CA FDSEA 39
Les éleveurs ne veulent pas s’habituer au loup !

La FDSEA du Jura a présenté à ses administrateurs le contenu du plan loup qui s’appliquera à compter du 1er janvier 2024. Si les constats du rapport sont plutôt justes, les actions concrètes restent très légères et éloignées de la nécessité de réguler en cas d’attaques. Ce conseil d’administration était également l’occasion de revenir sur les dossiers chauds du moment à savoir le GNR, la conjoncture laitière ou encore la situation inquiétante des méthaniseurs.

Les éleveurs ne veulent pas s’habituer au loup !

N'en déplaise à Férus, France Nature environnement et Vigie Jura, trois associations pro loups, qui viennent d’écrire aux maires jurassiens en réaction à un précédent courrier FDSEA/JA de sensibilisation des élus aux attaques de grands prédateurs, les éleveurs jurassiens n’ont aucunement envie de devoir changer des pratiques ancestrales qui conduiraient à une intensification de la production pour s’adapter à la présence du grand prédateur. Après avoir découvert en détail le plan loup lors de son dernier conseil d’administration le 25 septembre dernier, un seul mot pourrait résumer à lui tout seul son contenu : parapluie ! En effet, l’Etat ne se mouille pas malgré des constats plutôt justes sur la situation actuelle, repoussant des changements de doctrines à de multiples études et expérimentations. En clair, c’est toujours le même principe général qui s’impose à savoir décliner des moyens de protection sur les fermes avant d’avoir la possibilité de prendre des arrêtés de tir de défense. Le caractère de non protégeabilité reste à l’appréciation du préfet du département, au cas par cas, mais l’Etat ouvre également le parapluie sur cette thématique afin d’éviter des recours administratifs de collectifs coutumiers du fait. FDSEA/JA auraient souhaité que le plan loup permette au Préfet de reconnaître une non protégeabilité collective et que tirs de défense simple et de protection renforcée puissent être fusionné. Mais manifestement ces propositions n’ont pas eu d’échos. Seul le statut du chien de protection pourrait évoluer afin de sécuriser juridiquement les éleveurs, mais en leur laissant le soin de gérer le service après-vente auprès du voisinage et des passants. Ce nouveau Plan loup illustre parfaitement la limite d’une politique du « en même temps » qui finalement aura réussi à insatisfaire tout le monde. Pour autant, la FDSEA du Jura ne souhaite pas baisser les bras car l’Europe a ouvert la porte à un éventuel changement de statut du loup d’ici deux ans et il sera nécessaire d’avoir un syndicalisme fort pour obtenir des avancées. Une soirée syndicale sur cette thématique avec un intervenant est d’ailleurs en cours de préparation.

-4% de comté sur la campagne

Sur un volet plus économique, les élus de la FDSEA ont analysé la conjoncture laitière. 

Que ce soit en lait standard avec une baisse des prix importante, ou en filière AOP où les indicateurs sont orientés à la baisse, situation inédite depuis 15 ans, la volonté de la FDSEA reste la même : Les producteurs ne doivent pas être la seule variable d’ajustement. Lors de la commission des contrats qui réunit représentants des coopératives et affineurs (les producteurs n’étant pas représentés en tant que tel) des décisions liées impactant le prix du lait ont été prises. « Nous devons pouvoir mieux travailler avec la FRCL sur ces sujets complexes dans l’intérêt des producteurs ». Concernant le cliquet de production, l’interprofession du comté vient d’acter une baisse de 4% du volume sur la campagne pour faire face au ralentissement de la consommation de Comté. « Globalement, la demande en jeunes fromages se tient mais c’est plus compliqué sur les vieux » explique Guillaume Basset qui a suivi les travaux de la commission économique du CIGC. « Mais nous avons un problème structurel avec un surstock de 3500 tonnes qu’il faudra régler à un moment ou un autre ». Il y a 3 ans déjà, FDSEA et JA avaient demandé par courrier plus de transparence sur l’état des stocks dans les caves d’affinage, avec notamment la demande d’un inventaire plus fin sur les fromages de plus de 8 mois afin d’aider l’ensemble des collèges à prendre les bonnes décisions. Une demande qui reste pleinement d’actualité.

Autre sujet qui concerne les AOP, le conseil est revenu sur l’harmonisation des cahiers des charges du comté et du morbier. En effet, alors que la reconnaissance du cahier des charges du comté n’est toujours pas actée par l’INAO, la commission d’enquête a insisté longuement auprès des deux principales appellations fromagères de Franche-Comté pour que certains points soient en cohérence. La FDSEA a participé aux dernières discussions qui vont abaisser à 40 unités d’azote minérale par hectare d’herbe au lieu de 50 unités mais avec un retour à une approche globale sur l’exploitation au lieu d’avoir une approche à la parcelle. Au final, cette évolution devrait redonner un peu de souplesse dans le pilotage de la fertilisation des exploitations tout en affichant des garanties environnementales pour le consommateur. Reste que certains critères du futur cahier des charges auraient mérité d’être mis plus en cohérence avec en particulier les questions d’évolutions climatiques pour tendre vers davantage d’autonomie des exploitations.

Hausse de taxe divisée par trois

Alors que les charges des exploitations suivent l’inflation de ces derniers mois, la FDSEA et son réseau national cherchent des leviers fiscaux et politiques pour permettre aux exploitations de garder leur compétitivité. Rappelons que depuis 20 ans, c’est grâce à la FNSEA que les agriculteurs bénéficiaient de remboursement de taxes sur le gasoil chaque année. Alors que l’Etat cherche à faire des économies par tous les moyens, le GNR et ses avantages avaient vocation à disparaître définitivement à l’horizon 2030. Un acquis syndical qui représentait en moyenne chaque année 3600 €/an par ferme au niveau national. Cette fois encore, la FNSEA a obtenu des avancées en divisant par trois la hausse de taxe prévue initialement par le gouvernement, ce dernier s’engageant à affecter le montant de ces taxes à un fond dédié à la décarbonation de l’énergie utilisée en agriculture. Reste qu’à moyen terme, les taxes sur le gasoil vont augmenter à l’avenir sans alternatives crédibles au moteur thermique pour les tracteurs. Ce que dénonce ardemment la FDSEA. La hausse du coût de l’énergie a également un impact pervers sur la production d’énergie renouvelable notamment pour les méthaniseurs en système de cogénération puisque le prix de vente de l’électricité est bloqué contrairement au coût de l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’installation. Un groupe de travail en préfecture a d’ailleurs eu lieu cette semaine face à l’urgence de la situation. L’occasion de rappeler un slogan de la FNSEA qui garde tout son sens face à l’inflation mais qu’il est bon de rappeler régulièrement : « plus vert, c’est plus cher ».

PEB