sur la tendreté ou le goût voient le jour, il sera parmi les premiers à les utiliser.

Incontournable génotypage

Incontournable génotypage

Au Gaec de Montauloup, le génotypage est devenu l’outil incontournable de la sélection génétique du troupeau. Grâce à cette évaluation réalisée à partir du prélèvement d’une touffe de poils, Laurent Beaubernard connaît le statut pour les gènes d’intérêts de tous ses animaux dès leur plus jeune âge. Cela concerne notamment l’ataxie et le blind, deux maladies transmissibles génétiquement, le gène sans corne, les gènes culards (Mh et Mh Beef). Le génotypage fournit aussi tous les index génomiques : dans le cas de l’outil utilisé par le Gaec de Montauloup, 26 index au total notés de 0 à 10 (développement musculaire au sevrage, développement squelettique au sevrage, aptitudes fonctionnelles au sevrage, morphologie post-sevrage, comportement adulte). Des index déjà nombreux qui viennent d’être enrichis de la croissance et du développement musculaire après sevrage, complète Laurent Beaubernard. « C’est beaucoup de critères, mais on sait où regarder ! », confie l’intéressé en montrant la page du site Internet de son organisme de sélection sur lequel toutes ses bêtes sont répertoriées avec chacune tous leurs index.

Qualités maternelles + sans corne + Mh Beef…

Grâce à toutes ces données, l’éleveur peut réaliser ses accouplements en connaissance de cause. Sachant dans le détail les qualités et les défauts de chacune de ses vaches, il peut choisir les bons taureaux pour les « corriger ». « Je passe du temps à sélectionner mes taureaux sur les catalogues d’insémination », confie Laurent. En quête d’amélioration génétique, son objectif est « d’essayer de maîtriser la production au maximum ». Ce qui passe par « des bêtes plus fertiles » en plus des incontournables qualités maternelles. Mais l’éleveur se sert aussi de la génomique pour gérer le risque de consanguinité, pour sélectionner des animaux non porteurs de l’ataxie… Et comme il le fait pour les gènes culards, il sélectionne ainsi le caractère sans corne, « pour ne pas avoir à écorner », justifie-t-il. 40 à 45 % des animaux du Gaec de Montauloup sont aujourd’hui porteurs du caractère sans corne. « Un animal sans corne, porteur du gène Mh Beef et doté de bonnes qualités maternelles, c’est royal ! », synthétise Laurent. Mais la difficulté avec la génétique, c’est d’arriver à ne pas dégrader d’autres caractères, pointe-t-il. Ainsi, les charolais sans corne se révèlent-ils plus vifs que les animaux cornus, observe Laurent. Dans son élevage, les femelles porteuses du gène Mh Beef seraient aussi un peu moins fertiles, note-t-il.